se parler, en psychothérapie, n’implique pas nécessairement un engagement intersubjectif mutuel en profondeur. Ce en quoi la psychothérapie qui se dit relationnelle demeure spécifique.
Retour sur un ouvrage de référence
la relation forte, de degré 2, n’a pas grand-chose à voir avec le degré zéro de la relation dans une queue d’autobus, ni même avec la consultation d’un expert de type sujet/objet dans laquelle l’objet c’est vous et votre malaise renommé maladie. Et que dire de l’effort pour tuer la relation.
Un volet à venir traitera des efforts pour évacuer la relation du champ, au bénéfice des thérapies à protocoles et autres modèles portés par le mouvement de la médicalisation de l’existence.
Toute psychothérapie serait relationnelle par définition puisque d’une manière ou d’une autre la psychothérapie est affaire de relation, comporte d’une manière ou d’une autre un aspect relationnel logiquement obligé. Obligé par la logique des choses — et précisément des mots. Quelle que soit la méthode, en effet, il y a prise de rendez-vous, au minimum entrée en matière et mise d’accord entre un demandeur et un expert consulté, étant entendu que les deux interlocuteurs vont essentiellement se parler, puisque ce qui définit la psychothérapie c’est qu’elle l’est, thérapie, par la parole. Ils sont donc pour commencer entrés en relation. Puis le professionnel aura indiqué la marche à suivre et les deux interlocuteurs, par le moyen d’un dialogue, quel qu’en soit le modèle, auront engagé un processus. Si ça ne s’appelle pas relation qu’est-ce qui mérite cette dénomination ? Eh bien non, la question mal posée engendre des réponses mal pensées.
En définissant un champ disciplinaire particulier comme relationnel, on procèderait par pléonasme, à partir d’une généralité écrasante. Les terminologies, souvent marquées par les préoccupations méthodologiques des professionnels sont pétries d’évidences qui ne le sont qu’à leurs yeux. Cette singularité joue ici. Ceux qui ont inventé cette désignation, aveuglés par leur découverte, n’ont-ils donc pas discerné qu’ils fondaient une expression problématique. Voulant spécifier que dans le champ qu’ils entendaient définir et restreindre, c’est la relation qui soigne, et que relation à leur yeux s’entendait avec un sens fort, au sens où en physique on parle de relation forte, précisément, ils ont créé une définition qui ne soignerait pas suffisamment son élégance terminologique. Comme souvent en pareil cas en sciences humaines, la façon de dire comporte son inverse, ce qui fait le bonheur des psychanalystes et le tourment des taxinomistes.
Ainsi celui qui a mis au point cette terminologie, transformant l’expression psychothérapie par la relation, plus claire, en accolant un déterminant au substantif psychothérapie pour confectionner une appellation, aurait-il voilé par cette opération une partie de la signifiance d’origine, tout enchanté qu’il se trouvait devant la production de cette épiphanie verbale ? Il est vrai que la langue se joue de nous, et quand nous croyons dire c’est elle qui pense à notre place. La psychothérapie relationnelle s’est nommée ainsi, cela veut dire quelque chose. Nous allons considérer dans quel cadre cela se configure. De toute façon, c’est maintenant chose faite, tout le monde a suivi, et maintenant que c’est fait la langue ayant fait autorité personne n’y peut plus rien. Il ne nous reste plus qu’à désambiguiser ce qui doit l’être.
Dommage aggravé conjointement par le fait que même si on lui passe cette faiblesse d’expression, celle-ci ne reste décidément pas aussi claire qu’elle n’en a pas l’air. Car à la difficulté d’origine s’ajoute que selon les convictions idéologico épistémologiques des uns ou des autres psys, il se pourrait bien que certains praticiens définissent la relation de façon telle que puisse se perdre de vue la spécificité que revendiquent les relationnellistes. Débat surajouté ? il s’agit des harmoniques du thème central. Pour finir il se pourrait bien que ce dernier néologisme, tout à fait récent, arrivé avec l’ouvrage de référence ci-dessus sité, nous apporte sa contribution, introduisant dans le champ conceptuel l’idée qu’en matière de psychothérapie relationnelle on se trouve face à une spécificité irréductible puisqu’elle nécessite un nouveau terme pour s’énoncer d’un seul mot, lui, univoque.
Bref que veut dire relation — et pour qui ? relationnel en psychothérapie du même nom signifie que le rapport entre les deux personnes en présence constitue la matière même mise au travail. À partir d’un cadre approprié proposé et tenu par un psy qualifié dans cet exercice particulier où l’on n’engage pas le dialogue mais où on s’engage de part et d’autre dans le dialogue (à deux ou davantage en cas de groupe) et on laisse jouer sa dynamique, on joue de cette dynamique, engendrant un processus qui conduise à la subjectivation de la personne venue se trouver là. Se trouver là (au sens plein de cette expression) à l’occasion de quelqu’un d’autre spécialisé dans ce genre d’aventure. Il faudra aussi rendre compte du terme subjectivation, qui renvoie à une théorie du sujet, concept né avec la Renaissance, dont l’acte de naissance remonterait à Descartes, relayé par Leibniz puis Kant, puis la philosophie allemande jusqu’à Hegel (le sujet absolu de l’Histoire) puis Schopenhauer puis Nietzsche, puis Heidegger[1], puis l’épisode, après la mort de Dieu, de celle de l’homme avec l’antihumanisme, et l’aventure ne s’achève pas là, elle passe par la psychanalyse, le lacanisme et la suite, dont la psychothérapie existentielle — relevant de la psychothérapie relationnelle, nous voici enfin sur nos pieds retombés. Et comme il se trouve que sujet implique ouverture à l’autre, précisément en qualité de… sujet, cela fait que nous retombons sur nos pieds deux fois de suite.
Si bien qu’à nos yeux, au bout du compte, toutes les psychothérapies ne sont pas relationnelles, ne bénéficient pas du même indice de relationnellité. Pas si relationnelles qu’en l’absence d’une terminologie soigneusement établie on pourrait le penser à première vue. Avec la relationnelle la vraie la nôtre, s’engage un processus interactif d’exploration de la dynamique de subjectivation, de la personne venue "voir quelqu’un". Il s’agit dans ce modèle de se rencontrer, d’âme à âme[2], au sens fort du terme ("le jour où j’ai rencontré mon mari"). Caractéristique, certains mots relatifs à la relation ont un sens fort et un sens faible, banalisé pourrait-on dire[3]. "Venu voir quelqu’un" disions-nous. La quelqu’unitude du psychopraticien relationnel réside dans le fait qu’il accepte de s’engager à être face à celui venu le voir, au sens de rencontrer, qu’il accepte d’être cet être humain au sens plein (après le sens fort le sens plein) à l’ouverture duquel pouvoir s’adresser vraiment (après le fort et le plein, le vrai) comme il invite la personne venue le requérir[4] à s’efforcer de le faire de son côté dans un dialogue le plus authentique[5] (n’en jetez plus !) possible[6]. Du coup, comme avec les poudres de cacao, la relation, ça dépend du pourcentage (certaines de ces poudres ne contiennent pas de cacao !). Le reste du monde psychothérapique, exceptée la psychanalyse qui peut tourner sur des principes comparables, peut se contenter d’être interactive (taux de relation à 30 ou 40 % ? ceci n’est qu’une métaphore. En telle matière tout chiffrage induit en erreur). C’est intéressant et fertile, davantage sur le versant "psychologique", mais pas la même chose. J’aimerais ici participer à dissiper quelque confusion, tenace nous avons vu pourquoi et comment, tant que n’a pas été effectuée la clarification terminologique suffisante, en tout cas nécessaire. C’est que, un mot pour un autre, le monde psy s’embrouille vite et ceux qui n’y entendent rien s’arrangeront pour occuper la place. Or notre place doit, par les temps qui courent, se voir vigoureusement définie et maintenue.
Ce travail, cette "œuvre ouverte" en devenir, consiste à mettre en jeu et au jour les ressorts mêmes de la relativité de l’un à l’autre dans le temps même de la séance (opération qui se prolonge d’une séance à l’autre). Cela s’effectue non seulement par l’implication de la personne venue demander de l’aide, protagoniste donc, mais parce que le praticien antagoniste, impliqué de son côté, se met corrélativement en état d’ouverture et accueil psychique à son égard. Cette symétrie professionnalisée fait de lui le copilote (expérimenté) de la démarche en cours, à la fois compagnon d’exploration et de découverte, témoin, garant, vigie, déceleur. Qu’est-ce qui distingue cette étonnante co-"expertise" de la banalité "relationnelle" courante (que veut dire relation pour ceux qui l’entendent dans son acception banalisée ?) ? nous nous proposons de définir plusieurs modes du se tenir ensemble, dont nous dégagerons les formules, qu’il n’y aura plus qu’à nommer pour commencer espérons-nous à y voir plus clair.
Si l’on parle psychosociologiquement en termes de groupes, organisations, institutions[7], le premier degré du se tenir ensemble c’est la série[8]. Ce que Sartre appelle, par opposition au groupe, la collection. Dans la collection les entités réunies occasionnellement, des individus[9] ont le statut d’objets. Ils se côtoient sur le mode neutre. S’ignorent. Comportement social actif codé dans "la foule solitaire"[10] urbaine, se tenir à distance respectueuse de l’intimité d’autrui. Cela peut s’écrire {1=1+1+1} où chaque (1) représente un individu. Humanisons notre formule en l’écrivant {a+b+c+d, etc.}, où chaque individu est une personne "sériale", simplifié en {a+b +c et sq}.
Il s’agit de l’ensemble juxtaposé des gens qui patientent chez le dentiste ou qui attendent l’autobus. À proprement parler leur attroupement ne constitue pas un groupe, la structuration de leur assemblage (et non rassemblement) n’ayant pas acquis les caractères spécifiques du groupe. Les hôtes occasionnels de l’abri bus constituent à peine un pré-ensemble, ils ont un objet commun, et une pratique commune séparée. La queue n’est pas encore plus que la simple addition de l’ensemble de ses parties. Elle porte déjà certes un nom spécifique. "il y avait une de ces queues au cinéma !"mais elle reste anonyme et éphémère. Relatifs à la ligne de l’entreprise de transport, les usagers entretiennent entre eux une relation d’ordre, ordinale, caractérisant leur moment d’entrée dans la file d’attente s’il y a lieu, et un tout début d’identité solidaire commune, fondée sur la tension d’attente. Ils restent isolés, pratiquent chacun pour son compte le 67 de 8 heures 10. Ils s’ignorent presque. Tout est dans le presque. Comme dans le s’ignorent. Un début de réglage de proximité sur le mode mise à distance (plus ou moins lâche selon l’espace disponible) & disposition en chaîne ordonnée. La queue est déjà un ensemble, une totalité transcendante à ses parties. une queue de 90 personnes c’est déjà une fois 90, transcendant 90 fois un. La relation entre les unités consiste à être à la fois d’être déjà ensemble, dans l’ordre, — ordonné, l’ensemble —, et à s’ignorer pour protéger l’intimité du un par un (il peut y avoir des couples ou sous-groupes, qui comptent pour un, des paquets, c’est autre chose), pour éviter l’ingérence sans avoir à pratiquer le refus. Pascal Aubrit parle de l’ignorance comme agressivité masquée. Inexact. Il s’agit du dégré zéro de l’être ensemble. Ignorer quelqu’un sur FB, c’est neutraliser une offre relationnelle. Pas tout à fait non, à la Bartelby, préférer ne pas.
Leur "non relation" ou relation désactualisée, réduite à son minimum social quant à son expression, neutralisée pour respecter les convenances — son degré zéro — consiste à stationner ensemble poliment[11]— on est déjà dans le socius[12] — sans interférer (sans se déranger en s’adressant la parole, en se regardant fixement ou en se rapprochant). Dans certains cas quelqu’un peut faire une remarque prenez la queue comme tout le monde, parlant au nom d’un "tout le monde" à peine constitué, déjà un peu mais si peu. Un tel rassemblement ne dure[13] pas très longtemps. Il peut pour certains se répéter, édifier l’amorce d’une histoire commune en filigrane, celle de se repérer comme habitués de la ligne. Minime amorce sous-groupale, restée potentielle. Ils ne se saluent pas, évitent l’intrusion, se repèrent mais ne se connaissent pas. S’ils désiraient se parler, entrer en relation, faire connaissance, il leur faudrait s’adresser la parole selon un protocole défini — à commencer par le fameux bonjour ! Entrer en relation : quel temps de chien ! S’il faut y entrer, c’est bien qu’on n’y est pas. Pas encore, entre le pas encore et le pas tout à fait. La proximité et la proxémique, allez y voir.
Degré 1, organisé cette fois, voici l’ensemble interactif {A & B}. À lire "A interaction B". Dans le système que nous proposons la relation comporte des degrés. Le degré 1 s’appellera interaction. Délicat de distinguer entre les deux termes, parfois employés l’un pour l’autre. Si nous ne prenons pas de précaution terminologique, d’ici cinq lignes personne ne saura plus de quoi il s’agit. Commençons par explorer l’univers considérable de l’interaction. L’interaction se tient à mi distance, proximité moyenne, sociale ; en psychothérapie, le professionnel mène le jeu. On est encore sujet/objet.
Dans son cadre les protagonistes, personnalisés relativement l’un à l’autre, s’étant présentés (d’où l’emploi de capitales, comme pour les noms propres), ont affaire ensemble. L’un va vers l’autre, deux individus séparés, disjoints au départ, se conjoignent en interagissant. L’entrée en conjonction commence par une interaction préliminaire que nous appellerons rencontre[14] : "— je l’ai rencontré pas plus tard qu’hier." Les sociologues parlent d’interaction sociale. Avec pour unité de base un échange de courte durée. Ce qui s’échange, en terme de théorie de la communication, s’appelle de l’information. Ces unités d’échange peuvent se succéder, avec répliques inter agissantes, effets de rétroaction, influence réciproque, enclenchant un processus. Produisant une chaîne interactive qui fait sens, qu’on pourra relater[15], structurant ce qu’on appelle une histoire. Protocole social : salutations, présentation de l’objet de la rencontre, accord mutuel, traitement de l’objet, prise de congé. Cela peut durer, en épisodes susceptibles de faire évoluer la relation qui peut changer de caractère. S’établit alors une relation dont il faudra à mesure qualifier l’évolution de l’intensité, du caractère, de la nature.
L’interaction, pour reprendre la définition qu’en fournissent Edmond Marc et Dominique Picard[11], reste l’objet privilégié de la psychosociologie et de la psychologie sociale. Nous sommes dans la relation au niveau social, les "relations humaines", dont chacun sait à quel point elles ne sont humaines et "relationnelles" que superficiellement, parfois par antiphrase.
Cela va de la "simple relation" à la relation d’amitié, plus ou moins proche en intimité et intensité, et la relation d’amour. Il faut compter aussi avec les relations familiales, claniques, tribales, d’affiliation. À rayon d’action, proximité affective et degré d’engagement variables.
Dans la pratique de nos métiers psychothérapiques, nous sommes habitués à l’exploration de la sphère relationnelle dans sa vérité, que nous appelons authenticité, sachant qu’elle n’est pas si simple, encore moins si l’on prend en compte le domaine de l’inconscient. Nous y sommes tant habitués que pour nous relation veut dire cela, quand des sujets se rencontrent d’âme à âme, d’être à être, "en vrai", en faux, de travers, révélant la façon dont leur être comme projet existentiel sonne au monde avec lequel ils sont en situation. On peut le formuler ainsi, comme encore différemment, selon la théorisation de référence. D’âme à âme signifiant de sujet à sujet, à la découverte[16]. De celui venu se chercher auprès d’un professionnel qui accepte de s’engager en relation avec lui dans cette recherche, cette démarche comme nous disons.
Question de savoir. Une relation de recherche[17] peut revêtir des aspects professionnels variés, requérant un degré d’engagement moindre, comme la consultation de spécialistes, avocat, médecins, psychologues, conseillers experts divers, coaches, " consultants" (en réalité consultés !). On peut caractériser la relation de conseil comme de délibération en présence d’un spécialiste du champ problématique considéré, afin d’éclairer son jugement et de prendre la meilleure décision possible. On est dans la cognition et l’agir : et maintenant que vais-je faire ?[18] En se faisant aider en cela par le spécialiste consulté. Bref une foultitude de professions d’aide experte. Ces experts, sujets sachants, traitent de l’objet qui se présente, le problème, avec un interlocuteur en position basse du point de vue du savoir, ce qui le fixe en position d’objet lui aussi (le Je-Cela de Buber). Bien entendu les protagonistes débattent ensemble, interagissent, passent par une succession de boucles rétroactives, s’attaquent sous la direction technique du conseiller à la résolution accompagnée du problème posé. Cela peut s’appeler, à l’ancienne, tenir conseil (souvent, des conseils sont dispensés, tant et si bien que certains se plaignent, il ne suit jamais mes conseils). Savoir et savoir que faire.
La thérapie systémique a théorisé cela et constitue une pratique d’inspiration cybernétique, souvent d’aspect hyper logique, susceptible de présenter des aspects paradoxaux très malins pour dénouer des problèmes psychologiques qu’une certaine psychothérapie individualiste ne sait pas résoudre. Le champ d’action privilégié du systémisme c’est l’interaction, astucieusement conduite par le praticien qui démêle l’inextricable familial (souvent à base de double-lien, connu depuis toujours sous l’appellation "viens ici fous le camp", qui rend fou) à coups de paradoxes créatifs. Il formule des prescriptions malines, mobilise et conjoint le cognitif et l’affectif. En hypnose éricksonienne le praticien stratège donne des consignes, influence — puisqu’aussi bien on ne peut neutraliser l’influence, feignons d’en être les organisateurs. Donc, psychothérapie directive (autoritaire donc) interactive. Manipulatrice de la névrose au bénéfice de son porteur. Territoire épistémologique efficace, intellectuellement plaisant. Dont la tendance à convaincre par des exemples de paradoxes imparables, d’une supériorité logique et pragmatique éblouissante, peut laisser rêveur. Enfin, l’auto enthousiasme d’un système se trouvant toutes les qualités ou presque nous renvoie à une rhétorique connue, et au plaisir partagé de ceux qui le partagent.
Eh bien me direz-vous, je vous tiens ! puisque vous définissez vous-même l’interaction comme relation — de niveau 1 certes, vous avez dit 1 ? mais qu’importe — tout le monde est justifié à prétendre toute psychothérapie relationnelle, à l’instar de celle que vous venez d’évoquer ! Mieux, si le mot psychothérapie en tant qu’il relève de l’interactivité, comporte déjà le sème[19] relation, on est justifié à énoncer que toute psychothérapie est par nature relationnelle, ce qui ruine et votre argumentation et votre appellation. Tout à fait exact. Aurait-il alors fallu la désigner d’une autre manière ? c’est que nous voici dans un raisonnement logique à la Ionesco. Précisons.
Dans {A & B} soit B le dentiste. Consultation sur rendez-vous. Les protagonistes se connaissent ou vont faire connaissance[20], communiquer, interagir. Exposé du problème, exploration, diagnostic, stratégie de soin, mise en œuvre. Côté action, chez le dentiste les rôles sont caractérisés et partagés, tout comme la nature de leur relation réciproque. Comme m’avait confié un ami dentiste en plaisantant, dans certains cas ce dernier adore, que son patient bouche maintenue ouverte, ne puisse pas lui répondre. On voit ici que l’interaction avec un expert médical ne requiert pas de la part de ce dernier qu’il s’implique dans autre chose que le soin à prodiguer. On ne lui en demande d’ailleurs pas davantage, le pauvre n’est pas psy, et ça n’est pas toujours forcément plus mal (sauf que dans certains cas précisément on s’en plaigne : vivre est difficile, exercer son métier aussi). Dans le cadre de la déontologie du serment d’Hippocrate, il soigne l’abcès à la racine de la dent D2 de l’usager A. Qu’il rassure si ça se met à faire un peu mal. Leur "relation" est de type praticien — sécurité sociale et mutuelle / patient porteur d’une pathologie. On peut même retourner la proposition et soutenir qu’il s’agit d’une pathologie présentée par un porteur du nom de A (avec lequel rester courtois, avoir un "bon relationnel"). Interaction sociale connue, de l’ordre de la socialité ordinaire, de l’entente d’une plainte organique, dans le cadre d’un problème de santé[21] (nous réservons le mot souci à la dimension psychique du souci de soi). Nous voici dans l’univers de la médecine scientifique[22]. Ça se corse quand le médecin est psy ou quand le psy joue au docteur.
Quoi qu’il en soit l’interaction étant la chose au monde la mieux partagée, règne sur le monde de l’aide et du soin[23]. De caractère social indéniable, que pour cette raison on peut dire faible, comme on parle de forces faibles en physique en parlant du rayon d’action. S’agissant du psychisme l’interaction, de force faible, n’implique surtout pas que le praticien prescripteur s’engage de sujet à sujet avec son client sans trop savoir où il va, alors qu’il doit surplomber la situation, certainement pas l’y rejoindre[24]. Quant au monde du travail "les qualités relationnelles [y] deviennent nécessaires", titre Le Monde du 29 mars 2018, "le sujet est au cœur des Troisièmes Rencontres de l’emploi." De quoi s’y perdre. Plus ils en parlent moins ils le font. Ne nous y laissons pas prendre, ne faisons pas comme eux, embarqués dans une terminologie qui rappelle fâcheusement la "confusion des langues" qu’avait repéré Ferenczi, relativement au domaine de la tendresse.
Nous avons pour le besoin de la démonstration détourné le signe ® de son sens ordinaire, pour signifier une relation d’ouverture intersubjective particulière, d’entre ouverture mutuelle au niveau de l’âme[25]même, dans un cadre rigoureusement protégé par sa professionnalité, exactement comme naguère par son caractère sacré. La personne qui entre dans un tel espace psychothérapique est venue disions-nous "voir quelqu’un", rencontrer quelqu’un d’autre professionnalisé psy, à qui elle pourra parler d’elle dans un rapport de confiance confidence fidélité (trois fois la même racine : foi) garanti par la confrérie, dans une relation d’ouverture psychique réciproque, sur fond d’acceptation amicale (considération positive inconditionnelle ou neutralité acceptante). En telle occurrence A et B sont sujets, co-sujets. Ils s’explorent et se choisissent. Le poste B est un poste de sujet a priori. Ce qui nous situe dans l’intersubjectivité vécue au moment même entre les deux protagonistes. L’espace poinçonné ® prend en charge la dynamique se développant entre A et B, l’ensemble faisant plus que la somme des parties. À vrai dire pas plus que, précisément d’un autre rang, matriciel. Et moteur : matrice motrice. Dans ce cadre, chaque protagoniste engagé au même degré d’implication, la matière relationnelle sera travaillée, sous la conduite du praticien. Le praticien engagé dans le processus devra en plus intervenir de façon à ce que ce qui se passe entre les deux à un niveau de répercussion intime s’éclaire, et favorise non seulement une prise de conscience mais une transformation. C’est l’évolution de la relation qui déterminera le processus de changement souhaité (et redouté) par la personne venue demander de l’aide pour se sortir d’une situation dont elle ne parvient pas à se dégager par elle-même. Méthode ? de plusieurs types mais exigeant une qualité d’engagement et un niveau d’écoute approfondi ménageant au processus de subjectivation de l’hôte tout son espace relatif. Quelques grandes méthodes rationalistes connues, comptables sur les doigts d’une main, en tout cas pas plus des deux. Capables de tenir une relation dont on pourrait métaphoriquement chiffrer la puissance (au sens mathématique du terme), au haut d’ "une échelle de 1 à 10" qui veut dire moins que ça en a l’air car une telle métaphore dénature la réalité qu’elle prétend faire semblant de chiffrer.
Bien entendu le praticien est formé spécialement à cela. Il a lui-même effectué un cheminement de ce genre, sous bonne escorte, auprès de collègues bien professionnalisés. Il a appris ce métier particulier, très particulier. Inventé par Freud au siècle dernier, ayant évolué, bénéficiant de toute une histoire et d’une longue recherche collective. Un métier notons-le au passage qui ne se transmet pas à l’université[26]. Petit problème connexe. La confrérie syndicale ou associative[27]e[22] cautionnant de sa garantie solidaire la valeur éthique et technique des praticiens qu’elle confirme. Au terme rappelons-le d’un mécanisme à double détente, diplôme privé + confirmation d’une titulature d’exercice.
Dans cet espace relationnel du deuxième type, le travail relationnel s’effectue dans l’ouverture d’âme à âme, d’être à être[28], le cheminement s’inventant à deux, à partir de l’évolution, de la dynamique de la relation entre les deux. Évidemment les motions psychiques sont complexes, comportant les détours du transfert, l’avènement de la catharsis (mobilisant l’instance psychocorporelle), l’irruption de surprises et d’accidents de parcours, des coups d’inconscient, de travail de rêve. Le tout selon des méthodes diverses, la psychothérapie relationnelle désignant un champ disciplinaire et non une méthode particulière. Noter que dans un cadre intégratif, la thérapie systémique comme d’autres peut se trouver mobilisée, dans la panoplie des méthodes, couplée avec une autre méthode qui procurera à l’ensemble notre dimension relationnelle 2. On comprend comment peut résider là une source de confusion.
En baptisant la psychothérapie relationnelle de la sorte nous attirions l’attention des professionnels et du public sur la spécificité d’un champ psy qui fait contre-champ à celui qui prévaut dans l’espace de la médicalisation de l’existence où des experts armés de protocoles proposent d’éradiquer le symptôme sans avoir besoin de déterminer ce qu’il signifie pour la personne (ou le groupe familial, ou un couple) qui l’a mis en place pour sauver sa peau. Nous avions l’intention de dégager la silhouette scientifique des deux systèmes psychothérapiques s’occupant de la dynamique de subjectivation, de faire en sorte que la personne concernée parvienne à engendrer en relation quelque chose comme un sens de sa vie. Ces deux champs disciplinaires requièrent un type d’accompagnement très impliqué, la psychanalyse et la psychothérapie relationnelle, et un processus de transmission et de formation spécifique, non académique car à fort gradient d’implication personnelle et de sens du vécu.
Nous avons failli oublier l’antirelation. Peut-être mieux vaudrait-il la qualifier de négative. La relation à l’esclave (différents modes d’esclavagisme, depuis l’antique), à l’autre déshumanisé. Chaque fois que j’ai à faire à un autre être humain — et par généralisation à quoi que ce soit d’autre[29] — il y a de l’humanisation réciproque (solidaire) dans l’air, du principe relationnel en puissance. À l’aide d’un relatiomètre[30] qu’on peut trouver en vente libre dans n’importe quelle bonne droguerie, on peut voir s’afficher l’indice relationnel de la rencontre. Or il se trouve que ça ne part pas toujours de zéro et que le cadran connaît des gradations négatives : quand je cherche à déshumaniser l’autre en face de moi, par exemple en le dégradant ontologiquement au rang de déchet par voie d’insulte, ou en l’empêchant de me regarder quand il me parle (baissez les yeux !), si j’entreprends de le dégrader au rang d’objet dans la réduction en esclavage. Exemple type, quand je fais de lui une pièce, ein Stück, dans le régime concentrationnaire nazi, une merde juive (procédé de déshumanisation par renommisation). Étrange réciprocité et juste retour des choses relationnelles, quand je dégrade l’autre dans son humanité, je perds par répercussion de mon côté tout autant de la mienne.
Ce qui fait dire à Lévinas que j’ai par rapport à l’autre homme, à son visage, un devoir immédiat d’entretien de son humanité. Je suis homme c’est-à-dire immédiatement solidaire de la tenue de l’humanité de tout autre humain rencontré.
La transcendance existentielle, l’ouverture des frontières de mon être à un autre homme, fait que dès que nous nous approchons, dès que le contact se dispose à s’établir, nous entrons potentiellement en situation relationnelle. La formule de Plaute rien de ce qui est humain ne m’est étranger, avec Lévinas devient tout ce qui est humain m’oblige. Ceci peut avoir lieu au premier regard. Dans certaines circonstances avec certaines personnes cela se passe au premier abord, lors de la rencontre initiale. Exemple de Saïd Baba, vous approchez de lui et vous ne savez pas ce qui se passe, vous voici en larmes. On peut formuler l’hypothèse mythique que le baba en question qui vous laisse tout baba comme lui, se tient à ce moment là, siégeant, dans son être, au cœur de son humanitude, vous invite directement par mimétisme spontané réciproque, à faire de même et c’est la plénitude[31], l’ouverture mutuelle de l’être lors de la rencontre. D’entrée de jeu relation force 2. Peut-être 2+, l’extase relationnelle ?
L’exact opposé de la fermeture blindée du SS, la grande modernisation du nazisme ayant massivement investi dans le blindage[32].
Modèle Abel / Caïn. Cela se passe quand au rapport de force substitué au rapport de droit, ou lorsque le droit se voit inversé au nom d’un système de valeurs inhumain, un humain s’arroge de décider du droit d’exister de ses semblables. Quand la maltraitance et le meurtre s’opèrent à grande échelle et qu’on passe à Abel et tous les siens, c’est le crime contre l’humanité et le génocide. Ça s’est toujours fait, cela s’appelle massacre, viol, pillage, déportation, mais avec le changement d’échelle, de sensibilité et de système de valeurs, nous avons défini des termes juridiques pour décliner le tu ne tueras pas et tu ne déshumaniseras pas à très grande échelle.
On apprécie d’autant que la politesse et une certaine régulation citoyenne imposent à chacun le respect des autres à partir du moindre regroupement fortuit, encadre les sentiments individuels ou collectifs hostiles qui pourraient inopinément impulser des désordres dans la première file d’attente venue, dès qu’un climat psycho sociologico historique approchant le style fasciste se fait jour.
Quant à elle la psychothérapie relationnelle utilise les ressorts de la force 2 positive, d’une acceptation inconditionnelle positive engagée. Elle laisse se dire et se transformer tout le reste, à partir précisément de la sécurité que procure l’ouverture, à tous les sens du terme, du dialogue psychothérapique à base de relation. On mesure qu’il ne saurait s’agir, considérant cette intensité intersubjective, de requalifier à la légère toute psychothérapie selon ces critères. Pour reprendre le début de cet article, oui tout est "relationnel", mais seulement si l’on veut. Cela dépend du degré de la relation, du modèle relationnel engagé. S’aveugler aux différences critiques entre relation de surface, de degré zéro vs. Relation de type +2 que nous écrivons ®, bloque le discernement et organise la délégitimation scientifique du champ disciplinaire que nous constituons.
Si nous récapitulons, relation apparaît comme un concept graduable. Le curseur coulisse, au point que parfois on ne sait plus où on en est, et pourtant il importe de savoir entre neutralité, banalité, interaction, intersubjectivité, acceptation, confirmation mutuelle, amitié et confiance processuelles, et désir d’anéantissement de l’autre, il importe à tout moment et à tout propos dans notre domaine psychothérapique de savoir où on en est, et quelle est la dynamique. En tenant compte des jeux mouvants d’ambivalence et d’inconscient qui complexifient la figure.
Nous en avons marqué, autour d’un zéro toujours susceptible d’activation positive ou négative, deux aires. C’est d’installer celle que nous avons nommée ®, relatio, une relation d’ouverture psychique à l’autre, fondée sur le principe d’acceptation inconditionnelle provisoire (professionnalisée)[33], que s’occupent les méthodes agissant dans le champ disciplinaire de la psychothérapie relationnelle.
[1] Philosophe nazi ne s’en étant jamais dédit. Ce qui pose problème ça n’est pas tant la question de l’éthique du contempteur de l’humanisme sartrien, dont l’esprit volkish et l’antisémitisme peuvent incommoder, que le zèle des philosophes français d’après-guerre à gommer le nazisme du maître. À quoi donne suite l’ardeur de nombreux gestaltistes français à négliger ce détail. Au demeurant la phénoménologie, qui doit beaucoup à Heidegger assurément, quoique tout de même il ne soit pas l’inventeur de la finitude, s’illustre encore de Merleau-Ponti, Sartre, sans compter Patocka, d’une qualité morale admirable, lui, ni oublier Husserl, le maître du renard de Messkirch, ni Jaspers, qui, lui, s’est préoccupé de l’après Auschwitz.
[2] Qu’est-ce qu’une âme ? un psychisme, une conscience ? un sujet ? autant de termes à définir. Conservons le principe de l’âme, toutes considérations religieuses mises à part.
[3] Nous serons conduits même à en examiner par la suite les sens dépréciatifs, ce qui fait de "relation" un objet complexe, sinon l’esquisse d’un concept.
[4] Quérir quelqu’un pourrait-on dire, ce qui permettrait de l’appeler requérant. Et puis quérir vaut mieux que guérir. On ne guérit pas de la condition humaine. Question restant ouverte, prendre en charge son malaise signifie-t-il se "guérir" de sa névrose ? L’empreinte médico psychiatrique continue d’imprégner le débat en particulier côté psychanalyse.
[5] Cette proximité à soi en vérité est difficile à pratiquer. Soit dans la problématique freudienne par étrangeté à nous-mêmes du fait du "sujet de l’inconscient", expression obscure et inquiétante, soit par incapacité de nous en tenir au "fond" de nous-même, là où précisément nous nous ignorons. On peut y opérer des percées, des moments de vérité de soi (la dimension psychocorporelle aide mais il faut s’y connaître) à vérifier vues les ruses du psychisme. Avec maintenu le principe de responsabilité. La condition humaine c’est du genre complexe.
[6] Référence, le Je-Tu de Buber. On est dans la relation de sujet à sujet. Deux quelqu’un appareillés, celui qui entreprend la démarche quelque peu en errance par rapport à sa propre subjectivité, dont le praticien fait l’hypothèse, réglant l’échange sur cette visée.
[7] Georges Lapassade, Groupes, organisations, institutions, Gauthiers-Villars, [1965] 5è édition, 2006, XLIV-272 p.
[8] Évidemment il y a le couple. Pas la place ici, sinon pour rappeler que tout commence à trois avec la naissance puis la dyade de base mère-enfant, l’attachement et tout ce qui s’y rattache.
[9] Dans l’histoire de l’avènement de la subjectivité moderne, le libéralisme propose une dérive individualiste faisant de l’individu comme le rappelle Roland Gori un entrepreneur de soi-même, ce qui ruine la revendication de sa subjectivité. Individu, sujet, personne, autonomie, indépendance, concepts où s’interconnectent des dimensions sociologiques, psychosociologiques, politico juridiques, éthiques, nécessitent une définition rigoureuse que nous ne fournirons pas ici, nous contentant d’évoquer le problème.
[10] David Riesman, La foule solitaire, anatomie de la société moderne, Arthaud, 380 p.
[11] La politesse régule leur relation comme membres de la queue, négativement, "prenez la queue comme tout le monde", positivement, entraide aux personnes embarrassées. Cf. Dominique Picard, Politesse, savoir-viree et relations sociales, Puf, 127 p.
[12] Tendance de l’animal politique à vivre en groupe, à être social.
[13] Qui dit durée dit lien. Une autre fois !
[14] À distinguer de la Rencontre coup de foudre, plongeant directement dans un espace hyper relationnel, sorte d’extase de la relation (à rapprocher de la Peak expérience de Maslow).
[15] Relater, faire une relation des faits. Même racine. À noter au passage.
[16] Le savoir du psy limité à une capacité de présence positive susceptible de favoriser l’apparition à soi dans l’entre-deux relationnel, de la subjectivité de la personne en démarche. Il ne s’agit donc pas d’un sujet qui en saurait long sur l’autre. Que l’autre le supposât relève d’une méthode particulière.
[17] Pas forcément recherche de soi.
[18] Bécaud : et maintenant que vais-je faire ? que sera ma vie ? il élargit. Et c’est souvent le cas, à l’horizon existentiel. Ça déborde sur l’être.
[19] Unité de sens.
[20] Pour cela il faut qu’ils aient fait connaissance. Faire connaissance c’est exactement entrer en relation avec quelqu’un. L’ensemble qu’ils constituent de ce fait les institue comme "relations". On caractérise celle-ci. Relation de travail, de loisir, de voisinage, de fréquentation d’un même lieu ("vous venez ici souvent ?"), de service, de soin. "Quelle était la nature de votre relation ? — Nous fréquentions le même club mais je ne le connaissais pas plus que ça." Une relation, de faible intensité par définition, épisodique, n’est pas un ami (relation continue de forte intensité).
[21] Rien à voir avec le souci de soi.
[22] Beaucoup à dire à propos de ce terme, qui peut transformer le médecin en garagiste. Quoi qu’il en dise.
[23] Oui mais voilà, il y a soin et soin. Soin et souci, souci de soi (et non de soin au sens médical), précisément.
[24] Nous n’examinerons pas ici les formes mixtes, intégratives, qui complexifient le débat.
[25] On pourrait dire du psychisme. L’âme c’est ce qui nous anime. Pas besoin d’aller plus loin ici.
[26] Conservatoire des métiers comme corpus de théories et méthodes procédurales, elle ne pourrait que collaborer en instituts à statut mixte, dont l’un se chargerait en toute liberté auto-encadrée de la formation au savoir-être et savoir faire être. La tendance exactement inverse prévaut actuellement, à vouloir universitairement et administrativement scientistiser un domaine par nature hétérogène au scientisme.
[27] Avec ses dangers de repli sectaire ou dogmatique, et son potentiel de percées remarquables.
[28] Parler d’être et nous voici rendus pas loin de la problématique heideggeienne, où exister c’est être présent à soi dans le présent immédiat du monde, dans le il y a du monde, il y a (es gibt) au sens où le monde se dispense, avec nous propulsés dedans, y évoluant, parmi et avec les autres. L’existence quoi.
[29] Donc aux machines, en particulier dites intelligentes. Nous avons de fortes tendances spontanées à l’anthropomorphisme relationnel. Et même à redouter le moment où elles prendront le dessus sur nous, parce que nous les humanisons ! effet exactement inverse de la déshumanisation, par quoi nous traitons des humains comme des machines.
[30] Dérivé du psychomètre, dit parfois improprement Graueromètre.
[31] Attention, étant donné le principe de finitude généralisé bien établi depuis la mort de Dieu, la plénitude en question demeure relative et limitée. On ne saurait remplir un récipient quelconque avec l’infini, ni confluer éternellement.
[32] D’où le fait qu’on ne soit jamais parvenu à déblinder Heidegger.
[33] Au point que si nous ne nous en sentons pas capables, au démarrage, nous avons le devoir de refuser l’engagement psychothérapique, nous contentant d’indiquer quelqu’un d’autre.