Pendant deux siècles, la psychiatrie s’est développée en s’appuyant sur quatre modèles de compréhension de l’âme et de la folie, qui lui ont permis de découvrir une explication universelle de l’univers mental de l’homme. Cette compréhension, fondée sur la raison, a été portée à son plus haut degré d’incandescence par la psychanalyse. En ce début du troisième millénaire, elle subit une dislocation, rompant le lien qui l’attachait à la psychanalyse et privilégiant une approche athéorique centrée d’une part sur le conditionnement animal (comportementalisme) et de l’autre sur le recours exclusif à la psychopharmacologie. Depuis, les nouvelles psychothérapies prolifèrent, tournant le dos à tout savoir rationnel et universel sur la psyché, au moment même où les troubles psychiques et mentaux sont en passe de devenir, pour la prochaine décennie, la première “maladie” des sociétés démocratiques. Que peut la psychanalyse face à ce nouveau malaise dans la civilisation ?
Par Élisabeth Roudinesco, historienne, psychanalyste, chargée de conférences à l’École pratique des hautes études (EPHE), directrice de recherches au département d’histoire de l’Université de Paris VII. Collaboratrice au journal Le Monde. Auteure notamment de : Histoire de la psychanalyse en France (2 vol.), Fayard, 1994 ; Jacques Lacan. Esquisse d’une vie, histoire d’un système de pensée, Fayard, 1993 ; Dictionnaire de la psychanalyse en collaboration avec Michel Plon, 1997, Fayard, rééd. 2000 ; Pourquoi la psychanalyse ? Fayard, 1999 (rééd. en poche Champs-Flammarion) ; De quoi demain… Dialogue, Élisabeth Roudinesco & Jacques Derrida, Fayard-Galilée, 2001 ; La famille en désordre, Fayard, 2002 ; Le patient, le thérapeute et l’État, Fayard, 2004 ; Philosophes dans la tourmente, Fayard, 2005.
Par Catherine Clément, philosophe et romancière, auteur d’essais comme Que sais-je ? sur Claude Lévi-Strauss, Qu’est-ce qu’un peuple premier ? éditions du Panama, octobre 2006, et de romans comme Le voyage de Théo (Seuil), Le sang du monde, Seuil), Pour l’amour de l’Inde, Flammarion.
« Quand un sujet prête à de nombreuses controverses — ce qui est le cas pour toute question qui, d’une façon ou d’une autre, a trait au « sexe » — on ne peut espérer dire la vérité, on doit se contenter de montrer comment on est parvenu à l’opinion qu’on soutient ». Virginia Woolf, Une chambre à soi.
Par Geneviève Fraisse, directrice de recherche au CNRS, député au parlement européen. Auteur notamment de La différence des sexes, Puf, 1996 ; Les femmes et leur histoire, Folio-Gallimard, 1998 ; La controverse des sexes, Puf, 2001 ; à paraître : Du consentement, Le Seuil, janvier 2007.
Par Patrick Tort, Philosophe, Lauréat de l’Académie des Sciences pour son Dictionnaire du darwinisme et de l’évolution. Prix Philip Morris 2000 d’Histoire des Sciences pour l’ensemble de son œuvre, Chevalier des Arts et des Lettres, il a créé et dirige l’Institut Charles Darwin international (ICDI). Il dirige la traduction française et l’édition savante en 35 volumes de l’intégrale des Œuvres de Darwin (ce travail devrait s’étendre tout au long du premier quart du XXIe siècle).
On a souvent pensé le sexisme, et la domination de genre sur le modèle de la domination ethnique, ou sur celui de la « race ». Le parallèle est-il fécond ? Est-il fondé ? La notion de domination est-elle une grille suffisante pour l’analyse des rapports complexes entre groupes sociaux ou entre individus ?
Par Liliane Kandel, sociologue, ex-responsable du Centre d’Études et de Recherches Féministes de l’Université Paris 7 – Denis Diderot, membre du comité de rédaction des Les Temps Modernes. A publié Féminismes et nazisme, Odile Jacob 2004.
Par Viviane Forrester, écrivain. Auteur notamment de La violence du calme, Seuil, 1980 ; Van Gogh ou l’enterrement dans les blés, Seuil, 1988 ; Ce soir après la guerre, Fayard 1992 ; L’horreur économique, Fayard, 1996 ; Le crime occidental, Fayard, 2004 ; Mes passions de toujours, Fayard, 2006.