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29 septembre 2012

Gare au relais des neuroleptiques Matthieu Écoffier, précédé de « C’est dur je me sens devenir santémental » par Philippe Grauer

c’est dur je me sens devenir santémental

par philippe grauer

« Les benzodiazépines sont massivement prescrites par les généralistes. Leur disgrâce pourrait avoir un effet indésirable. »

Une partie de la question réside dans ce par les généralistes. Mieux vaudrait que les médicaments psychotropes se voient prescrits par des psychiatres. Ils sont suffisamment dangereux comme ça pour ne pas se voir diffuser massivement par des médecins dont ce n’est pas la spécialité. Seulement voilà, les psychiatres en voie d’extinction ne peuvent plus fournir, et la dizaine de minutes en moyenne de durée d’une consultation que leur impose leur emploi du temps fait d’eux trop souvent de toute façon les exécutants d’une psychiatrie d’abattage. Alors le généraliste prend le relais, le malaise collectif et la demande de pilules du bonheur renforcent la tendance et le bon docteur du quartier prescrit prescrit prescrit pour calmer calmer calmer.

Il prescrit des produits toxiques avec l’accoutumance qui les accompagne. Le système s’emballe, tout le monde le dénonce et rien n’y fait. Cela est devenu un phénomène de société, voici venir l’homo déèssèmus, on nous pardonnera la petite faute de latin à la Queneau, à la longue passablement décérébré (l’homo deessemus, pas le Queneau !) façon santé mentale de masse.

29 septembre 2012


Matthieu Écoffier, précédé de « C’est dur je me sens devenir santémental » par Philippe Grauer

Libération, 27 septembre 2012

Les benzodiazépines sont massivement prescrites par les généralistes. Leur disgrâce pourrait avoir un effet indésirable.

par Matthieu Écoffier

Après les benzodiazépines, les neuroleptiques dans la ligne de mire ? Dans la famille des tranquillisants, il y a les «mineurs» que sont les benzodiazépines (ou apparentés) – que l’on retrouve dans les somnifères (Rohypnol, Havlane Mogadon, Stilnox), les anxiolytiques (Xanax, Lexomil, Tranxène) mais aussi dans les relaxants musculaires (Myolastan) ou anticonvulsants (Ritrovil). Et puis il y a les tranquillisants majeurs que sont les neuroleptiques (Risperdal, Abilify, Seroquel), des antipsychotiques puissants conçus pour le traitement de la schizophrénie ou des troubles bipolaires(1).

134 millions de boîtes vendues en 2010 en France pour un chiffre d’affaires de 183 millions d’euros (remboursés à 65% par la Sécu)

Selon l’étude du Pr Bégaud (lire ci-contre), une prise régulière de benzodiazépines augmente de 50% les chances de développer une démence de type Alzheimer dans les quinze ans. Si ce danger est pour la première fois aussi clairement établi, les autorités sanitaires ont pris la mesure du risque, en janvier l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dressait un état des lieux inquiétant de la consommation de benzodiazépines, majoritairement prescrites par les généralistes : 134 millions de boîtes vendues en 2010 en France pour un chiffre d’affaires de 183 millions d’euros (remboursés à 65% par la Sécu), 60% des consommateurs étant des femmes. Le 25 septembre, l’ANSM a sorti un plan contre leur mauvais usage. Et lundi la Haute autorité de santé a alerté sur la surconsommation des hypnotiques chez les plus de 65 ans.

usage détourné

«Il y a une toxicomanie aux benzos résultant de prescriptions de confort, indique un médecin hospitalier. On voit plein de personnes âgées qui en boulottent depuis des années pour le mal-être ou la crise anxieuse. Mais il y a aussi des prescriptions rationalisées.» Le tour de vis attendu sur les benzodiazépines pourrait néanmoins avoir un effet hautement indésirable. Un récent article du New York Times a alerté sur la progression de l’usage détourné des neuroleptiques de seconde génération, pour traiter la dépression et l’insomnie. «Si s’attaquer aux benzodiazépines revenait à les remplacer par des neuroleptiques de nouvelle génération, poussés par les labos car ils sont encore brevetés et donc lucratifs, et présentés à tort comme plus légers, on remplacerait un désastre par une catastrophe», dénonce Philippe Pignarre, auteur du Grand secret de l’industrie pharmaceutique (La Découverte, 2003).