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20 avril 2010

Trois ans ! Laetitia Clavreul

Laetitia Clavreul

Le plus intelligent

C’EST le plus intelligent de mes trois enfants « , précise d’entrée de jeu Michel Girard, qui ajoute que, du côté des deux autres,  » l’un est commandant de bord, l’autre a fait Sciences Po et Dauphine « . Depuis un mois en demi, ce père n’a pas vu son fils Laurent, 40 ans, hospitalisé dans un établissement psychiatrique.

Après sa dernière visite, le malade a fugué durant une nuit, avant de se représenter le lendemain, ravi. Ses parents ont demandé à le revoir, mais attendent toujours une autorisation. La dernière sortie de Laurent avec sa famille, c’était il y a bientôt deux ans.

C’est à l’âge de 22 ans que, de retour d’un rendez-vous avec son psychologue, il a dit à son père et sa mère qu’il voulait être hospitalisé.  » Une douche froide « , se souvient Michel Girard, retraité et président de l’Union nationale des amis et familles de malades psychiques (Unafam) des Hauts-de-Seine. Depuis l’adolescence, les parents de Laurent et certains professeurs voyaient bien qu’il était  » en révolte « , mais aucun diagnostic médical n’avait pu être posé. Laurent est allé jusqu’en terminale, mais n’a jamais eu son bac, ce qui ne l’empêche pas de faire de la programmation informatique. On dit qu’il est psychotique.  » Il peut être envahi par des hallucinations visuelles et auditives qui le terrorisent « , explique son père.

Peu à peu, ses rechutes se sont aggravées. Après des années d’allers-retours volontaires entre son domicile et une clinique psychiatrique, le personnel soignant a estimé qu’il fallait l’hospitaliser sans consentement. Il aurait pu devenir dangereux pour lui-même. Cela a été une nouvelle étape.

Trop long

Une fois, son père a même dû signer une demande d’hospitalisation. Un moment douloureux.  » Je l’ai fait parce que cela permettait un meilleur suivi « , dit-il. Il sait que Laurent est, pour les médecins,  » un cas complexe « .

Cercle vicieux

Depuis trois ans maintenant, le jeune homme reste hospitalisé. Sa famille trouve cela trop long et voudrait quitter ce  » cercle vicieux  » dans lequel elle se sent enfermée. Si les derniers contacts de Laurent avec les siens ont été suivis d’une rechute, ils y voient le signe d’un besoin de sortir.  » Le problème, c’est qu’il tourne en rond dans sa tête, estime son père. Ce n’est pas en lui faisant mettre des lettres dans des enveloppes, une activité inadaptée à son niveau, que cela peut fonctionner. « 

Même s’il pense que son fils ne sera pas concerné, Michel Girard est favorable à l’obligation de soins sous contrainte hors de l’hôpital. Il trouve cependant le projet de loi incomplet, considérant que la réflexion doit aller au-delà du traitement médicamenteux.

Des lieux intermédiaires

Qu’il faut trouver des lieux intermédiaires pour que les malades ne restent pas inoccupés chez eux.  » Le problème, en France, c’est la barrière qui existe entre le médical et le social, conclut-il. Et le manque de prise en charge, dû à la fermeture de structures d’accueil. « 

L. Cl.