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Glossairede la psychothérapie

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Octobre 2010 – fondation du Collectif initiative pour une clinique du sujet STOP DSM


STOP DSM
Communiqué de STOP DSMCollectif initiative pour une clinique du sujet STOP DSM

Jean-Claude Aguerre, Guy Dana, Marielle David, Olivier Douville, Francis Drossart, Tristan Garcia Fons, Nicolas Gougoulis, François Kammerer, Patrick Landman, Claude Léger, François Leguil, Geneviève Nusinovici, Bernard Odier, Michel Patris, Frédéric Pellion, Gérard Pommier, Louis Sciarra, Jacques Sédat, Jean-François Solal, Dominique Tourrès Landman, Jean-Jacques Tyszler, Alain Vanier

domination sur la psychiatrie mondiale

Au moment où le DSM 5 est publié en français nous tenons à réaffirmer notre opposition radicale aux fondements et à l’utilisation de ce manuel. Depuis plus de trente ans, le DSM a imposé sa domination sur la psychiatrie mondiale. Conçu comme un instrument statistique pour la recherche épidémiologique et pharmacologique, il a, petit à petit, envahi l’ensemble des domaines de la psychiatrie et, en particulier, l’enseignement aux différents acteurs de la santé mentale, ainsi que la pratique clinique.

diagnostics non valides

Se voulant un instrument de renouvellement et de modernisation de la démarche diagnostique et de sa fiabilité, il a échoué : les diagnostics qu’il répertorie ne sont ni fiables, ni valides, comme le prouvent la généralisation des comorbidités. Qui plus est, ils ne sont pas vraiment utiles pour la recherche scientifique. Le DSM a contribué à détruire les bases de la clinique traditionnelle au nom d’un espoir dans l’arrivée prochaine de marqueurs biologiques, qui ne sont pas au rendez vous.

réductionnisme scientiste

Il a ainsi, en soutenant cette croyance, fait le lit du pire réductionnisme scientiste en privilégiant le modèle biologique et médical, au détriment de l’environnement social et de la réalité psychique. Sa démarche, fondée sur une mise en coupe réglée, comportementale, des troubles mentaux, a brouillé la ligne de partage entre le normal et le pathologique, entraînant des fausse épidémies, l’invention de chimères, une surpathologisation des émotions et des comportements, jusqu’aux excès qui font partie de la vie, avec des surdiagnostics, en particulier chez les enfants.

surprescription

En isolant les troubles mentaux de leur contexte d‘apparition, il en a fait des cibles privilégiées pour les médicaments et a favorisé la surprescription en abaissant les seuils d’inclusion.Le DSM, qui n’a aucun fondement scientifique solide, s’est imposé néanmoins comme instrument de référence de l’économie de la santé et des pratiques d’évaluation des administrations sanitaires.

novlangue

Il a permis le développement d’une pensée unique, d’une novlangue, ruinant les conditions d’un débat scientifique honnête dans le champ de la santé mentale d’autant que les conflits d’intérêts qui ont émaillé son histoire, ont créé une grave crise de confiance, de légitimité et de fiabilité au sein de la psychiatrie mondiale.

pour un large débat sur les classifications

Pour toutes ces raisons cliniques, éthiques, scientifiques et de santé publique, nous appelons à récuser la référence au DSM 5, à utiliser préférentiellement la CFTMEAClassification française des troubles mentaux de l’enfant et de L’adolescent, et la future CFTMA – Classification française des troubles mentaux de l’adulte qui va paraître à la fin de l’année 2015, et à ouvrir un large débat sur les classifications.

ensemble pour une renaissance humaniste de la clinique

par Philippe Grauer

face au complexe psycho-consumériste

Le DSM régit le carré psy. Cherchez où se tient le pouvoir ? en psychiatrie. Même affaiblie. Par le biais de la psychanalyse associée à la psychiatrie et à la psychologie, la protestation s’organise également chez les autres partenaires du carré psy. Chez tous les autres. La psychothérapie relationnelle partage, en tant que participant de la mouvance de la dynamique de subjectivation, le combat de la psychanalyse (accolée à la psychiatrie et à la psychologie nous venons de le voir) contre ce complexe psycho-industriel à forte connotation idéologique scientiste (comportementalisme, neuroscientisme, « reductio ad consommatorum »), cette machinerie idéologique s’emparant par le moyen de la façon de dire (ah ! quand dire c’est faire !) de la vison du monde psy qu’elle voudrait officialiser et marchandiser toujours davantage.

où se tient le contre-pouvoir ?

L’alternative se trouve du côté de tout ce qui proteste contre la médicalisation de l’existence. De la psychanalyse et de la psychothérapie relationnelle. Nous en sommes, les écoles qui transmettent nos principes humanistes et relationnels, les deux syndicats historiques, PSY’G et SNPPsy, les deux fédérations historiques, AFFOP et FF2P, regroupés dans le cadre du GLPR.

ensemble, alliés

Nous nous associons à la lutte des psychiatres résilients, aux psychanalystes clairvoyants, aux psychologues psychothérapeutes lucides. Avec le SNPPsy et l’AFFOP nous nous comporterons toujours en alliés de STOP DSM : même combat. Ensemble nous préviendrons cette entreprise de déshumanisation des êtres humains qui commence à chanceler sous les critiques de ceux-là mêmes qui l’avaient mise en place, atterrés de sa (faut-il ajouter prévisible) dérive.

OFFICIAL STATEMENT of The Collective Initiative for the Clinic of the Subject STOP DSM

On the occasion of the publication of the French version of the DSM 5 (fifth edition of the Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), we wish to reaffirm our radical opposition to the foundations and use of the Manual. For more than thirty years, DSM has dominated the world’s psychiatric community. Originally a statistical tool intended to serve epidemiological and pharmacological research, it progressively invaded the entire field of psychiatry and especially its teaching to the different mental health actors, as well as its clinical practice.

The DSM has failed in its effort to renew and modernize the diagnostic procedure and its reliability: the diagnostic categories listed in it are neither reliable nor valid, as the generalization of comorbid disorders clearly shows. Moreover, their usefulness for scientific research is equally dubious. The DSM has helped destroy the foundations of traditional clinical psychiatry, in the name of a hope for a soon-to-come discovery of biological markers, a hope that has failed to materialize.

In supporting this belief, it has created a fertile ground for the worst kind of scientific reductionism, favoring the biological and medical model over the social environment and psychic reality. Its approach, based on the systematic behaviorist exploitation of mental disorders, has blurred the lines between the normal and the pathological, giving rise to false epidemics and chimeras, encouraging the over-pathologizing of emotions and behavior, including the extremes that are part of human life, as well over-diagnosis, especially concerning children. Separated from the context in which they manifest, mental disorders have become the priority targets of medication, leading to over-prescription by lowering the inclusion thresholds.

The DSM, which lacks any kind of solid scientific basis, has nevertheless become the reference tool for the entire healthcare economy and the assessment methods used by healthcare authorities. It has encouraged the development of a uniform way of thinking and a kind of newspeak, destroying the conditions of a honest scientific debate in the field of mental health; because the numerous conflicts of interests in its history, it has also created a severe crisis of trust, of legitimacy and reliability within the world’s psychiatric community.

For all these clinical, ethical, scientific and public health reasons, we call for a rejection of the DSM as a reference. Instead, we encourage clinicians to refer to the CFTMEA (The French Classification of Child and Adolescent Mental Disorders), as well as the future CFTMA (French Classification of Adult Mental Disorders), which will be issued in late 2015, and open up a wide public debate on the questions surrounding these classifications.


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