Une méchante polémique à propos d’un méchant livre
Après l’excès de gloire celui d’indignité. Freud, ni saint ni ange, ne mérite pas les actuels accès d’excès dont Onfray nous gratifie sur France-culture. Où l’on voit Onfray en ange exterminateur se retrouver exécuter selon Pascal la figure de la bête. Bête médiatique certes, sa faconde est parfois plaisante, il tient son public, mais tout de même, peu regardant sur l’argumentation et les faits, péremptoirisés. Mais l’histoire c’est pas du catch, et l’anti idolâtrie ne vaut pas mieux que l’idolâtrie. Sa pensée de philosophe rappelons-le — aucune expérience ni sens clinique, n’est pas éblouissante et hélas son argumentation ne présente pas toujours le niveau attendu.
Attendu sur France-culture ! C’est vrai c’est les vacances et les programmes d’été, allégeons-nous. Sauf que ça n’est pas si divertissant que ça de s’entendre marteler des énormités, des informations biaisées, de la pensée malhonnête. Et pourquoi surtout, en arriver là, alors que les recherches, ni pro ni anti, les recherches freudiennes sérieuses n’ont pas besoin de ça. Onfray arrive en démolisseur d’idoles déjà jetées à terre. Moins fatigant. Comme les portes ouvertes tellement plus facile à enfoncer, il s’en prend à ce qui était connu et démasque une figure depuis longtemps démasquée. On connaît l’histoire du sultan qui d’un petit geste de la main ordonne aux eunuques d’ôter à chaque fois un nouveau voile à la danseuse. Distrait, d’un geste de trop il fait écorcher vive la danseuse déjà dénudée.
Onfray en est réduit à écorcher Freud. Enfin, la vérité. On en arrive à la question d’éthique et non de fric, n’en déplaise à Julie Malaure. La même méthode Onfray appliquée aux religions ne volait pas plus haut. Cet homme imbu de lui-même fait feu de tout bois susceptible par l’incendie de rehausser sa figure. Là comme il s’en prend — c’est le moment opportun avec tout ce qui se passe sur la scène psy et de la santé mentale — à la psychanalyse, psychanalystes et psychopraticiens relationnels (comme vous savez les ci-devant psychothérapeutes relationnels n’ont plus droit à ce titre) ont pétitionné pour soutenir la vérité, et qu’il était peut-être indigne de France culture d’héberger ce drôle de berger pour moutons de Panurge que ne sont pas ses auditeurs.
Michel Onfray ne manque pas non plus de bassesse. Un seul exemple. À la façon années 30, il stigmatise les psychanalystes et leur avidité « bien connue ». Bien connue puisque Freud l’était, avide, au point de demander (en fin de carrière et très malade il est vrai mais tout de même) selon Onfray impavide la modique somme de 450 € pour une consultation. Qu’il s’agisse là d’une traduction anti scientifique, et pour tout dire malhonnête, puisqu’il ne tient aucun compte des remarques et études critiques, comme celle ici même publiée, tout le monde s’en fout, cela rehausse le portrait d’Onfray. Tout le monde sauf les quelques uns qui ont protesté auprès de France culture parce que c’était leur devoir d’intellectuels. Alors accourt Julie Malaure pour crier au Maccarthysme anti Onfray. Détournement de concept peu glorieux.
Voici donc la prose parue dans le Point s’efforçant de discréditer les outrés transformés en outrageurs. On peut imaginer, s’agissant de portrait, que celui produit par Onfray de Freud fonctionne sur le principe cette fois inversé du célèbre Dorian Gray.
Il est inadmissible de voir assimiler des praticiens honorables et dévoués à ceux qui recourent à eux par millions (8, je ne sais pas) pour y voir un peu plus clair dans l’affaire de leur vie, ces collègues si souvent ces temps-ci vilipendés par des politiciens à la faconde populiste, il est indigne de les assimiler aux dénonciateurs ultra réactionnaires qui firent une si triste réputation aux États-unis aux durs moments de la guerre froide. J’ai signé, nous sommes nombreux à avoir signé, la pétition demandant que Michel Onfray aille ailleurs que sur France-culture diffuser ses prêches bien biaisés et mal fondés. Nous l’avons fait dans le souci de l’honneur, car nous honorons Freud à la pensée de qui nous savons devoir beaucoup, et de la vérité, une matière première très appréciée de notre côté du Carré psy et chez les chercheurs en sciences humaines. Je me soucie bien davantage de mon éthique que de ma caisse, c’est hélas pour cette dernière proverbial. Je trouverai pusillanime de ne pas soutenir l’honneur de ces collègues, atteints non au portefeuille fantasmé de Onfray et Malaure réunis, mais au cœur et à la raison : de grâce relevons le débat.
Et relevons le défi de l’insulte, gratuite pour le coup. Quoi qu’il en soit lisez et appréciez à sa valeur le § paru dans Le Point, qui ne manque en tout cas ni d’odieux ni de culot ni de ridicule.
Philippe Grauer
Nouvelle offensive dans la cabale lancée contre Michel Onfray. Une pétition rédigée par les émules de l’historienne et psychanalyste Élisabeth Roudinesco réclame la cessation définitive de la diffusion sur France Culture des conférences du philosophe, réalisées dans le cadre de l’Université populaire de Caen. Une initiative qui n’est pas sans rappeler la chasse aux sorcières anticommuniste aux États-Unis dans les années 50. La pétition en appelle à la » diversité des voix » par la censure d’une seule, celle d’Onfray. Une contradiction dans la forme et une ambiguïté quant au fond. Car c’est lui, personnellement, qui est visé. Onfray et son » entreprise de dénigrement « , les » outrages et affabulations de ses ouvrages « , sa » tentative de destruction « . Destruction de quoi ? D’une certaine légende de Freud. Rappelons que son livre, Le crépuscule d’une idole. L’affabulation freudienne, chez Grasset, a en partie déboulonné la statue en présentant notamment Freud comme un imposteur cocaïnomane, un incestueux avide d’argent et de gloire, inventant des preuves pour étayer ses théories. Vérité pour Onfray, révisionnisme pour les psychanalystes ; le philosophe est depuis la cible d’un lynchage médiatique. Roudinesco, en tête, exerce un abondant droit de réponse au nom de Freud et vient de signer un ouvrage anti-Onfray, Pourquoi tant de haine, Seuil. « Elle attaque ma sexualité, la mémoire de mon père, mon intégrité. J’ai été traité de fasciste, de nazi, d’antisémite« , explique Onfray, invité à répondre pour Le Point. Plus grave encore, il raconte les manœuvres pour la suppression des subventions de l’Université populaire de Caen. La raison profonde d’un tel déferlement ? » C’est que j’ai tapé au portefeuille « , poursuit-il. Malgré les 8 millions de personnes en thérapie en France, la pétition laisse entrevoir des psychanalystes aux abois, flairant les » effets nocifs » de la voix d’Onfray sur une manne de personnes » en voie de s’adresser à des praticiens « . Un détournement de clientèle, en somme, et un sacré manque à gagner. Comme si Onfray avait visé juste (1).
Julie Malaure, Le Point, Polémique.
Si le cœur vous en dit vous pouvez écrire ce que vous pensez de tout cela directement à Françoise Vernat au Point, c’est l’adresse du pseudo Malaure, l’auteur réel de l’article saura réceptionner.
On nous signale une nouvelle adresse, plus pertinente, permettant d’atteindre son destinataire sans coup férir mais avec un coup de fou rire.