On se souvient de la réaction d’une de nos étudiantes, Sabine Sprich, à partir de quoi nous avions constitué un petit dossier concernant cette affaire qui inivitait à réfléchir sur l’articulation conduite criminelle, justice, médias. Voici que nous parvient un éventail de scénarii qui propose plusieurs versions d’épilogues correspondant à la fois au désir de l’intéressée de tourner cette page de sa jeunesse, précédemment tout de même indemnisée par le coupable, et au souci d’en finir avec un imbrogilo juridique devenu juridico poliitico médiatique, qui laisserait le dernier mot à une justice pacificatrice.
Cela fait un peu conte de Noël eh bien, va pour le conte de Noël, que le mal et la persécution connaissent cette fois un juste terme !
Philippe Grauer
Le cinéaste pourrait être jugé en son absence, et condamné sans incarcération supplémentaire
Les trois juges de la cour d’appel du deuxième district de l’Etat de Californie ont refusé, lundi 21 décembre à Los Angeles, le classement de la plainte pour relations sexuelles avec une mineure datant de 1977, demandé par les avocats américains de Roman Polanski en décembre 2008.
Mais dans leur décision unanime de 70 pages, les juges Laurie Zelon, Dennis Perluss et Fred Woods proposent plusieurs scénarios de libération au cinéaste. Parmi lesquels une condamnation en son absence qui n’inclurait pas de prison ferme, et conclurait l’une des plus longues sagas dans l’histoire de la justice californienne : » Polanski pourrait demander à être jugé in absentia, et nous sommes persuadés que le tribunal peut trouver une condamnation sans incarcération supplémentaire. «
La cour d’appel suggère aussi que Roman Polanski, arrêté le 26 septembre à Zurich (Suisse), incarcéré puis remis en liberté surveillée dans son chalet de Gstaad, accepte son extradition et revienne en Californie pour faire valoir ses droits à la justice : » Nous faisons grand cas des très sérieuses allégations de manquements à l’éthique du juge et du procureur qui ont été présentées, et nous préconisons aux parties concernées de mener une enquête et de répondre à ces plaintes. «
Pour les trois juges, une audience devant le juge du comté de Los Angeles Peter Espinoza permettrait d’évaluer les allégations de manquements à l’éthique professionnelle dans l’instruction du dossier visant le juge chargé de l’affaire à l’époque, Laurence Rittenband : » Nous exhortons tous les participants à placer l’intégrité du système judiciaire au-dessus du désir de punir un individu, que ce soit pour son délit initial ou sa fuite. «
Recours sans retour
Sous réserve que Polanski en fasse la demande écrite, son sort pourrait donc revenir devant le juge Espinoza, qui avait refusé de classer la plainte le 7 mai, arguant de la règle du fugitive disentitlement (qui prive un fugitif d’un recours sans retour).
Aujourd’hui, une instance supérieure lui suggère de prononcer une condamnation en l’absence du prévenu, et l’invite à libérer Roman Polanski, en ne le condamnant qu’au temps de prison déjà accompli.
Une telle décision pourrait donc annuler la procédure d’extradition en cours en Suisse, et représenterait, pour le réalisateur de Chinatown, fugitif depuis 1978, la possibilité de rentrer, libre, aux Etats-Unis.
Le Monde, Claudine Mulard, Los Angeles Correspondante.