Le SNPPsy vient de signer la pétition Sauver la clinique http://www.sauvons-la-clinique.org/, par un mouvement de solidarité avec la psychanalyse, où qu’elle se trouve, en l’occurence revêtue de l’enseigne psychologie clinique.
Nous vous soumettons les échos d’un débat qui s’ouvre entre psychanalystes à propos de cette pétition, car il vaut toujours mieux être informé de ce qui se passe.
Il est constant que la psychanalyse ne se transmet pas à l’université. Il est incertain que le temps des catacombes soit de retour. Le débat ne laisse pas d’être intéressant. Est-il bien engagé ? Nous reviendrons sur cette question.
Philippe Grauer
« Dans ce contexte, le Manifeste pour les pratiques et formations cliniques établit un constat de liquidation en cours de la clinique dans les institutions de soins et de formations auquel nous souscrivons. Cependant, il s’agit d’un texte rédigé dans une perspective universitaro-centriste, qui pense essentiellement la formation des cliniciens dans le cadre de l’université, sans
mentionner celle des Ecoles de psychanalyse, et encore moins celle des psychothérapeutes. De tels silences portent en germe des conceptions qui pourraient s’avérer fort divergentes de celles du MUPP quant à la formation des psychanalystes.
Le MUPP tient ferme sur le fait que la formation des psychanalystes s’effectue en-dehors de l’Université, non pas en raison d’un accident de l’histoire, auquel il pourrait être remédié, mais pour des raisons qui tiennent à la psychanalyse elle-même. Le savoir spécifique du psychanalyste n’est pas une connaissance intellectuelle, qui puisse s’acquérir par l’étude, mais un savoir issu d’une expérience de mutation subjective, qui ne peut advenir que de l’expérience d’une cure.
Difficile dans ces conditions d’associer le MUPP aux bonnes intentions du Manifeste pour les pratiques et les formations cliniques »
JC Maleval
L’enjeu n’est pas de représentativité — SIEURRPP, MUPP, AFFORTEC —
Il se peut que la psychanalyse doive revenir aux catacombes, que les jeux soient faits. Pourtant, la transmission d’une clinique dont nous avons hérité nous incombe.
J’ai écrit ce matin un mail :
«Un manifeste circule sur internet qui demande des signatures pour qu’un enseignement sur la psychanalyse continue de se transmettre à l’université.
C’est un enjeu important à mes yeux: une véritable guerre est faite aujourd’hui qui vise à ridiculiser la pratique instaurée par Freud; elle n’est plus accusée de charlatanisme, elle est rendue dérisoire, ridicule, par des professeurs dont l’ascendant est bien connu sur des élèves qui dépendent de leur reconnaissance.
Je fais confiance à notre pratique, parce que je sais que c’est la seule qui creuse un vide pour la vérité au delà des représentations que les diverses suggestions permettent de construire. Pourtant, c’est une question posée aux citoyens et qui concerne la barbarie: peut-on aujourd’hui effacer une histoire, une théorie et une pratique qui fondent un rapport singulier à la clinique de la souffrance humaine?
C’est au nom de ce principe que je vous demande de signer la pétition, au delà de tout corporatisme, au titre de citoyens.» Les psychanalystes ne se forment pas à l’Université, pas plus qu’ils ne se forment dans les Écoles de psychanalyse.
La formation du psychanalyste opère dans l’analyse personnelle et dans l’analyse de contrôle, elle opère aussi dans le témoignage qu’un psychanalyste peut faire de son passage à l’analyste devant ses pairs et dans la perspective de constituer une «communauté d’expérience». C »est cette communauté d’expérience qui justifie, à mon sens l’existence d’écoles qui lui donnent une chance de consister. C’est rare et les témoignages manquent.
Mais la clinique ne se résume pas à la psychanalyse, et les institutions sont nombreuses et la souffrance d’avoir une âme se structure sur un mode psychotique au autistique, ou avec des décompensations névrotiques assez graves pour que le sujet échappe aux bords de la réalité.
Tous les praticiens de ces institutions n’ont pas fait l’expérience d’une psychanalyse alors qu’ils baignent dans l’expérience de l’inconscient dans ce qu’il peut avoir de monstrueusement destructeur. Il convient, à mon sens, qu’une formation, même universitaire, continue de sensibiliser les futurs praticiens à l’insistance de l’inconscient.
C’est pourquoi je persiste et je signe: Sauvons la clinique
Bien cordialement
Ignacio Gárate