RechercherRecherche AgendaAgenda

Actualités

Revenir

25 janvier 2006

Un avant-projet psychothérapicide

SNPPsy
Psychothérapeutes relationnels & psychanalystes

REFUSONS UN AVANT-PROJET PSYCHOTHÉRAPICIDE

Le ministère s’efforce de rayer la psychothérapie relationnelle de la carte. Il annonce, dans une admirable mise en scène de concertation et d’ouverture de pure forme, qu’il a tout verrouillé et que le prochain verrouillage appartiendra aux universités à qui il l’a confié, ainsi qu’à l’Administration, dans l’esprit aggravé de la loi.

Ainsi un corps d’officiers de santé mentale dénommés d’après notre nom prétendument psychothérapeutes, « mastérisés » à l’issue d’un enseignement académique confié aux psychologues, au sein duquel la psychanalyse se trouverait réduite à la portion congrue, pourrait occuper le terrain. Il s’agit de notre territoire, partagé avec la psychanalyse, dédié au procès de subjectivation.

Une psychothérapie d’État se profile, à laquelle les universitaires clairvoyants tout comme les psychanalystes soucieux de l’avenir d’une discipline à qui partout depuis un siècle l’étatisation a toujours été fatale, ainsi bien entendu que nous-mêmes, regroupés en un syndicat professionnel constamment dédié à la défense et promotion de la psychothérapie relationnelle et psychanalyse, s’attacheront à barrer la route.

En instituant un mastère professionnel « qui ne crée en aucune sorte une nouvelle profession », en nous considérant, à l’instar de la psychologie la plus réactionnaire des décennies passées, seulement comme remplissant seulement une fonction et non comme exerçant une profession, le ministère nous insulte, et manque de respect à l’ensemble de ceux qui savent que depuis des décennies nous nous sommes organisés en institutions responsables parfaitement capables d’encadrer la profession que nous constituons.

L’expertise et l’académisme n’auront pas raison de la psychothérapie relationnelle. Ensemble nous soutiendrons la cause d’une profession que nous avons su rendre honorable, dont la légitimité ne saurait échapper qu’aux aveugles volontaires, et que le déni administratif ne saurait magiquement subtiliser.

Il y a des universitaires qui se laissent fasciner par le néoscientisme, se déshonorent de chercher à partager notre dépouille avant même d’avoir pris le temps de mesurer la réalité de notre existence disciplinaire, institutionnelle et sociale, et, embarqués dans leur passion identitaire d’école, font preuve d’arrogance, de légèreté et de malhonnêteté intellectuelle. Inspirés par le neuroscientisme, l’organicisme et les thérapies à protocole dites TCC (qui jusqu’ici n’avaient pas eu le front de se prétendre psycho-thérapies) ils ambitionnent d’installer leur hégémonisme devenu d’État sur l’ensemble du Carré psy.

Incapable d’intégrer l’innovation, une certaine université entend scléroser ce qui vit, s’apprête à autoriser l’Administration à décréter quelles sont les quatre (où a-t-elle trouvé cela ?) approches « scientifiquement validées », fonçant tête baissée vers l’abîme d’un néoscientisme consternant. Elle n’en sortira pas grandie, et c’est bien dommage pour notre pays.

C’est aussi compter sans notre détermination, sans la lucidité de l’opinion et la probité scientifique et critique des professionnels sérieux et intègres. Le ministre Douste-Blazy évoquait publiquement le sérieux de nos institutions et de nos praticiens. Sa parole ne s’est pas envolée avec son départ. Nous nous attacherons à en gérer l’héritage.

Le ministère nous demande de contribuer à notre propre liquidation en lui adressant des propositions sur le nombre et la couleur des chaînes qu’il envisage de souder à nos chevilles. Nous refusons sa maquette psychothérapicide (tout comme psychanalycide, bien entendu). Il faut changer radicalement de principe. La régulation de la profession de psychothérapeute relationnel doit, articulée à la psychanalyse, être confiée aux institutions qui l’ont fait naître et se développer. Elle doit s’appuyer sur les procédures de titularisation, savoir-faire et modes d’organisation déjà existants.

Une véritable collaboration entre nos Écoles et institutions syndicales de reconnaissance et l’université est possible. Sachant que, vu la prise de pouvoir des représentants les plus réactionnaires des thérapies à protocoles dites TCC , tout traité avec l’université rongé par le ver TCC intégriste doit se voir sévèrement encadré. Alors seulement, et seulement si le décret qui en fonde le principe commence par nous reconnaître, procède à l’inventaire de notre réalité et impose à l’université le cadre d’une articulation dans laquelle elle ne se substitue en rien à ce que nous savons faire et sommes les seuls capables de faire — valider de véritables psychothérapeutes relationnels issus de nos écoles spécifiques agréées par nos institutions responsables — une collaboration maîtrisée par les deux partenaires est envisageable.

À vrai dire nos Écoles dispensent déjà suffisamment elles-mêmes de psychopathologie pour n’avoir pas grand besoin en la matière d’intervention extérieure. Nous sommes capables de garantir l’administration de ce domaine. Elles seraient davantage intéressées à collaborer dans le domaine de la recherche, mais certainement pas sur la base du scientisme, qui nie notre réalité épistémologique.

Alors, dans le respect de notre identité disciplinaire, scientifique (au sens de science humaine), et éthique, dans le respect de notre spécificité étanche au néoscientisme, pourront s’articuler de façon réaliste ses enseignements et son savoir-faire méthodologique adaptés au domaine d’une recherche qui soit la nôtre, au domaine de la clinique qui est la nôtre, ajusté aux étudiants qui sont les nôtres (ceux des Écoles que nous et l’Affop avons agréées). Sans oublier cette dimension particulière qui est la nôtre, que les étudiants de nos écoles sont des personnes la plupart du temps en reconversion sachant conjoindre en toute rigueur formation et transformation personnelle, dans le cadre d’un processus lent et approfondi.

C’est seulement à partir de telles bases, qui permettent à notre syndicat de titulariser des praticiens dont il réponde, que les psychothérapeutes relationnels méritent leur dénomination, et l’estime légitime du public. Subordonner la psychothérapie relationnelle (tout comme au bout du compte la psychanalyse) à un cursus étranger à son être scientifique et institutionnel est impensable. Les affaires concernant l’âme décidément ont bien du mal à être gérées administrativement . Le SNPPsy ne soumettra jamais ses praticiens et leurs patients à des décrets en passe de devenir scélérats.

Ensemble, résistons à l’expertisation néoscientiste académisante d’une pratique et d’une discipline que son domaine destine à rester libre et indépendante.


Le Snppsy prendra toute mesure nécessaire à la protection au soutien et maintien de la psychothérapie relationnelle, qu’il ne laissera pas confondre avec toute autre espèce de « psychothérapie ». Les écoles, étudiants et institutions spécifiques seront maintenus.