RechercherRecherche AgendaAgenda

Actualités

Revenir

3 novembre 2006

Des 7 erreurs la plus grave Sophie Bialek, Pierre Sidon, Jean-Daniel Matet

Sophie Bialek, Pierre Sidon, Jean-Daniel Matet

Communiqué de la SARP

sur la troisième version du décret d’application
de l’article 52

La SARP a dénombré six différences essentielles entre la troisième et la deuxième version du décret d’application de l’article 52 réglementant l’usage du terme de psychothérapeute. Nous les détaillons ci-après.

Pourtant il nous semble que le ministère commet ici la septième et bien la plus grave des erreurs : celle d’avoir mené en bateau l’ensemble d’une profession dans des négociations illusoires pour finir par accoucher d’un texte scélérat, entérinant le vol d’un titre forgé par une profession organisée au profit d’une université qui n’a jusque là, en la matière, aucun titre à faire valoir, qu’elle soit de psychologie ou de psychiatrie. On jugera en outre du sérieux de l’ensemble à l’aune de la persistance, à l’article 2, de la qualification comme psychothérapeute par l’obtention du diplôme de docteur en médecine… L’article 3-II, dit clause du grand-père, disparaît quant à lui en poussant dans l’illégalité des milliers de psychothérapeutes formés dans leurs instituts privés et légitimés par la confiance non démentie d’un public que ne séduisent pas les sirènes d’un savoir universitaire abstrait ou diafoiresque.

À la section II (« la formation en psychopathologie clinique pour user du titre de psychothérapeute »), on relève l’apparition, dans l’établissement du « cahier des charges », du ministère de l’Éducation nationale aux côtés de celui de la Santé, tandis qu’est rayée d’un trait de plume la légitimité des instituts privés : disparaît la mention : « Cette formation peut être confiée à l’Université ou à des organismes passant convention avec l’Université ».

Enfin la place de l’université est confirmée par la durée de la formation prévue qui passe de 150 à 500 heures théoriques, tandis que celle du stage passe de 4 mois à 500 heures. La notion de « prérequis » refait, quant à elle, son apparition pour l’inscription dans ce cursus.

Au final l’État croit préférable de stabiliser le champ psy en confiant à l’Université l’exclusivité de la délivrance du titre de psychothérapeute. C’est un point de vue… d’État. Mais que sait-on des conséquences d’un acte aussi brutal, tant dans les modalités de son avènement que dans l’extension sans ménagement de son application ? Quid de la confiance qui semblait régir les négociations entre partenaires lorsque la parole donnée est retirée en toute mauvaise foi ? Quid de la valeur d’un titre dont tout le monde saura comme il a été usurpé ? Quid de l’avenir professionnel des ex-psychothérapeutes ainsi dépouillés ? Quid à l’avenir des psychanalystes dont on ne voit pas ce qui les protégerait : d’abord de la requalification des psychothérapeutes en psychanalystes, puis, les mêmes causes produisant les mêmes effets, d’un sort identique à celui de leurs amis psychothérapeutes.

Enfin, on ne peut que craindre de voir ce déferlement législatif finir, de proche en proche, par s’attaquer aux moindres signifiants de la langue après avoir voulu écrire l’Histoire : réduite à une gesticulation impuissante, la représentation nationale verra désormais son emploi réduit à celui d’écrire le dictionnaire. Il y a une urgence politique.

www.forumdespsychiatres.org