Le présent texte, destiné primitivement aux minutes des États généraux de gestalt-thérapie qui se sont tenus du 14 au 16 mars, risque de ne pas paraître en l’état, puisqu’il déborde la simple restitution de l’Atelier sur la question du titre générique de psychothérapeute conduit par Serge Ginger et Philippe Grauer.
Nous vous le livrons car, éphémère il ne présentera plus d’ici deux mois le même intérêt. Il reprend et résume certains éléments d’une période historique et rappelle les différences, conjonctions et disjonctions institutionnelles qui donnèrent naissance au concept de Carré psy.
Il fait d’autre part le point sur la situation à la fin du mois de juillet qui n’a évolué (en bien) pour l’instant que par le nombre toujours croissant de signataires de la pétition Sauvons la clinique.
La lutte se poursuit donc, pour une clinique véritablement digne de ce nom, une diversité scientifique et de voies de transmission et de contrôle responsable qui vienne de la créativité institutionnelle des quatre protagonistes du Carré psy et de leur capacité à s’accepter mutuellement et se coordonner plutôt qu’à tenter indéfiniment de l’emporter ou d’éradiquer l’autre, ce qui pourrait requérir l’intervention d’une médiation.
Réunis au sein de la {Coordination psy , la FF2P et l’AFFOP coopèrent avec leurs différences. Elles appliquent une stratégie d’action croisée conjointe, sur la base de leurs propres analyses, stratégies et tactiques, régulées dans le cadre de la Coordination psy.
Philippe Grauer}
aux États généraux de la gestalt-thérapie.
27 juillet 2008
Réunis au sein de la Coordination psy, la FF2P et l’AFFOP coopèrent avec leurs différences. Elles appliquent une stratégie d’action croisée conjointe, sur la base de leurs propres analyses, stratégie et tactique, régulées dans le cadre de cette dernière. Que la récapitulation que produit Serge Ginger des victoires successives remportées en commun grâce à un élan historique et une conjoncture qui a changé depuis, ne nous conduise pas à des conclusions triomphalistes (…).
Je me contenterai de reprendre pour l’Histoire que notre psychothérapie relationnelle a engagé en France son émancipation de la psychologie en 1981 avec la création du SNPPsy, fondé sur le principe de la reconnaissance par les pairs (le 5ème critère) qui 9 ans plus tard, en 1990, a opéré sa jonction avec le mouvement européen des Méthodes signant la Déclaration de Strasbourg (proclamant les 4 autres critères, déjà élaborés de son côté par le SNPPsy), ce qui incidemment provoqua son éviction de l’ANOP — Association nationale des organismes de psychologie, à laquelle il appartenait jusque là.
Le SNPPsy et l’AFFOP (dont le CIFP est membre fondateur agréé) s’opposent pied à pied au projet de rédaction de décret d’application de l’article 52 de la loi du 9 août 2004. Au moment où se tenait l’Atelier commun de l’EGGT sur la question du statut du titre générique de psychothérapeute, ils allaient sur le demande être reçus par le ministère de la Santé. Depuis, ils ont émis un Communiqué commun.
Nous nous sommes régulièrement battus sur tous les fronts à la fois, tant en maintenant un critique de fond qu’en nous en prenant au moindre détail, plus ou moins négociable. J’ai soutenu qu’il fallait continuer d’argumenter au fond, à savoir que cette loi du 9 août est à la fois mauvaise et mal fichue, tout en maintenant que, en attendant son abrogation ou son usure institutionnelle, nous refuserions les dispositions inadmissibles du projet de décret d’application.
C’est ce que nous allons faire, après une entrevue où l’on nous a écoutés pour n’en faire qu’à la tête du ministère, en maintenant le principe de Commissions régionales constituées de telle sorte que nous soyons assurés d’être institutionnellement liquidés par des jurys administratifs ne comportant aucun représentant à ce titre de la psychothérapie relationnelle. Nous nous disposons en conséquence à prendre toutes les mesures qui s’imposeront pour contrer le projet de décret actuellement en débat [la rédaction de cet article date d’avant l’intervention du projet d’Arrêté scélérat, cf. encadré ci infra].
Les deux points principaux de friction de la nouvelle rédaction de projet de décret sont, pour faire bref
• la composition des Commissions de désagrément , car c’est plutôt ainsi qu’il faudrait les nommer dans leur état actuel
• la question de l’ agrément des Écoles de formation telles que nous les avons agréées, en particulier dans le dispositif AFFOP, et de problématiques accords de partenariat avec une université allergique à la psychothérapie relationnelle.
Nous n’évoquerons pas ici l’ensemble des problèmes et perspectives institutionnelles, qu’examine à mesure la Coordination psy , et que dans le combat commun au quotidien nous conduisons en maintenant le contact et la concertation avec l’ensemble de nos partenaires. La psychothérapie relationnelle devenue grâce à notre action conjointe incontournable, demeure soumise au danger de devoir oublier son nom. Le terme générique de psychothérapie risque de se voir dénaturé et interdit d’usage à l’endroit de nos praticiens en psychothérapie relationnelle, ce qui constitue un comble puisque c’est nous qui avons popularisé l’appellation. Ce n’est pas rien. La lutte continue.
Mercredi 23 juillet 2008
Le temps passe le temps court (Marie Lebas), nous voici les uns et les autres avec un double combat à conduire.
– Le premier, fondamental, concerne le projet de Décret, présentement livré à l’examen du Conseil d’État. Le SNPPsy et l’AFFOP conjointement font pleinement leur devoir de ce côté-là.
– Le second, allume une querelle dans la querelle, il s’agit d’un projet d’Arrêté, que le SNPPsy a qualifié de scélérat, qui sans aucune possibilité de négociation ferait hold up à la sortie de la banque Conseil d’État au cas où la Haute Assemblée validerait l’actuel énième projet de décret, ou s’appliquerait à un décret adopté au forcing malgré son avis. Ce projet d’Arrêté régresse le Décret à de l’Accoyer d’origine aggravé, en disposant notamment que c’est le ministère de l’Éducation nationale et de la Recherche qui désigne les programmes de l’université en matière de psychothérapie, du jamais vu, sauf peut-être au Second Empire.
En échange du plat de lentilles de l’inscription au programme des « méthodes intégratives » (dans lesquelles on fourrera de l’ »intégratif » à la québecoise, fermez les guillemets) nous ne nous précipiterons pas sur l’affaire, mauvaise pour le camp des tenants du processus de subjectivation tout entier. La psychanalyse s’y trouve extrêmement précarisée, la clinique d’inspiration freudienne passant à court terme quasiment à la trappe dans ce dispositif, au bénéfice du cognitivisme devenu hégémonique. Or nous n’avons aucun intérêt, en dehors des considérations de principe et d’éthique, professionnelle et citoyenne, à laisser abaisser voire ruiner la psychanalyse dans son mode universitaire dont nous sommes les alliés naturels que cela plaise ou non (y compris à certains psychanalystes).
Puisque nous en sommes au plat, le SNPPsy et l’AFFOP continuent de penser que seule une remise à plat de l’ensemble de la question des professions du psychisme (Carré psy) et de leurs épistémologies diverses, à l’occasion composites, qui ne nécessite ni la confusion ni la discrimination, conduirait à une loi ou un décret justes.
En tout état de cause le SNPPsy et l’AFFOP combattent résolument les deux textes. Au sein de la Coordination psy, mais aussi dans le cadre d’une alliance SIUEERPP (Roland Gori) – ECF (Jacques-Alain Miller), élargie à d’autres institutions psychanalytiques (dont une dizaine de sociétés relevant du Groupe de contact).
Un point central et décisif demeurant bien entendu la lutte pour que les Commissions régionales ne deviennent jamais les Commissions de désagrément prévues dans l’état actuel du projet de Décret. Sur ce point l’alliance avec la FF2P fonctionne parfaitement. Le discours et la philosophie générale comparés de la FF2P et du SNPPsy et de l’AFFOP comportent des différences importantes (dont l’application réelle du 5ème critère).
La Coordination psy est là pour faire tenir ensemble ce qui le peut — et le doit. Unité pas toujours de conception, d’action en tout cas, dans l’alliance de la psychothérapie relationnelle avec la psychanalyse au sein du camp des tenants de la dynamique de la subjectivation, qu’à nouveau on appelle ensemble, par opposition aux psycho robotistes, les humanistes.