Voir aussi notre interview sur ce maître livre, paru en octobre 2009.
Retour à la question juive, donc. Pour bien distinguer,
d’abord, l’antijudaïsme médiéval (persécuteur) de l’antijudaïsme
des Lumières (émancipateur) quand d’aucuns,
aujourd’hui, prétendent identifier le second au premier :
tous antisémites, affirment-ils, de Voltaire à Hitler. Pour
passer ensuite en revue les grandes étapes de la constitution
de l’antisémitisme en Europe. Puis, pour assister,
entre Vienne et Paris, à la naissance de l’idée sioniste –
et à sa réception dans les pays arabes et au sein de la diaspora.
Une idée, trois légitimités.
« Juif universel » contre « Juif de territoire », tel est
désormais le couple autour duquel s’organise le débat,
auquel Freud et Jung apportent une contribution décisive.
Le voici bientôt relancé après la création de l’Etat d’Israël
(1948) et le procès Eichmann (1961), tandis que gagne souterrainement
l’idée que le génocide serait pure invention
des Juifs.
Historienne, directrice de recherches à l’Université de
Paris-VII et auteur de nombreux livres qui ont fait date,
Elisabeth Roudinesco revisite aussi, dans cet essai, sa
propre histoire et celle de la psychanalyse dans le monde.