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Glossairede la psychothérapie

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responsabilité

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Dans le cadre de la psychothérapie existentielle telle que la définit Yalom, relayé dans notre pays par Noël Salathé(1), on compte cinq (quatre chez Yalom) données existentielles [dispute pour déterminer si l’on doit dire données ou contraintes] encadrant la destinée humaine, à savoir :

responsabilité (face à la liberté)
– quête de sens (face à l’absurde)
finitude (face à la mort)
solitude (face à l’isolement)
limitation (face à l’imperfection) [donnée ajoutée à la liste yalomienne par Noël Salathé]

responsabilité

À l’intitulé Responsabilité et liberté Noël Salathé rappelle que Sartre dans L’Être et le Néant écrit qu’être responsable c’est « être l’auteur incontesté d’un événement ou d’une chose ». Il commente cette « belle définition » en parlant de prise de conscience « de la création de soi, de son destin, de ses sentiments, de ses souffrances, de sa vie. »

Cette réflexion n’est pas éloignée de Levinas, ce qui nous conduit à vous présenter ci-dessous le billet de Bernard Ginisty qui traite de la question. Il s’exprime en langage philosophico religieux, et argue de la spiritualité pour atteindre les objectifs qu’il décrit. Notre démarche de psychopraticiens relationnels s’appuie, elle, sur des ressorts psychologiques, psychanalytiques et philosophiques.

PHG


pour une politique de la responsabilité

Chronique hebdomadaire de Bernard Ginisty

23 septembre 2013

L’actualité politique, tant nationale qu’internationale, ne cesse de nous montrer acteurs et medias céder trop souvent à la tentation de l’enfermement dans une vision binaire de monde. Le philosophe Emmanuel Levinas écrivait que « toute pensée généreuse est menacée par son stalinisme » (1). En ces temps de recherche de boucs émissaires pour expliquer ce qui va mal, ce propos me paraît d’une grande actualité. La tentation de diaboliser l’autre, pour extérioriser le mal que l’on porte en soi, constitue le risque majeur de tout engagement politique. La pensée binaire qui divise le monde en bien et mal, en vrai et faux, en vice et vertu reste une pensée infantile incapable d’assumer la complexité et l’ambiguïté de l’être humain. S’il est important, au plan intellectuel, de distinguer le vrai du faux, le bien de mal, on tombe dans la confusion mentale et la violence aveugle lorsque l’on prétend classer les êtres humains au nom de ces valeurs, méconnaissant ainsi que chacun est porteur de la possibilité du meilleur comme du pire.

Serions-nous alors condamnés à osciller entre deux attitudes : celle du détachement irresponsable de l’observateur amusé analysant les mauvaises fois de ses contemporains ou celle de l’action qui, au nom de l’efficacité, s’engouffre dans la pensée binaire brandissant l’étendard du bien et du vrai comme celui du mal et du faux. Dans un dialogue avec Alain Finkielkraut, le philosophe allemand Peter Sloterdijk écrit ceci : « Notre travail de civilisation commence ici : reformuler un code de combat impliquant le souci de l’ennemi. Qui ne veut pas être responsable d’un ennemi a déjà cédé à la tentation du pire. Vouloir être responsable de son ennemi : ce serait le geste primordial d’une éthique civilisatrice des conflits ». (2)

Nous sommes là au cœur du projet de la démocratie tout autant que de celui de l’évolution spirituelle de l’être humain. L’ambition de la démocratie est de faire place en son sein à celui qui est considéré comme un adversaire, refusant d’en faire un ennemi absolu. L’évolution spirituelle de l’homme passe par la capacité s’assumer le mal qu’on porte en soi en cessant de le projeter sur les autres. Cela conduit à une éthique où je me découvre responsable de tous les autres. Et donc à accepter que celui que je pense porteur du mal ou de l’erreur continue à faire partie de la cité. Se découvrir responsable de son ennemi ne traduit pas l’abandon à une vague tolérance inefficace et sirupeuse, mais constitue un appel à ma responsabilité. Il ne s’agit pas de fuir nos engagements pour se réfugier dans une improbable neutralité, mais de mener de front le combat contre l’inacceptable, nos propres complicités avec ce que nous dénonçons et le refus de réduire l’adversaire au rôle de bouc émissaire de nos peurs.

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