Une religion moyen-orientale originale issue d’un judaïsme héritier du monothéisme d’Akhenaton dote l’Occident d’un dieu humain venu racheter tous les péchés du monde. Étonnant concept de la faute qui fait de la quête de la connaissance du bien et du mal l’instrument de la sortie de la niaiserie d’un jardin enchanté, proposant une malédiction fondatrice de l’émancipation de l’humanité, ayant conquis de la sorte sa capacité de comprendre le monde à la sueur de son front et d’y progresser intelligemment vu son "kilo (de neurones) en trop". Éclairant paradoxe qui fait de la duperie une composante de la recherche de la vérité, et de la faillibilité l’instrument de la force. Voici venir l’anniversaire de la naissance bousculée par un épisode de nomadisme collectif pour cause de recensement d’un petit bout arrivé au monde démuni sur une botte de paille près des bêtes, dans un univers rural installé comme tel depuis une dizaine de milliers d’années

Lequel enfant devenu prophète (et même fils de Dieu en même temps que de l’homme — le discours religieux reste un objet complexe, aujourd’hui en crise) — une spécialité de son peuple, diseur sans compromis de vérités à risque, et propagateur de l’article premier aimez-vous les uns les autres, très "relationnel", se fit une réputation mondiale. Ainsi un membre inspiré et génial d’une secte juive suicidairement crucifié à la romaine, relayé par l’infatigable militance d’un ardent fondateur de religion, produisit, sur le socle de la propagation de la foi en un mythe de résurrection, le fondement de la civilisation à laquelle nous appartenons, qui continue de diffuser son message d’universalité des droits humains, à commencer par la fraternité, via les Lumières, via 1789. Belle trajectoire. À terme irrésistible "et en même temps" principe d’espérance toujours aussi incertaine qu’obstinée.

Voici ce que ce 25 décembre l’Occident issu de la Méditerranée célèbre. Que la faiblesse est une force, la naissance promesse de délivrance, l’humilité et la solidarité les clés de l’humanité, l’universalité des droits humains un horizon pour toute l’humanité. Le monde continue d’exercer la barbarie et l’iniquité, la folie du mal au nom même du bien continue de ravager notre espèce, l’idéologie fallacieuse d’une "croissance" sur fond de destruction du sol, des espèces et de la subjectivité, continue de duper et ruiner son monde, pendant que d’autres se battent sans désemparer pour qu’éclose partout où c’est possible la conviction de la relation juste et de l’impérative bascule de l’alternative. La partie continue de se jouer et chacun d’entre nous sur la scène du monde y joue le rôle que sa liberté toujours entière au cœur des plus opaques ténèbres lui permet de choisir. Ainsi moi en écrivant ceci et vous en le lisant. À nous de nous situer et de jouer. À nous, d’où que nous venions, obscurément le plus souvent, comme ces temps-ci aux ronds-points dans les courants d’air ou avec L’affaire du siècle juste en cours, de participer à l’histoire du monde, pour que s’accomplisse la promesse de l’infatigable naissance et renaissance, en nous et à proximité, de notre commune humanité.