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Glossairede la psychothérapie

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500 psychothérapies ?

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psychothérapies, un singulier pluriel

par Philippe Grauer

non aux « 500 psychothérapies »

Contrairement à la légende comptable de recenseurs qui comptent en vrac, non ! on ne compte pas « 500 psychothérapies » allant de la thérapie par le rire à la cliothérapie. On compte une dizaine de domaines, de courants et de méthodes, et une quantité indéterminée de techniques., propositions de développement personnel, coach personnel ou régénération par les cristaux.

Voir aussi

psychothérapie
psychothérapies
les-psychothérapeutes
la-psychothérapie
psychothérapie = 4 psys
titre
– Philippe Grauer, Titre de psychothérapeute – une mécanique institutionnelle complexe
la psychothérapie & les psychologues
– Philippe Grauer, éthique & psychothérapie : de la psychopathologie à l’autoproclamation [7 novembre 2013].
– Philippe Grosbois, Éthique et psychothérapie : principe de parité versus principe de compétence
terminologie
GLPR

singulier unitaire / singulier générique

C’est probablement une idée terminologique périlleuse de parler de psychothérapie au singulier pour désigner indifféremment une école, une méthode, une technique ou un gadget, face au terme générique que représente la psychothérapie, déjà suffisamment malaisée à définir si l’on considère son hétérogénéité épistémique, et même à la psychothérapie relationnelle ayant délimité son champ 2013.


psychothérapie deux fois

Cependant, si l’on prend la précaution de définir préalablement deux entrées

psychothérapie

, l’une relevant du champ disciplinaire de la médecine, l’autre de la psychothérapie relationnelle comme discipline du processus de prise de conscience de soi, on peut commencer à repérer de quoi l’on parle quand on utilise ce mot placé de guingois entre deux aires conceptuelles.

PSYCHOTHÉRAPIE-1, soin par la parole selon une logique paramédicale à base de psychopathologie. Historiquement issue de la psychiatrie.

Cheminement

: maladie, diagnostic, traitement, guérison ou maintien médicamenteux d’un handicap. Relève du DSM.

PSYCHOTHÉRAPIE-2, soin par la parole selon une logique du souci de soi, à base de réparation par un processus intersubjectif. Historiquement issue de la psychanalyse.

Cheminement

: malaise, établissement d’une relation, dynamique de subjectivation et changement personnel. Relève du rapport à l’existence.

On échappe alors enfin à l’usage aporétique du terme « psychothérapie » employé seul – logiquement impraticable en vérité, sauf à en parler comme du terme générique défini comme soin (ambiguïté au départ de cet autre terme !) par la parole, en oblitérant dans l’instant ce que le manque de déterminant accolé produit comme désastre sémantique et conceptuel – autant dire en oubliant au moment crucial, de penser.
ajout de juin 2015


absence d’un système d’appellations contrôlées

Sans le secours de ces définitions contrastives, on se verrait contraint de décliner le terme au pluriel, les psychothérapies, et de parler par extension des psychanalyses terme qui brouille les cartes. La psychanalyse s’est diversifiée sans exploser, elle comporte des courants. Les jungiens qui ont introduit dans l’usage de se dire et faire reconnaître comme psychanalystes, organisent de ce fait une aire supplémentaire de confusion terminologique et conceptuel. Confusion qui vient s’ajouter à la confusion historique commune par laquelle tout naturellement la psychologie analytique se dit comme son nom l’indique psychologie, usage hérité de l’époque où la psychothérapie ne s’en distinguait pas. L’absence d’un système d’appellations contrôlées auprès duquel toutes les parties s’obligeraient laisse le désordre ambiant en place. Pour le meilleur, libre à chacun, et le pire, le manque de marquage, la multiplication des zones grises.

un bel exemple de dénaturation intégrative

Nous écrivions cela il y a deux ans. Depuis nous avons eu le temps de réfléchir. On devrait pouvoir considérer ce qui s’appelle la psychanalyse jungienne soit comme une psychanalyse intégrative soit comme une psychothérapie intégrative ayant intégré une partie du corpus freudien, partiellement dénaturé, comme la plupart du temps lors du bricolage intégratif.

Explication :
psychanalyse intégrative signifiant ici qu’on prend la psychanalyse (donc freudienne) comme base et y agrège de la psychologie analytique. Il s’agit d’un modèle différent de celui de Jean-Michel Fourcade (psychanalyse + analyse bioénergétique)
psychothérapie intégrative = psychologie analytique + éléments de psychanalyse freudienne (quelle que soit l’école). Mais les tenants de cette école entendent effacer en ce qui les concerne la fracture épistémologique due à la rupture Freud-Jung (inévitable si l’on considère à la fois les deux hommes et les deux systèmes). On aboutit alors à la dénomination atypique de psychanalyse jungienne, qui strictement parlant ne peut vouloir désigner qu’un corpus intégratif. On remarquera – cas d’espèce, qu’il s’agit d’une démarche intégrative entre une discipline (la psychanalyse) et une méthode (la psychologie analytique).

Comme on sait souvent les méthodes ainsi captées éprouvent le malaise des trahisons et détournements et protestent contre la dénaturation doctrinale dont elles s’estiment spoliées. Camoufler tout cela, qui recèle, comme les plissements de terrains que savent lire les géomorphologistes, toute une histoire qu’il serait dommage de camoufler en pratiquant un pluriel fourre-tout style [les psychothérapies] ou [les psychanalyses].

Si l’on se prend à penser tout ceci on peut en déduire que c’est l’insuffisance d’élaboration de la pensée intégrativiste qui a provoqué jusqu’ici l’existence des zones grises dont nous nous plaignions quatre §§ plus haut.

appartenance fondamentale à une discipline distincte

L’opération bataille des charlatans l’a montré, le coup de pied dans la fourmilière psy a provoqué une petit remaniement, au terme duquel les psychologues-psychanalystes (il a fallu du temps pour retrouver cette appellation, qui rend compte de leur comportement durant la crise) sont devenus des psychothérapeutes (le comble selon leur propre logique) et les ex psychothérapeutes à titre exclusif des psychopraticiens, immédiatement autorégulés autour d’un système de nom de métier, de titrage alternatif et d’appellations réservées qui masque un peu la réalité de leur appartenance fondamentale à une discipline distincte, la psychothérapie relationnelle.

Il ressort de tout cela que si nous peinons à penser notre champ et en structurer la terminologie on peut imaginer ce qu’il en est du public. Et en déduire qu’il est grand temps de travailler à cette tâche.

ce que méthode veut dire

Rappelons qu’une méthode psychothérapique (donc plutôt que [une psychothérapie]) consiste en un système complexe, comportant « une théorie générale du psychisme humain, en relation avec une anthropologie, un arrière-plan philosophique et un système de valeurs (probablement ce que certains psychanalystes entendent par éthique), une psychopathologie, une théorie de la relation, une méthodologie à engager pour aider par le moyen de la parole. » (extrait de psychothérapie).

notre responsabilité de penser

La langue finira peut-on penser par décanter tout cela. Elle fait ce qu’elle peut la langue, elle le fait déjà, elle a inventé je vais chez mon psy. Occupons-nous du reste. Oui, tout cela peut se clarifier, d’autant mieux que nous aurons fourni l’effort, exercé notre responsabilité de le penser. La nonchalance en l’occurrence maintiendra le risque de trouble, d’embrouille, de brouille. Et surtout nuit à la conceptualisation que notre discipline et nos méthodes requièrent.

14 novembre 2013 – 16 juin 2015 –

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