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La société des assurances

En proposant l’expression de « société des assurances », les auteurs insistent sur une anthropologie de la santé, prenant en compte les nouveaux visages de la santé publique basés sur la planification technique au service de la gestion des risques sanitaires. Avec la crise de la Covid-19, ce modèle du risque zéro n’a fait que s’amplifier, notamment à travers les discours politiques sur la santé mentale. Dans un tel contexte de mutations de la psychiatrie au profit de l’approche « neuro », il est donc plus que nécessaire de porter un regard critique sur toute politique préventive, mais aussi de redéfinir la place actuelle de la psychanalyse dans la cité.

1Chaque société, qu’elle le sache ou pas, s’organise de modes de gouvernance dont les actions politiques résultent. Michel Foucault a proposé le terme de « sociétés disciplinaires » (1975) et Gilles Deleuze a théorisé « les sociétés de contrôle » (1990). Considérons désormais, et sous la bonne garde de ces deux auteurs, ce que nous nous plaisons à nommer « la société des assurances ». Société des assurances, des mutuelles, de la garantie, de la réparation et de la compensation. Les menaces de procès, d’accusation de ne pas avoir protégé ou encore le fantasme du risque minimal ordonnent des politiques qui, à défaut de protéger les populations, mettent en scène la garantie que personne ne puisse être accusé de « ne pas avoir fait ce qu’il fallait ». Les mots « handicap », « trauma », « victimes », « dommages et intérêts », outrepassent leurs champs de légitimité pour devenir la manière même dont les citoyens pensent les modes de relations sociales, leur rapport à la nature et le lien à leur propre corps.

Les diagnostics deviennent des marqueurs d’identité à mesure que la clinique se réduit à une paraphrase des comportements (troubles bipolaires, troubles du comportement alimentaire, phobie sociale, etc.). Sommation est faite de s’identifier à un diagnostic pour faire valoir des traits de personnalité stéréotypés, ce qui exclut que la personne puisse avoir une attitude de débat critique avec cette modélisation exemplaire de son ou de ses dits « troubles ». Le rapport sous-jacent à la définition de ladite « souffrance psychique » est bien celle de l’accord « compliant » entre un expert du psychisme et le sujet recevant le baptême de son diagnostic, comme s’il recevait une nouvelle nomination de son être au monde. Là, les notions d’empathie, de résilience et de care tombent à flux constant, et nous en faisons hélas rase mesure dans la psychologisation béate de l’existence qui accable toute saisie de la conflictualité psychique. Cette codification directe de l’observé est clairement reliée à des prescriptions pharmaceutiques assez stéréotypées, reposant sur le tripode : anxiolytiques / antidépresseurs / hypnotiques. Souvent, le médecin généraliste, presque plus que le psychiatre, devient le prescripteur de psychotrope par excellence. J’en veux pour indice le fait que les représentants de commerce des laboratoires pharmaceutiques, concernant les psychotropes, visitent bien moins les psychiatres, que ces derniers travaillent en hôpitaux psychiatriques ou en libéral, qu’ils ne fréquentent les médecins généralistes.

La psychiatrie est dans un moment de crise et de bifurcation. Soit elle reste le nom d’une pratique pensant l’institutionnel et l’institution de la personne humaine dans le lien social et la culture, soit elle se rabat sur un discours médical centré sur le biologique et le neurologique. Non que ce savoir soit négligeable ou inutile, mais s’il prend toute la place, alors la psychiatrie ne peut que se plier à un modèle expertal et stéréotypé du soin et de la guérison. De nouveaux psychiatres, peu et mal formés, seront amenés à traiter au plus vite, laissant à des psychologues le privilège codifié de psychothérapies brèves et rééducatives. C’est dans ce tournant anthropologique que devient dominant un discours sur la santé, dont celui de « santé mentale » est un cas particulier. Par ce discours se fait plus ténue, plus poreuse, la frontière qui sépare le geste soignant de l’idéal d’un corps épuré. Tout surgissement du nouveau pouvant devenir un trauma potentiel appelant sédation et rectification. Le discours de la santé mentale est corrélé à la destruction des institutions psychiatriques. Les récentes propositions concernant les psychologues (décret imposant un vocabulaire et des méthodes ; création d’un ordre ; remboursement) révèlent les enjeux actuels de la gouvernance des populations. Il s’agira de situer comment, au sein de l’ordonnancement politique propre à la société des assurances, se déploie un discours sur la santé imposant ses normes quant à ce que sont le corps et la vie. Un discours s’imposant à l’action médicale et dévoyant ce qui peut être entendu par « soin ». Dans cette situation, le soin psychique et ses acteurs risquent la participation à cette gouvernance.

Le corps sous contrôle

2Construite sur un modèle réduit de la médecine, la santé mentale se fait le relais de l’hypocondrie propre à chacun dans le rapport à son corps propre. L’émergence de la santé s’éloigne d’une anthropologie de la maladie et de la souffrance pour rejoindre une sociologie promotionnelle de l’adaptation. La crise sanitaire de la Covid-19 aura révélé que nos contemporains, qui refusent déjà de vieillir, ne consentent plus à la condition de vivants exposés à la maladie. Comme si grandissait le rêve d’une vie débarrassée de sa fragilité, comme si n’allait plus de soi que la possibilité de la maladie fasse partie de l’existence, comme s’il fallait bâtir un corps invulnérable. Chacun fait l’expérience, par exemple à l’entrée de l’hiver, d’être exposé aux divers virus occasionnant la condition de malade et suspendant le cours du quotidien. Une expérience désagréable, contraignante, certes. Ici, la raison s’affole devant l’angoisse de la maladie. S’imposent alors un discours ne distinguant plus les individus à risque mortel des autres et une politique traitant les individus sains comme des malades potentiels.

3Ce traitement des individus sains en malades est déjà, et depuis plusieurs années, au cœur de l’idéologie de la santé mentale qui pathologise et médicamente les expériences subjectives, notamment celles de la dépression et de l’angoisse. La perspective se focalisant sur l’évitement de l’état de maladie plutôt que sur la mortalité renseigne sur un rapport au corps ordonné par l’évitement de toute expérience désagréable, fusse-t-elle bénigne. L’idéologie de la santé s’impose à l’action médicale et en contraint la politique. Le corps en est la cible, et les normes du rapport au corps s’imposent. Le corps est, dès le plus jeune âge, surveillé, poussé à la performance et à l’adaptation. Il devient le lieu et la cible de tous les contrôles et de toutes les mesures. Un contrôle dont l’hygiénisme bombardant en permanence les citoyens semble transformer l’État en nutritionniste. Chacun est invité à se penser comme un corps à surveiller et à régler. Un corps à débarrasser de toute trace d’impureté. Peut-être avons-nous à murmurer doucement à nos contemporains que, souvent, les idéaux de pureté sont des idéaux d’épuration. Ce traitement et cet autotraitement du corps sont source de l’angoisse dont Jacques Lacan disait qu’elle est « le sentiment qui surgit de ce soupçon qui nous vient de nous réduire à notre corps » (Lacan, 1974).

4Le paradigme de la santé mentale ordonne et organise l’appréhension des souffrances psychiques, déplaçant les repères de la psychiatrie pour rapprocher le traitement psychique du modèle d’une médecine somatique pliée à l’idéologie de la santé. Une étrange continuité semble s’établir entre les expériences de maladies somatiques et les manifestations corporelles et affectives par lesquelles le sujet est enseigné sur son expérience subjective. Probablement que cette continuité est la traduction subjective de celle qui voit une identité de nature entre les maladies organiques et les souffrances psychiques. La dépression et l’angoisse ne sont plus appréhendées comme des messages à déchiffrer que le sujet s’adresse et qu’il adresse aux autres, mais sont réduites à des dysfonctionnements dont il s’agit, au plus vite, de se débarrasser, alors que ces expériences jouent un rôle crucial dans la façon dont un individu et un collectif vivent leur rapport au corps, au langage, à l’histoire et à la production contemporaine des identités prescrites et des altérités honnies.

5L’écart se fait ténu ou même disparaît entre la vérité propre à chacun et le savoir par lequel il est invité à se réifier. Est dicté et prescrit ce qu’il faut savoir des éprouvés, des causes et des expériences de l’existence. Le sujet est « désupposé » de tout savoir et de tout désir impliqué dans ce qu’il est. Le savoir dont il est crédité, par exemple dans ladite « pair-aidance », n’est pas le savoir dont il dispose, mais le simulacre d’une transparence à soi et d’une généralisation d’impressions et d’éprouvés mal circonscrits. Plus encore, que l’humain puisse être impliqué activement dans la souffrance dont il se plaint ou celle qu’il cause, voire procure à autrui, semble devenu un scandale pour la bienséance de l’époque. Se privant de cette pensée de la destructivité et de la violence dont il est habité et dont il a la responsabilité de lui donner un destin, le sujet en devient plus que jamais l’« agi ignorant ». La clinique du sujet trouve pourtant sa raison dans l’acte qui restitue au sujet la possibilité d’en savoir un bout sur ce qui le détermine.

Quand le scientisme prend le pouvoir…

6Dans l’ère de la « société des assurances », il s’agit, ni plus ni moins, de déloger la folie, la culpabilité, l’angoisse et le désinvestissement de l’échange social courant de la scène anthropologique par le biais de la marchandisation de la santé et de la santé mentale et de la neurologisation exclusive de la psychiatrie. C’est la promotion d’un sujet cérébral qui s’accomplit là dans une conception de la santé devenue science d’État, dictant aux psychologues – mais pas seulement – ce qu’il convient de penser. Cela, même contre la rationalité scientifique. Car ne nous trompons pas, ce qui est en jeu est bien plus que l’avenir des psychologues ou la légitimité de la psychanalyse dans la cité, c’est la possibilité même que la science garde son intégrité, c’est-à-dire reste de la science. La copulation, constatée par Jacques Lacan (1969-1970), entre le discours du capitaliste et la science a donné des rejetons sortant des écoles de commerce et de l’administration. Ils sont les gouvernants de la start-up nation. Ils sont avant tout ceux qui ne sont plus en capacité de voir où est le problème à réifier les êtres et objectiver les corps. Chacun de nous peut être cet enfant-là. C’est contre la science que le scientisme prend le pouvoir. Lui seul peut gouverner.

7L’erreur épistémologique est majeure. En effet, dès que le sujet est réduit à son fonctionnement « cérébral », le cerveau vaut ici comme totalisation fonctionnelle, mais aussi comme site de l’esprit. De sorte que prétendre que tout fait clinique ou social vient de ce site interne revient à substituer à un objet de connaissance précis, celui cerné par la biologie et les neurosciences, une entité métaphysique déguisée où reprend des couleurs la bonne vieille notion d’âme. À cela près que, reprenant des couleurs, elle perd de sa consistance morale, puisque tout ce scientisme ne peut concourir qu’à la mise hors cause de la personne, en rien sujet de sa « maladie », en rien problématisée par elle. D’où la substitution si fréquente du terme « handicap » à celui de construction mentale d’une psychopathologie. L’évacuation pure et simple de toute responsabilité, fusse-t-elle opaque et insue, du sujet dans ce qui lui arrive a de quoi poser de sérieuses questions éthiques à notre époque. De quoi donc ce refus de toute responsabilité est-il le signe, si ce n’est du fantasme d’être soulagé du poids de la honte et de la culpabilité d’être des choses pulsionnelles, violentes souvent, meurtrières parfois, sexuelles toujours ? Cette volonté farouche de se débarrasser de toute responsabilité aurait-elle à voir avec les horreurs du xxe siècle ?

8Le soin psychique pensé et réordonné dans le discours de la santé mentale devient un cas particulier des politiques de santé dans une mise en continuité problématique de champs hétérogènes (celui de la santé et celui des souffrances psychiques). L’histoire invite à être particulièrement attentif, si ce n’est méfiant, lorsqu’un gouvernement s’intéresse d’un peu trop près aux thérapeutiques, aux normes et aux frontières de ce qui est qualifiable de « pathologique », ainsi qu’à l’explication qu’il donne aux souffrances – lorsque cette explication ne souffre plus la contradiction (tout est neuro, point barre). Bien sûr que les signes de souffrance peuvent trouver noms et nomenclatures dans la novlangue de la santé mentale. Bien sûr que l’on pourra toujours trouver le psychologue et la psychologie qui correspondent au trouble.

L’état thérapeute ?

9L’épidémie est arrivée dans un moment idéologique et politique qui ne pouvait l’accueillir qu’en fonction de ses repères, ceux, donc, déjà là, de la société des assurances : prévention et contrôle, risque zéro et rhétorique de la compétition (« ceux qui ne sont rien » et les autres), marchandisation de la santé, destruction de la psychiatrie au profit de la santé mentale, etc. Le champ lexical de la guerre utilisé pour penser la lutte contre un virus surprend et exaspère, mais révèle peut-être aussi le tabou qu’il y a à parler de celle-ci. La France a toujours été en guerre hors de ses frontières, et la passion de la méconnaissance alimente l’indifférence à ce fait. Pourtant, la violence est à l’œuvre, et la novlangue ne sait plus le cacher. Parmi ces repères de la société des assurances, celui de la psychologisation des souffrances psychiques liées à la précarité, à l’exclusion, à la prescription de performance et l’asphyxie des travailleurs (de l’ouvrier au cadre). Une société qui médicalise les souffrances de la précarité ou de l’hyperactivité, mais qui se refuse à traiter ce qui l’occasionne. Mesure-t-on ce que nous perdons de responsabilité, de savoir et donc de liberté et d’action à consentir à la médicalisation de nos expériences ? La médicalisation de problèmes politiques n’a rien de nouveau. Elle soulage d’interroger la responsabilité des politiques, c’est-à-dire ceux qui la font : les citoyens, chacun. Elle les soulage de mesurer la part qu’ils prennent dans les maux dont ils se plaignent. La fonction de l’usager ne se laisse pas réduire à celle d’un sujet demandant, comme de juste, de plus en plus d’informations sur les soins qu’il va recevoir. Cette fonction est aussi une nouvelle donne politique. Une nouvelle souveraineté se fait jour qui n’est pas simplement celle des malades. Elle désigne un mode de contrôle des corps qui est bien davantage dans les mains de l’État que dans celles des seuls usagers. L’État se doit de lutter contre la douleur, de lutter contre tout ce qui pourrait abuser l’usager. C’est souvent au nom d’une médicalisation et d’une assistance aux victimes que l’État fait valoir son souci du corps social, identifié à un corps souffrant. Le droit des usagers, qui est aussi une avancée, a pu conforter la mise en avant d’un État thérapeute qui soigne les souffrances liées aux inégalités, bien davantage qu’il ne se soucie de réduire ces inégalités.

La situation critique de la psychiatrie

10À quoi assistons-nous aujourd’hui du côté des savoir-faire et des formations en psychiatrie ? Il nous revient, hélas, de faire le constat, sinon le bilan, d’une déculturation accélérée de nos façons de faire vis-à-vis des patients. Pour en rester à décrire ce qui affecte les ressources de la psychiatrie, et on est prié d’entendre le mot « ressource » dans tout son empan, on assisterait à la convergence de trois processus :

  • la rationalisation économiste de la santé publique qui se traduit par des mesures de « désinstitutionalisation » ; l’inadéquation de ce qui reste de la politique dite de « secteur » à se porter au contact des populations les plus sévèrement touchées par les processus sociaux de marginalisation et de déliaison ;
  • le déferlement assez brutal de systèmes de repérage des troubles mentaux, qui fait fi de toute une culture psychanalytique, psychiatrique et phénoménologique, dans le but d’édifier des systèmes de classification supposés « a-théoriques », et permettant une codification directe des faits observés, directement liée à des prescriptions chimiothérapeutiques.
  • [ce § manque dans le texte d’origine. PHG] s’agit-il ici du § qui suit, numéroté 11 ?

11La psychiatrie est dans une situation critique. Critique, ce n’est pas dire seulement qu’elle subit de drastiques restrictions budgétaires, mais aussi qu’elle renoue avec un moment de décision idéologique, touchant à l’éthique. Elle décide si elle doit se plier à un modèle stéréotypé du soin et de la guérison, laissant à des psychiatres nouveaux venus, peu et mal formés, la tâche de traiter au plus vite des patients, délivrant enfin au psychologue le privilège du soin psychothérapeutique (mais lequel ?) et à un ensemble de travailleurs sociaux la responsabilité de garder, sous de vagues mesures éducatives, le plus fort contingent de psychoses graves ou d’autismes. Le temps de la méthode à long terme est révolu, celui des techniques multipliées, rapides, brèves, s’avance contre les scènes psychiques.

12Les psys zappeurs projettent l’émiettement des modèles partiels qui les séduisent et font d’eux de véritables spécialistes de l’éclatement de l’unité des soins.

13Ce qui fait se rencontrer et se conjoindre les trois processus désignés plus haut, c’est qu’ils fonctionnent à plein dans une logique de marché. En ce sens, des slogans pompeux et creux comme « droit des patients », lesquels sont réduits à des usagers, ou « réhabilitation psychosociale », ou encore « souffrance psychique » et « santé mentale », peuvent ici mettre en place un immense rideau de fumée si, derrière ces prétendues nouveautés, c’est toute une récusation de la dynamique du transfert qui se profile et qui rend très compliqué, par empêchement, l’étayage des logiques pulsionnelles sur les dispositifs institutionnels. La réduction de la psychiatrie à la seule médecine, de la folie à la seule maladie mentale, du soin à la seule santé mentale, et, enfin, de la vie psychique et de la conflictualité psychique à la seule souffrance psychique, ne permet en rien le dégagement d’un surcroît de rigueur et d’humanité dans le traitement de nos patients. Bien au contraire, exclus des temps psychiques des transferts et des étayages, ces derniers, surtout s’ils sont psychotiques, se retrouvent de plus en plus rejetés au-dehors, quand ils n’en viennent pas à se retrouver « traités » par d’autres dispositifs institutionnels de droit commun que sont, par exemple, les systèmes carcéraux.

Une pratique analytique à défendre

14C’est dans ce contexte de prégnance de l’idéologie de la santé mentale et de la politique liée à la Covid-19 que l’État s’intéresse aux psychologues. Les mesures d’urgence donnent l’occasion à une manœuvre politique visant à réorganiser toute une profession. Réduction de l’appréhension de l’humain à une approche neuro développementale dictant tout le vocabulaire autorisé, assujettissement du psychologue au médecin, l’absence de revalorisation salariale digne de ce nom et précarisation économique, dictat de la durée et des conditions de prise en charge. Bref… entre manœuvre autoritaire et soumission brusque, le coup porté à la profession et aux patients est violent. Violence redoublée par l’absence totale de concertation avec les représentants (très dispersés) de la profession dans une ignorance crasse de sa compétence. Dans les conditions de remboursement, de prise en charge comme de pensées imposées par le gouvernement, se déduit facilement que le résultat sera l’impossibilité, voire la suspicion jetée sur la pratique psychanalytique lorsqu’elle est exercée par des diplômés psychologues. Il s’agit, ni plus ni moins, de la mise en œuvre d’une science d’État avec, à sa botte, des techniciens tenus à la gorge côté portefeuille. À ceux qui peuvent penser que les « pauvres » y gagneront, ayant enfin accès aux psychologues, rappelons qu’il est possible, dans un centre médico-psychologique, par exemple, lorsque celui-ci – et cela arrive encore – fonctionne comme il se doit, d’être suivi durant la période nécessaire. Et celle-ci peut dépasser la dizaine de séances sans qu’il soit justifiable de dire, autrement que pour des raisons imaginaires, que « c’est trop long ». Il en va de même pour la plupart des dispositifs classiques de la psychiatrie. Ou, du moins, il aurait pu en être de même si la fermeture de lits hospitaliers très nette lors des années Sarkozy et Hollande, et continuée en moins forte sous les années Macron, n’était pas un facteur d’étranglement de la médecine publique.

15La priorité serait donc de stopper au plus vite le démantèlement de celle-ci en révisant au plus juste la formation de ses acteurs en leur donnant les moyens et l’envie de travailler. Le soin par la parole n’est pas pensable dans les repères de la médecine somatique, qu’on le veuille ou non. Sa temporalité n’est pas la même, les souffrances psychiques ne tombent pas sous le modèle de la maladie, les praticiens ne se forment pas par les mêmes voies. Pourtant, la parole a des effets sur ce que traite la médecine. Elle est une solution solide pour contrevenir à la surconsommation irraisonnable de psychotropes (anxiolytiques et antidépresseurs prescrits comme à l’aveugle par nombre de médecins généralistes). Pour cela, il faut des praticiens formés et engagés, c’est-à-dire forts d’une pérennité des postes et d’une sécurité économique. Il leur faut les moyens de penser l’expérience de la douleur et de la folie qu’ils rencontrent (notons ce que nous constatons hélas des difficultés dans les secteurs hospitaliers pour financer les supervisions d’équipes). Sans quoi la pratique n’est plus qu’un dispositif de défense contre le réel : prescriptions aveugles et protocolaires, absence d’écoute et de parole, contention, violences. Il leur faut une liberté de pratique, un éloignement suffisant des injonctions du politique et des intérêts économiques.

16L’institution importe, le « service public » n’est pas un vain mot, et sa place sociale et politique se doit d’être préservée en ceci qu’elle présentifie une fonction symbolique de l’État. Un État qui délègue à ses professionnels l’accueil de la souffrance et l’exercice de la thérapie. C’est l’institution, publique, hospitalière, qui, entre le citoyen et le gouvernement, protège de l’État thérapeute. Comme lieu, le service public est une adresse et une présence. Comme institution, il noue ensemble ce qui peut se disjoindre, l’existence singulière et la légitimité publique. Il ne résorbe pas la solitude et la détresse de chacun, mais peut offrir un lieu où parler de cette solitude et de cette détresse. Les hommes et les femmes qui y travaillent ont besoin, comme chacun, de solidité financière, de continuité temporelle, de fréquence et de durée. Il faut un temps incompressible pour dire les choses et que ces choses soient entendues. Il faut constance et durée dans la présence du soignant pour que s’accueille et se traite ce qui insiste, persiste et se répète dans les douleurs humaines. Nul ne peut s’engager véritablement si sa présence est en sursis, nul ne peut s’engager si la présence de l’autre est en suspens. Or, aujourd’hui, dans les hôpitaux, cela devient de moins en moins possible. Les contrats, les conditions financières, l’ambiance délétère des gouvernances, colorent le travail à l’hôpital de la possibilité incessante de la rupture soudaine.

17Faut-il insister encore sur le lien organique entre la liberté d’exercice du psychologue et l’efficacité de son acte ? Le maintien à distance des instances de gouvernance, mais aussi des idéologies qui traversent l’époque, le respect de la confidentialité stricte qui régit la liberté de parole sur la scène de la relation thérapeutique, permettent le procès du travail psychique et l’accès de chacun au savoir insu. La relation transférentielle fonde un lieu soustrait de la place publique, mais pas sans dialogue avec elle. Bien sûr, cette liberté laissée à la parole ouvre à la possibilité d’une libération par la déprise des idéaux et des prescriptions sociales et, en cela, peut poser de sérieux problèmes à certaines manœuvres politiques et idéologiques. Nous avons à défendre fermement cette liberté et à défendre la pratique analytique comme le propre d’une société démocratique, celle où le colloque singulier [*][*]Sur l’importance d’un tel colloque avec des sujets dits… est soustrait de la place publique, où qui se risque à un tel colloque salutaire peut engager son énonciation la plus vive. Cette liberté-là, cette liberté de déployer ce qui se produit quand un transfert rencontre le désir d’un analyste, est le rappel que toute pratique est politique, y compris et surtout si elle tend à la réduction des souffrances ou à donner un destin viable à la vie avec la folie. En ce qu’elle est politique, elle met en tension la liberté et sa condition de possibilité, elle peut mettre les idéaux de santé sur la sellette, surtout, elle désapproprie le pouvoir, quel qu’il soit et celui de l’analyste d’abord, de sa prise sur le désir, le symptôme et donc l’érotisme et le corps.

Pour conclure

18Insistons encore : la cure psychanalytique est un traitement. C’est un traitement difficile et exigeant. Il traite les souffrances les plus intenses, les pathologies les plus coriaces et les folies les plus spectaculaires. Ce n’est pas un traitement infaillible, aucun ne l’est. La cure analytique n’est pas une branche du développement personnel, de la connaissance de soi ou de la thérapie de soutien. C’est une thérapie dure. Elle est un traitement de fond, long, intense et exigeant pour l’analyste comme pour l’analysant. L’engagement y est total. Son efficacité en dépend. La fréquence des séances importe. C’est elle, parce qu’elle rend effective la force du transfert, qui assure que soient supportés les angoisses les plus sidérantes ou les morosités les plus sombres, les délires flambants et les craintes les plus étranges. Le rappeler n’est pas un ornement rhétorique, mais le rappel d’une réalité et de la possible alternative à la publicité ambiante. Parce que nous tenons aux institutions publiques et parce qu’il nous semble que défendre la psychanalyse c’est, aussi, en soutenir l’exigence dans les pratiques des psychologues cliniciens.


Note Sur l’importance d’un tel colloque avec des sujets dits « psychotiques », un séminaire sur « L’interprétation des psychoses » est proposé par l’association L’instance lacanienne : https://www.linstancelacanienne.com/activites Mis en ligne sur Cairn.info le 04/02/2022 https://doi.org/10.3917/jdp.394.0067
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FONDATION DE L’AFFOP — JMICHEL FOURCADE : RAPPORT MORAL AUPRÈS DE LA 1ère AG DE L’AFFOP EN DATE DU 2 DÉCEMBRE 1999

Jean-Michel Fourcade

RAPPORT MORAL à la première Assemblée générale de l'AFFOP, 2 décembre 1999

nous avons créé l'AFFOP il y a un an parce que

— la FFdP, au bout de trois ans, ne mettait toujours pas en place des critères d'adhésion rigoureux pour les organisations candidates, dans le but d'avoir le plus grand nombre possible d'adhérents [commentaire de PHG en 2019 : entendre qu'afin de grossir les rangs pour faire nombre, la direction tardait indéfiniment à critériser les admissions].

— nous refusions la façon dont le sous-groupe au pouvoir à la FFdP était entré dans une course à l'attribution des CEP, par le biais de la Clause du Grand-père, qui ne respectait pas les principes que l'EAP s'était donnés à elle même à Rome en 1997 parce que la FFdP, utilisant la force d'attraction de l'organisation européenne de l'EAP et d'un "certificat européen", a tenté de balayer le travail accompli par les organisations qui depuis 30 ans ont commencé à construire la profession de psychothérapeute en France, de se substituer à elles auprès des professionnels de la psychothérapie et des pouvoirs publics, et de les détruire.

— nous déplorions la façon dont la FFdP avait provoqué les réactions négatives des représentants des professions voisines à l'encontre des professionnels de la psychothérapie.

Nos ambitions étaient grandes

— construire une organisation réellement fédérative

— nous faire connaître de nos collègues français

— créer des relations positives avec les autres acteurs de la Santé mentale

— obtenir une reconnaissance de la psychothérapie en tant que telle de la part des pouvoirs publics

— créer une image de la psychothérapie comme profession dans la presse française

— lutter pour conquérir notre place dans le concert européen

— défendre nos principes dans la construction de la profession

I — CONSTRUCTION DE L'AFFOP

Nous avions, avant l'assemblée constitutive, préparé les Statuts inspirés de ceux de UKCP, que vous avez adoptés et dont je rappelle les caractéristiques principales :

Ces statuts permettent de fonctionner comme une fédération d'organismes et non comme une association de personnes.

Représentativité, équilibre des pouvoirs

Dans l'AFFOP, les personnes sont des représentants des organisations et elles ne peuvent plus voter ni remplir de fonction élective si l'organisme qu'elles représentent leur retire leur mandat.

D'autre part, les organismes se rattachent à un des quatre collèges qui caractérisent les activités des psychothérapeutes : praticiens, écoles, sociétés de méthode, syndicats.

Ces collèges élisent des représentants ès qualité au Conseil d'administration. Les membres du Bureau et les responsables des deux Commissions les plus importantes — Adhésion et Déontologie — ainsi que les membres du Conseil de médiation et d'Appel, sont élus par l'assemblée générale directement. Ceci permet une influence plus directe de l'assemblée sur le choix des responsables qu'une élection des responsables par le CA.

D'autre part le pouvoir exécutif ñ le CA ñ est sous la contrôle du Conseil de Médiation lui aussi issu de l'AG. La division et l'équilibre des pouvoirs reste un bon principe démocratique.

Un long débat entre les fondateurs a permis d'aboutir à une représentation équilibrée des organisations en fonction de leur poids ñ ni trop, ni pas assez ñ et des collèges entre eux, au sein du Conseil d'administration.

Qualité des organismes membres

Un autre des soucis des fondateurs concernait la qualité des organismes membres. Pour s'en assurer, quatre catégories de membres ont été prévues : les titulaires, qui auront droit de vote à l'AG, les associés —représentants des professions voisines et des organisations de consommateurs élus par l'AG — , les adhérents et les provisoires qui n'ont pas droit de vote à l'AG. Au début de l'existence de l'AFFOP, tous les organismes membres sont adhérents et ils ne deviendront titulaires que lorsqu'ils auront démontré qu'ils répondent aux critères de qualité que chaque collège devra déterminer et faire adopter par l'AG suivante.

Forts de l'expérience de la vie des syndicats et des fédérations, nous avons immédiatement créé un conseil de médiation et d'appel et un responsable du contrôle du fonctionnement institutionnel.

Une politique fédérative clairement annoncée

Les pouvoirs de l'AG sont importants†: en plus du choix des responsables de la fédération, comme nous l'avons déjà dit, l'AG élit les membres (titulaires, associés, adhérents, provisoires) de l'AFFOP, et doit se prononcer sur les radiations et les exclusions, en plus de son pouvoir habituel de détermination de la politique générale de la Fédération.

Au niveau national, les objectifs de l'AFFOP sont d'abord d'aider les organismes membres à se développer — et non agir contre leurs intérêts — en respectant le rôle de chacun.

MODIFICATIONS DES STATUTS, PROPOSITION D'UN RÈGLEMENT INTÉRIEUR ET D'UN CODE DE PROCÉDURE DE PLAINTE

Avec l'aide de Philippe BOUTROLLE ñ qu'il soit ici remercié pour son travail amical pour notre fédération - nous vous proposons une mise en ordre des statuts qui n'entraîne que des modifications de forme.

Nous vous proposons un règlement intérieur comprenant, entre autre, un ensemble d'articles qui constitueront notre code de procédure de plainte.

Les collèges ont mis du temps à se mettre au travail. Leurs représentants nous feront part des résultats de leurs réunions.

Les collèges devront préciser rapidement les critères d'adhésion à l'AFFOP.

L'un d'entre eux a proposé l'organisation d'une journée d'étude à Bordeaux, le 27 janvier 2.000, ayant pour thème : "Quelle place et quelle fonction accordons-nous aux méthodes dans la définition des contours de la psychothérapie ?"

Que son organisateur, Jean-Marie ROBINE, en soit d'avance remercié.

L'adoption d'un règlement intérieur précisant les responsabilités des membres du Bureau va permettre au prochain bureau de mieux fonctionner et à chacun de prendre la responsabilité de ses tâches. Au président et au Bureau exécutif la conduite de la mise en œuvre de la politique de la Fédération ; au secrétaire général le fonctionnement interne de la fédération.

Du point de vue politique l'Équipe composée avec Alain NAISSANT, Philippe GRAUER, Marie BOUTROLLE et Michael RANDOLPH a très efficacement fonctionné. Son travail par fax, e-mails, téléphone a été énorme et a concerné surtout, dans un premier temps, les relations avec l'EAP et la procédure d'arbitrage.

Le Conseil d'administration a me semble-t-il, bien fonctionné.

Nous étions dans une première année d'existence: notre budget initial a été dépassé et nous devons être plus dotés financièrement pour le prochain exercice pour résorber le déficit de l'exercice précédent et pour avoir les moyens de notre politique et du rôle national et européen que nous devons tenir pour la défense de notre profession.

II — NOUS FAIRE CONNAÎTRE DE NOS COLLÈGUES FRANÇAIS

Nos raisons de quitter la FFdP étaient claires. Trouver une formulation convaincante et cohérente de notre spécificité, avec la méthode de consultations multiples des organisations membres pour la rédaction définitive de nos documents a pris du temps.

La mise au point de l'"Appel aux organismes français de psychothérapie et aux psychothérapeutes" a pris trois mois. Son envoi à 3.900 psychothérapeutes et psychologues répertoriés dans les pages jaunes de Postes et à 157 organismes de Psychothérapie a commencé il y a trois semaines et s'est achevé une semaine plus tard. Les réactions positives se sont fait sentir déjà à l'AG du SNPPsy et depuis.

Les conditions pour figurer dans le futur annuaire des psychothérapeutes de l'AFFOP doivent être précisées.

III — CRÉATION DE RELATIONS POSITIVES AVEC LES AUTRES ACTEURS DE LA SANTÉ MENTALE EN FRANCE

Nos contacts avec les professions voisines — psychiatres, psychologues et psychanalystes — nous avaient montré que deux facteurs provoquent leur exaspération :

la prétention des "psychothérapeutes" a être les seuls à exercer la psychothérapie, alors que les psychiatres, les psychologues cliniciens et les psychanalystes ont le sentiment d'avoir une FONCTION PSYCHOTHÉRAPEUTIQUE depuis toujours.

le contenu de la Déclaration de Strasbourg qui applique à tous les psychothérapeutes des critères qui ne sont épistémologiquement justifiés que pour les psychothérapies de type relationnel et non pour les psychothérapies de type prescriptif. Les déclarations sans nuance des responsables de la FFdP leur ont donné le sentiment que les psychothérapeutes voulaient empiéter en réglementant dans des champs qui ne sont pas les leurs. Le ou équivalent du CEP leur donnant raison.

Il a donc été nécessaire d'affronter ces problèmes, de repositionner la Déclaration de Strasbourg ‡ sa juste place.

Même si le Ministère, entraîné par l'effet de masse du concept de "profession-psychothérapeute", qui lui permettra de réglementer la profession des psychothérapeutes qui ne sont ni diplômés de psychologie ni de psychiatrie, va dans le sens de notre positionnement politique initial —faire reconnaître la profession de psychothérapeute comme une profession spécifique différente de la profession de psychiatre ou de psychologue —nous n'obtiendrons des relations de reconnaissance et de respect des professions voisines que si nous avons la sagesse de limiter nos prétentions réglementaires et de contrôle à ce qui nous est épistémologiquement légitime.

Les contacts avec les psychanalystes lacaniens montrent leur refus que la profession de psychanalyste soit réglementée par l'État, fut-ce au prix d'avoir à passer par la nécessité de titres universitaires autres pour pouvoir exercer leur métier ou profiter des avantages fiscaux qui y sont rattachés. Respectons ce refus puisqu'il nous permet d'obtenir leur soutien pour aux pouvoirs publics que l'exercice de la psychothérapie ne soit pas réservé aux seuls détenteurs du diplôme de psychiatre ou de psychologue, ainsi que le demandent les représentants d'autres groupes de psychanalystes (la Société Psychanalytique de Paris, l'Association Psychanalytique de France et le IVe Groupe) et l'Association des Psychiatres Européens.

VI — OBTENIR UNE RECONNAISSANCE DE LA PSYCHOTHERAPIE DE LA PART DES POUVOIRS PUBLICS

Nous avons informé le Secrétaire d'État à la Santé, Bernard KOUCHNER, de la création de l'AFFOP et de ses objectifs et nous lui avons demandé audience. Il nous a répondu que nous serions reçus par Madame DUX. Mais le changement de fonction de Madame DUX puis le départ de Bernard KOUCHNER et de son cabinet n'ont pas permis de réaliser cette rencontre es qualité.

Cependant, ayant rencontré Madame DUX, en janvier 1999, nous avons appris qu'une délégation de la FFdP, reçue par elle peu de temps avant, avait annoncé notre création, affirmé notre non- représentativité. Nous lui avons fourni les informations qui démontraient, au contraire, notre représentativité et nous l'avons convaincue.

Lorsque nous avons envoyé une lettre au Monde à la suite de ses articles sur l'affaire des psychothérapies par téléphone, au nom de l'AFFOP, nous en avons communiqué le contenu préalablement à Madame DUX qui l'a approuvé.

Le président de l'AFFOP a été invité à participer à la réunion organisée par la Direction générale de la Santé, le 7 juillet 1999, à la suite de la remise du rapport de l'AFNOR sur l'exercice de la Psychothérapie en France.

Ayant rencontré avec Monsieur MORVAN, lorsqu'il recueillait ses données, des représentants des Organisations de Consommateurs, nous avons rappelé que ceux-ci tenaient beaucoup à la diversité des méthodes psychothérapeutiques et à la diversité du cadre juridique d'exercice professionnel : public et libéral.

La discussion a été plutôt vive : entre les représentants des psychiatres et des psychologues qui défendent la position "universitaire" (il faut un diplôme de psychiatre ou de psychologue pour exercer la psychothérapie) et les psychothérapeutes qui souhaitent une formation spécifique, entre les psychiatres et la représentante du Collectif Interassociatif des Usagers qui dénonçait "la non-transparence de l'hôpital public" où se pratique de plus en plus exclusivement des chimiothérapies et "la possibilité de choisir la psychothérapie est de plus en plus restreinte."

Les représentants des psychiatres et des psychologues ont admis qu'il serait utile de distinguer la "psychothérapie psychiatrique", la "psychothérapie psychologique" et la "psychothérapie relationnelle" et souhaité que d'autres réunions aient lieu pour les définir. J'ai, pour ma part, indiqué que la position de l'AFFOP était de rechercher une reconnaissance mutuelle des professionnels de la santé mentale, et une collaboration dans la complémentarité entre eux.

La réunion de la délégation du SNPPsy avec le nouveau conseiller de l'actuel Secrétaire d'État à la Santé, Monsieur OBRECHT (compte-rendu en annexe) montre que le Ministère a toujours l'intention de réglementer l'exercice de la psychothérapie, et ce dans un délai très bref.

Il est nécessaire de préciser quel sera le rôle de l'AFFOP par rapport aux initiatives de ses membres puisque le Conseiller sollicite la collaboration sur des points très précis : définition de la psychothérapie, cursus type de formation des psychothérapeutes, définition des pré-requis universitaire en formation initiale, définition des pré-requis en termes de psychothérapie personnelle, en terme d'expérience de vie, définition des critères d'accréditation de l'apprenti qui a accompli son cursus de formation, des critères d'accréditation des organismes de formation, de la composition et du rôle d'accréditation professionnelle et de sanction du Conseil National de la Psychothérapie, d'un Code national de déontologie, de procédure disciplinaire ; enfin le contenu de la clause du grand-parentage.

L'ACTION CONCERNANT LE TITRE DE PSYCHOLOGUE

Les psychothérapeutes ont été systématiquement écartés de l'homologation par les représentants locaux de l'administration du Ministère de la Santé, par les Commissions régionales d'homologation, par les tribunaux administratifs, et ce contrairement à l'esprit et à la lettre de la Loi de 85.

Le 7 janvier 1999, nous avons interrogé Madame DUX sur la position du Ministère sur cette situation. Madame DUX a répondu qu'elle ferait faire une recherche dans les services du Ministère à ce sujet. Le chef-adjoint du Cabinet du Secrétaire d'État à la Santé, Monsieur Alain MANVILLE, a écrit ensuite au président du SNPPsy pour lui indiquer que dans deux arrêts récents de la Cour administrative d'appel de Paris "il semble qu'implicitement la cour ait assimilé les deux professions, alors qu'il existe deux titres professionnels, l'un protégé, l'autre non."

Nous avons aussi rappelé à Madame DUX qu'en l'absence d'une loi protégeant spécifiquement le titre de psychothérapeute, et en concordance avec la volonté de la loi de 85 et du décret de 90, les psychothérapeutes qui remplissent les conditions de l'un des trois articles du décret de 90 ne peuvent être écartés du bénéfice de la loi au motif que, aujourd'hui, psychothérapeute et psychologue seraient deux professions différentes, alors qu'à l'époque, la frontière entre les deux professions n'était pas définie.

C'est la position qui a été prise récemment par deux Cours Administratives d'appel dans deux arrêts qui sont favorables aux psychothérapeutes :

— Cour Administrative d'Appel de Paris du 1er décembre 1998, M. PETIT, page 2 ß2, "considérant qu'il ne résulte pas de ces dispositions que le législateur ait entendu exclure les psychothérapeutes de leur champ d'application"

— Cour Administrative d'Appel de Montpellier du 13-07-99, C. POULIN, page 3 ß3,"eu égard au contenu des formations suivies et aux objectifs et à la nature de ses interventions une expérience professionnelle comparable à celle d'un psychologue d'une durée équivalente aux 10 années exigées par les dispositions précitées du décret du 22 mars 1990".

À ce point, il serait utile d'entreprendre la rédaction d'un mémoire destiné à soutenir nos démarches auprès du Secrétariat d'État à la santé, sur le thème suivant : la réglementation légale de la profession de psychothérapeute par le moyen du décret de 1990 est un échec par la volonté même des psychologues qui l'ont refusé ; il est donc nécessaire de réglementer la profession de psychothérapeute de façon spécifique.

V — CRÉER UNE IMAGE DE LA PSYCHOTHÉRAPIE COMME PROFESSION DANS LA PRESSE FRANCAISE

Nous avons adressé au Monde une lettre expliquant la position de l'AFFOP sur la psychothérapie à la suite des articles que ce journal a publié sur l'affaire des psychothérapies par téléphone, dans lesquels seul des psychiatres avaient été interrogés par le journal. Pas d'accusé de réception ni, à ma connaissance, de publication de la lettre.

Nous avons eu avec Sylvie ODY, rédactrice en chef de l'Express, plusieurs entretiens sur la situation de la psychothérapie lorsqu'elle préparait le dossier "Les psys peuvent-ils tout guérir" publié dans le numéro 2511 du 19/25 août 1999. À part la brève phrase dans laquelle elle écrivait que nous avons quitté la FFdP "avec le plus gros des troupes", nous sommes plutôt peu satisfait de ce dossier qui reflète l'opinion du public de ce journal : seule la médecine est crédible et les diplômes universitaires sont la garantie d'une bonne formation.

Dans la période de préparation des textes réglementaires sur l'exercice de la Psychothérapie, l'opinion publique et la presse pourront avoir un rôle important dans les décisions que prendra le législateur. Nous devrons dans ce domaine être attentifs et peut-être plus actifs.

VI — LUTTE POUR AVOIR UNE PLACE DANS LE CONCERT EUROPÉEN

La situation particulière de la France concernant la psychothérapie face à celle des autres pays européens.

La France est le seul pays où la profession de psychothérapeute ait été organisée au niveau national par des syndicats. Il y a des syndicats de psychothérapeutes en Italie et en Irlande, mais ils ne semblent pas avoir eu un rôle organisateur de la profession aussi important que celui qu'ils ont eu en France. En créant une procédure de titularisation du psychothérapeute, une procédure d'agrément des organismes de formation, en édictant des codes de déontologie, les syndicats on été les premiers organismes d'autoréglementation de la profession en France, avant que ne soient créées, récemment, les fédérations nationales de méthodes.

En jouant ce rôle, les syndicats ont contribué à créer l'identité de la profession de psychothérapeute par delà des différences d'écoles et de pratiques professionnelles. Aussi n'est il pas surprenant que la Déclaration de Strasbourg, qui reprenait au niveau européen les critères fondateurs de la profession de psychothérapeute qu'ils avaient établis en France, ait entraîné leur adhésion à l'organisation européenne qui se présentait comme porteuse de ces principes, à savoir l'EAP.

La réalité de l'EAP ne s'est révélée que progressivement : les méthodes plus que le praticien.

L'EAP s'est en effet organisée sur une double base : celle des méthodes, et celle des États. Chaque organisation européenne de méthode "scientifiquement validée†" reconnue par l'EAP a un représentant au Conseil d'administration de l'EAP ainsi que chaque Fédération nationale reconnue comme représentative par l'EAP.

L'EAP a donc provoqué, dans tous les pays, la création de fédérations nationales ayant vocation à regrouper toutes les organisations de psychothérapie existantes (écoles, organisations nationales de méthodes, organisations de praticiens, et syndicats ) pour gérer les affaires nationales, représenter les pays dans l'organisation européenne, et participer à l'attribution des CEP.

L'organisation nationale ainsi créée en France s'est donc trouvée, par ses buts, reprendre le rôle joué jusque là par les syndicats : validation des professionnels, représentation et défense des intérêts professionnels au niveau national, validation des organismes de formation.

Les syndicats ont, au départ, accepté cette création en pensant que leur place historique reconnue, un rôle leur serait donné dans l'attribution du CEP qui ne substituerait pas ce certificat à la titularisation qu'ils avaient mis tant d'années à construire et à faire respecter par les professionnels. C'est dans cet esprit que, par exemple, le SNPPsy qui avait été le commanditaire de l'étude de l'AFNOR sur l'exercice de la psychothérapie, a transmis à la FFdP le contrôle de ce travail. La FFdP et l'EAP ont bien accepté l'adjonction aux critères d'attribution du CEP adoptés à Rome en 97, d'un critère de "reconnaissance par des pairs" incluant la titularisation obtenue auprès d'un syndicat, pour la France. Mais ce critère pourrait être aussi rempli par une reconnaissance par des pairs obtenue auprès d'une organisation nationale de Méthode plus facile à obtenir lorsque le futur psychothérapeute a été formé par une école appartenant à la même méthode.

Il est donc apparu que la reconnaissance des compétences du professionnel serait très vite balayée par une reconnaissance de sa conformité aux critères propres à chaque méthode.

Ce déplacement dans les critères de reconnaissance est accompagné d'un affaiblissement du pouvoir de reconnaître qui était celui des syndicats : en effet, s'ils ont eu une place dans la fédération qui attribue le CEP au niveau national, leur représentation dans la fédération nationale est très réduite face à la représentation des écoles et des organisations nationales de méthodes qui défendent ensemble des critères "par méthodes" plutôt que des critères pour l'ensemble de la profession — les critères du praticien.

Ce clivage est vite apparu à l'intérieur de la FFdP : d'un côté une soi-disant "majorité" composée de représentants des écoles et des méthodes ayant une organisation multinationale forte — une des fédérations de Gestalt, l'AT et la Psychodynamique — et de l'autre une soi-disant "minorité" composée des représentants des syndicats et des écoles et méthodes plus sensibles à la multiréférentialité et aux critères de reconnaissance professionnelle communs. C'est ce que reflétait le témoignage d'un des leaders de l'EAP à la dernière AG du SNPPsy : "Il faut reconnaître que les syndicats ont été très maltraités à la FFdP."

Les caractéristiques du CEP

Au niveau européen, l'EAP a produit une reconnaissance par les méthodes : le CEP apparaît comme le plus grand commun dénominateur entre les exigences de chaque méthode par le moyen de quantification de la formation en heures pour les quatre grands critères, et par la neutralisation des critères impossibles à respecter par les méthodes psychothérapeutiques non relationnelles — systémiques, comportementalistes ou cognitivistes — grâce à la formule "ou équivalent". Il reste peu en commun.

Une fois l'absorption des grands-pères dans le CEP faite, les futurs CEP seront attribués par la seule obtention des diplômes délivrés par les écoles, elles mêmes agréées pour délivrer ces diplômes par les Fédérations nationales, les Fédérations européennes de Méthodes et l'EAP. Les Méthodes et les Écoles ont, dans ces trois institutions, nous l'avons dit, repris tout le pouvoir de formation et de validation des professionnels.

D'autre part, le CEP tel qu'il est aujourd'hui, privilégie plus les formes universitaires d'acquisition de savoirs, que les formes de transmissions du Savoir-être et des savoir-faire, pourtant apparemment compris dans les critères professionnels de la déclaration de Strasbourg.

La France devrait apprécier ce type de formation inspirée du modèle universitaire, ont supposé les dirigeants de la FFdP. Et un diplôme européen, même non reconnu par les États, devrait attirer les professionnels de la psychothérapie qui n'ont pas de titre universitaire. Dans cette perspective, l'un des responsables de la FFdP [il s'agit de son deuxième Président, Michel Meignant — PHG 2019] a pu dire que les syndicats auraient disparu de la scène française d'ici trois ans.

La procédure d'Arbitrage prévue dans les statuts de l'EAP

Nous avons pensé que nous pourrions agir au niveau européen, dans l'EAP, pour obtenir une disqualification par l'EAP des méthodes de la FFdP et assurer, dans un premier temps, un contrôle sur l'attribution des CEP en France, dans un deuxième temps obtenir la qualité d'ONA que la FFdP avait obtenue de l'EAP par des déclarations mensongères.

Ayant saisi le Conseil d'Administration de l'EAP, celui-ci nous a répondu que les plaintes que nous formulions concernant la FFdP relevaient d'un jugement de la Cour d'Arbitrage. Nous avons donc saisi l'EAP d'une demande d'arbitrage et instruit les plaintes. L'audience de la Cour d'Arbitrage s'est déroulée le 1er juin 99 et a abouti à un accord entre la FFdP et nous qui nous donnait un droit de veto sur l'Attribution des CEP pendant six mois et créait un comité paritaire qui établirait les règles de fonctionnement communes à la FFdP et l'AFFOP pour la représentation nationale auprès de l'EAP et l'attribution de CEP.

La FFdP a continué à instruire les dossiers de candidature au CEP sans respecter l'accord de Jussieu. Elle a publié un annuaire de psychothérapeutes français membres de la FFdP sans vérifier que les personnes dont les noms étaient publiés aient donné leur accord et qu'elle aient réellement adhéré au code de déontologie dont l'annuaire disait qu'elles y avaient adhéré.

Nous avons sollicité l'intervention de la Cour d'arbitrage pour l'interprétation de l'accord de Jussieu. Vous en connaissez aujourd'hui la réponse. Nous avons donc à décider quelle politique suivre concernant nos rapports avec l'EAP, la FFdP et le CEP.

Les dysfonctionnement de l'EAP

Le CA de l'EAP comprend plus de 100 membres — les représentants des méthodes, les représentants des pays plus les élus aux postes de responsabilités - , ce qui rend difficile un débat sur les motions préparées par le Bureau. Un nombre de plus en plus grand de membres sont les représentants des pays de l'Est dont le contact le plus fort est le Secrétaire Général de l'EAP, ce qui assure une majorité automatique pour les positions que celui-ci défend au CA et pour sa réélection chaque année.

Si on ajoute que le Président change tous les ans, qu'il a la charge d'organiser le Congrès annuel de l'EAP, il a peu de temps à consacrer aux problèmes de gestion de l'Association vis-à-vis desquels il est plutôt sans pouvoir.

Le véritable pouvoir est entre les mains du Secrétaire Général, Alfred PRITZ, et de 6 à 10 personnes qui sont en place de façon permanente depuis plusieurs années. Cela fait penser à Montesquieu : plus le royaume est étendu, plus les peuples qui le composent sont différents les uns des autres, plus le pouvoir est autocratique et centralisé ; cf. l'empire autrichien, l'empire russe, etc.

Depuis Montesquieu les moyens modernes de diffusion de l'information ont changé les données : le partage de l'information et des décisions est devenu possible entre personnes très distantes, de langues différentes, ce qui permettrait à l'EAP, si tel était son désir, de fonctionner de façon plus démocratique.

Le fonctionnement peu démocratique actuel est contagieux : c'est en partie pour des raisons de cet ordre que s'est produite la scission de la FFdP.

Construction de relations avec les autres fédérations nationales européennes : l'UKCP.

Dans la même période l'organisation anglaise, UKCP, mécontente de ce fonctionnement et inquiète de la façon dont le CEP commençait à être distribué sans respect des règles établies à Rome en 1997 et grâce à l'utilisation d'une clause du grand-père mal préparée et mal définie, a décidé depuis le CA de février 99 de fermer le local mis ‡ la disposition de l'EAP dans ses locaux de Londres, de ne plus participer aux CA et aux décisions jusqu'à ce que le fonctionnement de l'EAP soit réformé, de geler l'attribution de CEP en UK jusqu'à juin 2000, et de se retirer de l'EAP après cette date si des améliorations substantielles ne sont pas obtenues dans les deux domaines majeurs causes de la crise actuelle : fonctionnement de l'EAP et attribution du CEP.

Le plus grave problème qui se pose à l'EAP aujourd'hui n'est pas un problème d'amélioration technique du travail du CA et du Bureau, mais de partage du pouvoir.

La personnalité du Secrétaire Général en est une des causes, mais le fonctionnement réglementaire et statutaire, qui n'oblige pas à une concertation suffisamment large et à des prises de décision plus participatives, est une cause autrement importante. Une simple mesure technique comme celle qui a été proposée "pour améliorer le fonctionnement du CA", est donc apparue comme inadéquate aux membres de l'AG de juillet 99 qui l'ont rejetée.

Nous avons en juillet adressé à la présidente de UKCP un courrier contenant notre analyse de la situation actuelle de l'EAP. Elle nous a répondu qu'elle la partage.

Nos contacts récents avec elle nous ont informé que les conversations avec les responsables de l'EAP concernant les réformes des statuts de l'EAP et de ses modes de fonctionnement n'avaient pas continué depuis juillet et que l'UKCP envisageait d'autres solutions européennes. Elle nous a renouvelé son assurance que l'AFFOP était l'organisation française de psychothérapie qu'elle associait aux projets de l'UKCP.

D'autre part, l'UKCP est entré dans une phase de négociations très actives avec le gouvernement anglais pour légiférer sur l'exercice de la psychothérapie en GB. Je l'ai informée de la situation française actuelle —tant de la procédure d'arbitrage entre la FFdP et l'AFFOP que des contacts avec le Ministère de la Santé pour la réglementation de la psychothérapie en France — et il est convenu que nous allons continuer à échanger régulièrement des informations.

VII — DÉFENSE DE PRINCIPES DANS LA CONSTRUCTION DE LA PROFESSION

Les rythmes sociaux de notre travail et de notre vie institutionnelle veulent que le président d'une association, même fédérative, présente aux membres de l'association réunis en Assemblée générale un rapport moral. En finissant de préparer celui-ci je me disait que l'Éthique est un des piliers majeurs de notre profession et qu'au delà de nos limites personnelles, institutionnelles, et autres, et malgré nos erreurs, un commun accord nous réunit sur des principes simples dont j'ai essayé de faire une liste rapide et donc incomplète, mais qui explique pourquoi nous avons pris nos distances avec des confrères dont les comportements institutionnels ne nous paraissent suffisamment respecter ces principes.

— faire passer la qualité avant la quantité

— respecter la place des différents types d'organisations qui s'occupent de la psychothérapie et leur rôle historique

— respecter dans les rapports entre professionnels les mêmes principes éthiques que ceux que nous défendons dans nos rapports avec nos patients

— promouvoir la profession de psychothérapeutes et non les méthodes d'abord en nous opposant à l'idéologisation des méthodes, à la fétichisation et à la commercialisation du CEP, au refus de l'analyse institutionnelle et politique de ce que sont la FFdP et l'EAP.

L'année a été difficile car il a fallu faire face sur plusieurs fronts. La période est cruciale pour la psychothérapie en France depuis et à cause du changement de position du Secrétariat d'État à la Santé concernant la réglementation de la psychothérapie, et des effets du comportement de la FFdP et de la Déclaration de Strasbourg sur les professions voisines. L'année qui vient sera aussi difficile dans les relations avec l'EAP avec qui nous avons à conduire jusqu'au bout la procédure d'arbitrage et la demande qu'elle réforme son fonctionnement. Mais il est clair aujourd'hui que la priorité va maintenant au travail avec les pouvoirs publics français pour la réglementation de notre profession.

Je vous propose un projet pour l'année prochaine en Annexe.

Mes remerciements vont en particuliers à Michèle TORDJMANN qui a continué à nous apporter son expérience des organisations internationales et des relations entre communautés de culture différente, à Alain NAISSANT et à Philippe GRAUER avec qui l'équipe de proximité a très efficacement fonctionné, à Michael RANDOLPH malgré les kilomètres, à Marie BOUTROLLE et à tous les membres du CA qui m'ont beaucoup soutenu dans cette période difficile, à Serge BEAUGRAND qui nous a accueilli dans ses locaux, au SNPPsy qui nous soutient en moyens matériels avec l'aide de Christine BIDEAULT, à Philippe BOUTROLLE qui nous a apporté son expérience dans le domaine juridique pour l'amélioration de nos statuts et la rédaction du projet de règlement intérieur, à Alexis TUTAJ pour son travail pour l'Appel, à la FLdP qui a pris en charge une partie de nos réunions, à ma secrétaire Françoise LAIK qui travaille presque plus pour l'AFFOP que pour son employeur, à mes patients qui, depuis un an et contrairement à mes principes antérieurs, entendent les appels de ma ligne téléphonique directe pendant leur séance.

Jean-Michel FOURCADE, président


ANNEXE : PROJET POUR L'ANNÉE 2.000

I — Construction de l'AFFOP

— Augmenter la vie interne de l'AFFOP par le renforcement du Secrétariat Général

— Augmenter la vie propre des Collèges

— Réussir la Journée de Bordeaux

— Faire fonctionner les Commissions statutaires

— Adhésions : produire les Critères

— Éthique : produire notre Code de DÉontologie

— […] les finances

II — Avec nos collègues Français

— publier "Le Manifeste"

— publier le journal de l'AFFOP "Psychothérapeute"

III - Avec les autres acteurs de la Santé mentale

— réaliser le programme de contacts que nous avons établi au CA du 21-10-99 pour aboutir à une journée nationale des États généraux de la Psychothérapie avec des   représentants de toutes les professions de santé mentale

IV — Avec les pouvoirs publics

— Rechercher les appuis politiques

— Agir avec le Secrétariat d'État à la Santé

— Proposer des alternatives à la proposition de loi Accoyer

V — Avec la presse française

Écrire des articles à proposer aux journaux

VI — L'Europe

— Achever la procédure d'arbitrage

— Développer les relations avec les fédérations nationales qui ont des sensibilités proches de la notre

- […] projet européen alternatif


19 sept 2019 : octobre-décembre 1998 – Création de l’AFFOP par scission

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GRAUER PhilippePratique du multiplePour une formation à la psychothérapie relationnelle intégrative et multirérentielle

[Voir] in Alain Delourme (sous la dir. de), Pour une psychothérapie plurielle, Paris, 2000, éd. Retz, 282 p.- [/voir] PRATIQUE DU MULTIPLE Ne demande jamais ton chemin à quelqu’un qui...
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IABFSInstitut d'Analyse Bioénergétique France Sud

Analyse bioénergétique France-Sud, agréé

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AFFOP

Fédération regroupant un syndicat (SNPPsy), des écoles, des centres, des associations. Pour un métier au-delà des Méthodes. Fondée en 1998, l’un des Quatre acteurs historiques de la psychothérapie relationnelle en France.

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Appel Des Appels

Regroupement de psychologues cliniciens contre la médicalisation de l’existence.

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BIBLIOGRAPHIE MISE À JOUR extraite de « La psychothérapie relationnelle », Enrick éd.

La psychothérapie relationnelle. De la naissance d’une profession à l’émergence d’un champ disciplinaire.Philippe Grauer & Yves Lefebvre

Catherine ClémentLa revue de presse : Roger-Pol Droit – Le Monde du 6 février 2014

La revue de presse : Roger-Pol Droit – Le Monde du 6 février 2014 Sous tous les climats, à toutes les époques, dans des langues aussi diverses que l’inuktitut des......En savoir plus
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