10 à 18:00, 104 rue de Vaugirard
Paris, 75006, métro Montparnasse
Le 7 novembre 2021 au 104 rue de Vaugirard (Paris, 75006, métro Montparnasse), à l’invitation de l’Association des anciens élèves du CIFP — colloque soi-même comme un roi ou que faire face à la dérive narcissique des combats émancipateurs aboutissant à des postures contraires à leurs principes, à la querelle des mémoires et la confusion de la pensée.
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Le XXème siècle fut celui de la lutte des classes. Aboutissant à l’effondrement du socialisme totalitaire (Chine exceptée). La psychanalyse s’étant voulue neutre, voire pire (politique droitière de Jones, compromissions avec les dictatures sud-américaines), en matière de politique. La psychologie humaniste se situa davantage du côté des luttes de libération, et, d’inspiration plus libertarienne, abonda pour commencer dans le sens de l’historique action publique en vue de l’émancipation des homosexuels.
Tout en renvoyant à l’occasion le travail sur soi du côté exclusif de la responsabilité individuelle, ignorant à quel point l’individu de la phase individualiste de la mondialisation se voyait de plus en plus fragilisé par un capitalisme dérégulé le renvoyant abusivement à ses problèmes dits de développement personnel et de conformisme politiquement correct.
Mais qu’est-ce qu’une dérive narcissique, comment ça fonctionne comme perversion du message émancipateur ?
Comment la mécanique de l’émancipation peut en venir à s’enrayer, concernant les grandes causes, toutes inter-tissées, à dimension psychosociologique :
— homosexualité et genre
— féminisme et intersectionnalité
— identitées piétinées par le colonialisme et antisémitisme
— laïcité et positionnement par rapport au blasphème
— subalternisme, etc.
Cela dit, la « pulsion » d’émancipation, abandonnant partiellement le terrain syndicats/partis, s’investit dans de vastes mouvements d’aspect plus catégoriel, axés sur les grandes luttes poursuivant plusieurs combats vitaux du XXème siècle, autour des thèmes du genre, du racisme, de la décolonisation.
Une sorte d’inflation de narcissismes collectifs fixés chacun sur son propre horizon s’étant emparée de ces luttes, finit par aboutir à l’inverse de leur logique de sollicitude progressiste, produisant des positionnements identitaires de fermeture, contraires à leurs principes initiaux. C’est à l’analyse du cheminement vers ce genre de dérive qu’Élisabeth Roudinesco procède dans son ouvrage, ouvrant la réflexion et les perspectives.
La pensée du genre, de la race, de l’intersectionnalité, aurait-elle dérivé en un catéchisme contraire, qui pour finir neutraliserait la charge émancipatrice à la fois des mouvements de recherche et de mobilisation politique qui lui est liée ? assisterait-on à une fétichisation de la différence, hypostasiée, prenant le pas sur la dimension universelle de la lutte émancipatrice ? le narcissisme collectif de la cause commune rétrécie par voie de dérive ? vouer Sartre aux gémonies parce qu’il est blanc n’est-il pas comme dirait Marc Twain à l’annonce de sa mort dans les journaux, quelque peu exagéré ? après l’excès d’honneur libérateur celui d’indignité au motif d’une culpabilité dogmatique ?
On savait depuis Kohut le narcissisme héritier de la question de la sexualité comme tendance dominante de la sensibilité psychopathologique contemporaine. On n’avait pas encore mesuré que l’admiration déboussolée d’un soi collectif placé littéralement au-dessus de tout, pourrait engendrer des dérives à forte composante idéologique, nocives à la dimension universelle de tout mouvement d’émancipation légitime au départ, légitime tant et en tant que, évidemment particulier, il conserve toute sa dimension universelle.
Ainsi un décolonialisme outrageux, le genre comme étendard occultant et débordant le juste combat des homosexuels, l’intersectionnalité débordant le féminisme, nécessitent qu’on ose penser leur outrepassement, non seulement contre-productif mais annihilateur. Élisabeth Roudinesco aborde dans son livre heureusement à succès, preuve de sa pertinence, cette question avec rigueur et acuité. Il s’agit de ne pas laisser des mouvements d’émancipation déviés, produits véritablement dérivés, aller s’échouer aux côtés de l’argumentaire d’extrême droite, qui lui ne dérive pas, allant son chemin anti humaniste droit devant, vers les repaires de la Bête toujours prête à resurgir.
Il importe de ne pas se laisser déboussoler, ni embarquer sans avoir pris le temps d’y penser, dans une nouvelle trahison des clercs. Venez y réfléchir et dialoguer à ce propos le 7 novembre prochain avec Élisabeth Roudinesco.
Le CIFPR consacre son colloque annuel au dialogue avec Élisabeth Roudinesco autour de la parution à succès de son dernier ouvrage Soi-même comme un roi, abordant la question des dérives identitaires narcissiques collectives. Comment, au carrefour de la recherche et des mouvements d’émancipation, les trois domaines clés du genre, de la racisation, des études postcoloniales — rencontrant paradoxalement la thèse d’extrême droite, qui, elle, ne dérive pas, du grand remplacement —, comment ces recherches ont donné naissance à des parcours labyrinthiques qu’il est de la responsabilité des chercheurs et praticiens en sciences humaines et sociales cliniques de penser afin de se dégager de la désorientation induite.
L’historienne de la psychanalyse — discipline très présente dans l’ensemble des débats présentés, qui s’étendent sur plus d’un demi siècle —, réussit magistralement à nous permettre de nous orienter dans leurs passionnants détours. Le dialogue avec elle promet de ne pas manquer d’intérêt.
De son côté notre pratique psycho relationnelle évolue. Il nous revient de comprendre notre époque, et de faire face à la dimension psychosociale, philosophique, politique, de notre exercice. La psychothérapie relationnelle, qui œuvre pour une clinique de la psychothérapie émancipée de l’emprise de la médicalisation de l’existence, d’une psychologie clinique à protocoles, et de la concurrence d’un développement personnel proliférant sous le déploiement de l’appellation abusive de psychothérapie, n’en est heureusement pas au stade de victime querelleuse.
Institutionnellement chamboulés en effet par l’opération de confiscation du titre d’exercice de psychothérapeute par la médecine française au tournant du siècle, nous ne passons pas notre vie professionnelle à protester dans le vide, préférant repenser notre place dans le paradigme du carré psy que nous avions d’abord défini. Si bien que, par contre, nous portons la responsabilité de définir clairement notre objet, sa spécificité, sa mission, son éthique, sa politique professionnelle, son épistémologie, dans une situation historique non dépourvue de confusion. Cette tâche pourrait heureusement s’inspirer du travail de clarification conceptuelle que propose Élisabeth Roudinesco.
— à nos étudiants, ainsi qu’à ceux d’écoles et d’instituts travaillant dans un esprit proche
— aux membres des sociétés savantes axées sur la psychothérapie relationnelle
— à la SFPI (Société française de psychanalyse intégrative)
— à la SIHPP évidemment (Présidente Élisabeth Roudinesco, Vice-Président Philippe Grauer)
— à l’AFFOP s’engageant dans une réflexion sur les développements de la psychothérapie relationnelle
— aux membres du SNPPsy de la tribune duquel fut annoncée et proposée au tournant du siècle la psychothérapie relationnelle
— aux psychiatres, psychologues, psychiatres-psychanalystes et psychologues-psychanalystes
— et plus largement à l’ensemble des psys intéressés par cette nouvelle problématique, ainsi qu’au public éclairé.
Lieu : Forum 104 - 104 rue de Vaugirard 75006 Paris
Horaires : 10:00 - 17:00
Tarif : 30 €
Toute inscription sera validée à réception du paiement.