Vidéo Philippe Grosbois.
Présentation par Serge Escots :
Le décret du titre de psychothérapeute pour les nuls
Publié par Serge Escots le 19 juin 2011 à 17:06
Mots clés : titre de psychothérapeute, décret.
Thématiques : psychothérapies
« Aucune malice au titre ci-dessus ! Il s’agit d’une très didactique vidéo dont le lien nous a été transmis par Hamid Zouhairi un collègue thérapeute familial à Montauban. Dans cette vidéo d’une quinzaine de minutes, Philippe Grosbois, maître de conférences en psychologie clinique et psychopathologie à Angers, et chargé de mission psychothérapie à la Fédération française des psychologues et de psychologie (FFPP) explique et démonte magistralement la stupidité surréaliste de ce décret inique.
Au-delà de l’argumentation désormais connue qui montre que cette loi promeut l’incompétence et dévalorise l’activité, Philippe Grosbois met en évidence un aspect moins commenté : ce décret ne protège pas la psychothérapie, mais seulement le titre de psychothérapeute. Par conséquent, sans mentionner le titre de psychothérapeute sur sa plaque, n’importe qui pourra toujours exercer la psychothérapie : le psychiatre, le psychologue aussi bien que le plombier !
Notre intérêt pour l’anthropologie nous fait acquiescer sans réserve aux invariants anthropologiques que le conférencier utilise dans son introduction pour définir l’activité. En revanche, une fois de plus, on néglige le fait que parmi les psychothérapeutes en activité, un certain nombre ne sont ni médecins, ni psychologues ; ce qui, à suivre les critères qu’il invoque dans la définition de la psychothérapie, ne devrait pas faire d’eux des parias.
La dette des psychothérapies aux non-médecins et non-psychologues est loin d’être accessoire… »
Par Philippe Grauer
« Avec un master même de psycho clinique vous êtes incompétents en matière de psychothérapie ». On sait définir des diplômes, pas des psychologues cliniciens. La loi n’exige aucune formation à la psychothérapie, elle spécifie seulement l’exigence master + formation complémentaire substantielle en psychopathologie.
Aux psychiatres compétents génétiquement leur formation universitaire suffit, sachons en tirer la conclusion implicite que cela signifie qu’ils sont tout simplement ignares en psychothérapie (confondue avec la psychopathologie version fac de médecine). Philippe Grosbois s’en scandalise et dénonce « une entourloupe surréaliste, une loi d’exception ». Le législateur souligne-t-il a choisi intentionnellement de faire l’impasse sur une véritable formation en psychothérapie pour lui substituer une formation en psychopathologie.
Une telle loi en principe peut porter sur le titre ou sur la protection de la pratique, avec à la clé une formation à la psychothérapie. Eh bien celle-ci n’impose pas de faire usage du titre de psychothérapeute pour pratiquer la psychothérapie. Car par elle se trouve protégé le titre, non l’activité. Dans tous les cas nous pouvons donc répondre, nous psychologues, que cette loi ne nous concerne pas.
Voici un titre qui ne s’appuie pas sur la formation attendue. Dans les pays européens les dispositions législatives et réglementaires portent soit sur l’exercice (moyennant une formation complémentaire de 5 ans), soit sur la protection véritable du titre mais avec une formation à la clé. Chez nous un psychologue peut parfaitement exercer la psychothérapie sans avoir à solliciter d’autorisation, à la condition surréaliste de ne pas s’intituler psychothérapeute !
À moins – autre débat, de se porter candidat à l’usage du titre par le jeu de la fameuse clause du grand-père, mais ça n’est pas obligatoire, encore une fois, pour exercer.
Cette analyse, pertinente par ailleurs révèle que la FFPP rêve de compléter et verrouiller la loi, assurant enfin un véritable privilège aux psychologues, avec un ordre à la clé. Cela procède du conflit psychologie – médecine, qui après l’accalmie du titre de psychologue (1985), se voit rééquilibré au bénéfice de l’Académie de médecine. Une ouverture serait-elle alors envisageable, une alliance GLPR-FFPP, cette dernière reconnaissant notre spécificité et compétence, notre réalité institutionnelle ?
La FFPP ne désire pas notre disparition puisque nous n’avons jamais existé à ses yeux, sinon en qualité de concurrents déloyaux sans qualification. Et voici qu’on découvre sous la plume de Serge Escots cette ahurissante conclusion : La dette des psychothérapies aux non-médecins et non-psychologues est loin d’être accessoire… » Vous avez bien lu « et aux non psychologues ». Peut-être ne vise-t-il que les psychanalystes non psychologues. Qui peut savoir vraiment ?
Que penser de tout cela et de tels textes mis en ligne ?
Qu’une certaine crise de conscience institutionnelle mine certains de nos collègues psys, que ça n’est pas plus mal que les choses bougent ou aient l’air de bouger. Un frémissement dit-on en pareil cas.
– psychothérapie
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