LE FORUM DU 7 FÉVRIER
Inscriptions : chèque de 20 euros à “Forum des psys”, 15,
place Charles Gruet, 33000 Bordeaux ; étudiants de moins de 26
ans : 10 euros ; inscriptions sur place possibles.
La Mutualité, 24, rue Saint Victor Paris 5e
Fort heureusement la psychothérapie relationnelle n’est pas immédiatement concernée par ce mal qui gangrène les institutions publiques : Éducation nationale, Santé. À vouloir nous éliminer du club des gens bien (entre eux) psychiatres, psychologues, psychanalystes réintégrés gémissent sous le fouet soft des agents de la Haute autorité de santé, HAS, faiseurs de pluie et de beau temps en vous assaisonnant à votre propre sauce car c’est vous qui finirez par leur dire comment vous liquider. Un système pervers admirable.
Cela ne donne pas envie de se faire attribuer s’il advient le titre peu envié par nous de psychothérapeute NN.
Philippe Grauer
Éléments du programme
– Eric Laurent : Nouveaux semblants de l’évaluation
Comment les gentils « coups de pouce » et les brutales contraintes
contribuent à la mort subjective
– Cyntia Fleury : Conscience et science panoptiques
Ou comment confiner l’individu au double bind : être tué/être
criminel
– Roland Gori : L’évaluation : un dispositif de servitude volontaire
Les pratiques de l’évaluation à l’Université constituent de nouveaux
dispositifs de servitude volontaire qui participent de l’art
néolibéral de gouvernement des individus et des populations. Pour y
parvenir le Pouvoir pris par la fièvre de l’évaluation a dû
insidieusement et progressivement acter le changement de
signification de cette notion conçue comme une extension sociale de
la norme managériale dans des secteurs de la vie sociale qui en
étaient jusque-là préservés.
– Jean-Claude Milner : Le retour du travailleur idéal
Le capitalisme suppose un travailleur idéal. C’est-à-dire un être
parlant dont on n’attend qu’une seule chose : qu’il fasse travailler
un savoir-faire. Évaluer, c’est vérifier que le sujet fonctionne au
plus près de sa réduction systémique : un savoir qui ne pense pas,
qui ne calcule pas, qui ne juge pas, mais qui travaille. La
vérification sera d’autant plus concluante que les critères seront
aléatoires, infondés et sans appel. La possibilité de la
désespérance n’est pas incluse dans l’épure. La mortalité, non plus.
– Yves-Charles Zarka : L’évaluation, tribunal d’inquisition !
J’ai l’intention de montrer que l’évaluation est une forme
sécularisée des tribunaux médiévaux d’inquisition. C’est une machine
à surveiller, à persécuter, à réprimer et à tuer, mais aussi une
machine à enquêter, à scruter, établir des preuves supposées, tout
cela en vue de donner un jugement sans appel. C’est un tribunal sans
aucune garantie ni recours pour tous les prévenus virtuels, c’est-àdire
tout ceux qui ne bénéficient pas d’une protection par le
pouvoir. Mais la religion a changé : l’évaluation est l’instrument
de la nouvelle religion managériale ».
– Mathias Gokalp : L’évaluation et le comédien en entreprise
Sources documentaires et réflexion à propos de l’écriture du film
« Rien de personnel“.
– Margaret Moreau : Liens entre Evaluation, Lean et MTM (Méthodes de
Mesure du Temps)
Expérience acquise dans des grandes entreprises françaises en tant
que médecin du travail.
– Carole D. La Sagna : Éducation thérapeutique et bientraitance, les
deux mots clefs de l’HAS
– François Ansermet : Contre les verdicts du futur
L’évaluation prend aujourd’hui une pente prédictive, réglant le
futur sur des certitudes ségrégatives, suivant une logique mortifère
qui fixe une destinée, face à laquelle, en contrepoint, la
psychanalyse lutte pour maintenir l’accès à l’inattendu.
– Clotilde Leguil : Contre le déluge de l’évaluation, retour à Freud
Le mot d’ordre de Lacan d’un retour à Freud prend un sens nouveau au
XXIème siècle alors que nous avons à lutter contre l’évaluation
comme nouvelle idéologie d’une rationalité technique désenchantée,
empruntant ses dogmes à la religion de la quantification, contre
tout désir de culture. En ce début d’année 2010, l’oeuvre de Freud
tombée dans le domaine public, doit pouvoir être le lieu depuis
lequel une nouvelle lutte pour la civilisation peut s’engager.
– Guy Briole : La société des Morticoles réalisée
Au pays des Morticoles ou bien l’on est médecin ou bien l’on est
malade. La caste médicale décide de la place de chacun dans une
société redistribuée par l’évaluation.
Autiste, hyperactif, asocial,
suicidaire et toxicomane, inadapté, immigré revendiquant,
consommateur excessif, chômeur déprimé, Alzheimer : la société de
l’évaluation médicale a une réponse, un protocole applicable à
toutes les étapes et circonstances de la vie. Le médecin moderne —
évaluateur-évalué — collabore en étant convaincu que c’est là, sa
responsabilité morale !
L’évaluation médicale tue le sujet ; il crie
sous le scalpel, mais le médecin ne veut pas l’entendre, ou ne le
peut pas tant il est occupé à servir le pouvoir.
– Jean-Pierre Deffieux : Chroniques de l’accréditation