par Philippe Grauer
Chacun va y aller de son prêche tant pis, à la demande générale d’une amie j’y vais du mien et de quelques remarques. La marche du 11 janvier 2015 aura scellé, refondé, un sentiment national fusionnant fraternité, solidarité et civilisation, rafraichissant de façon tonifiante l’idée de refus du fanatisme conjointe à celle de tolérance. Nous autres psys de tous bords devrions pouvoir puiser dans ces principes de quoi confirmer nos pratiques et notre éthique qui s’y réfèrent.
Surtout n’oublions pas que c’est par la grâce de l’absence d’autocensure et la pratique systématique de l’irrévérence et de l’impertinence que nos Charlie éminents représentants du parti d’en rire sont partis cette fois sous les balles le 7 janvier rejoindre Allah le miséricordieux à la diligence de quelques imbéciles qui n’ayant pas eu le temps de lire Comment faire rire un paranoïaque se sont contentés de mettre leur fascisme à son service à son corps défendant. Cette impertinence, bien française soyons en modestement fiers, n’est pas fâcheuse style ils auraient dû faire attention à ne pas vexer les « religieux », c’est aux cons de devenir intelligents pas l’inverse.
L’impertinence est indispensable à l’exercice de la liberté d’expression, et doit rester corrosive et irrespectueuse de la stupidité de la théorie du blasphème – trois siècles de retard au minimum –, concept absolument et par définition exclu du droit laïc français. Si on vit en France on a intégré les lois de 1905, en tout cas on les respecte. Ou les islamo fascistes nous imposent de nous autocensurer donc de nous taire et soumettre, ou nous leur imposons de rester maîtres chez nous et de remballer leurs théories. Expliquer, critiquer, convaincre, débattre. Abattre jamais.
Ici un mot sur les cons. Il est capital de militer contre la bêtise et De Gaulle soupira, avisant à Paris lors de la Libération un char revêtu du slogan mort aux cons , vaste programme ! Quand on relit le reportage effectué dans Le Monde sur Mohamed Merah on se prend de pitié pour ce pauvre gosse martyrisé devenu chien enragé. Livré à la connerie militante de ceux qui à l’issue de violences et maltraitances répétées durant sa vie d’enfant puis de jeune l’ont embrigadé et formé. Bien entendu la bêtise est en nous, toujours opérante, je peux en témoigner en ce qui me concerne. À certains moments il faut la dénoncer et neutraliser quand elle s’institutionnalise. Il s’agit d’une vigilance idéologique. Quand elle prend les armes ça commence à se mettre à coûter cher. Nous y arrivons. En amont, prenons soin de nos enfants perdus. Contre la connerie l’arme absolue c’est l’amour, l’amour intelligent, un bon travail social au mieux accompagné d’une dimension psychothérapique – relationnelle !
À nous, psys, pour notre part, de jouer. Cela s’appelle l’humanisme et la psychothérapie relationnelle. Encore qu’il faille faire attention, le cumul avec la connerie reste toujours possible.
Rien n’est jamais acquis à l’homme ni sa force
Ni sa faiblesse qu’un peu d’intelligence à pimenter de la malice de la caricature peut sauver de quelque naufrage.
Voici que la liberté à la française retrouve son fondement dans l’ écrasons l’infâme de la détestation voltairienne du fanatisme, dans le souvenir du décret de septembre 1791 conférant la citoyenneté française aux juifs, dans la pensée européenne de tolérance harmonieuse entre les trois monothéismes du Lessing de Nathan le sage, le tout surmonté du halo d’irrévérence et d’impertinence typique de l’Europe française au siècle des Lumières.
Ces deux traits nationaux aisément transmissibles caractérisent notre culture. Visiblement choses au monde les mieux partagées sous nos latitudes si l’on en juge par la tonalité joyeuse de l’humeur collective du 11 janvier. L’autre tonalité de cette marche par ailleurs de deuil de l’affligeant résultat de l’application stricte de la barbarie à la résolution du problème du vivre ensemble, étant l’unanimité de proposition, de positionnement pour, pour vivre bien ensemble, solidairement.
Mais ce pour nécessite le corrosif contre des veilleurs de l’irrévérence et l’impertinence sont l’exact inverse de l’état de soumission à la volonté d’appliquer la tyrannie par la kalache qui sert de programme aux islamo-fascistes. Un contre humaniste, gentil dans le fond, qui dit ne les traitez pas de fous c’est pas juste pour les fous. Pas si étonnant après ça que les marcheurs du 11 janvier aient pris plaisir à évoquer en s’égosillant merveilleusement à faux l’étendard de la tyrannie, contre nous tous en effet levé – noir comme celui de Daesh et l’uniforme des SS –, quitte à conclure créativement en souhaitant puisque le bon pouvoir va beaucoup mieux au bout du crayon que du fusil, Que la culture nous préserve des cons ! ponponpon ! surtout ne pas oublier l’anti pompeux dernier terme.
Bénéfice annexe de la journée du 11 janvier, il apparaît que les grandes valeurs républicaines conduisent à une spiritualité laïque capable de régler les questions relatives au chapitre de la religion, dérisoire prétexte de la secte des assassins. Capital. Là encore nous autres psys relevant peu ou prou de la mouvance humaniste connaissons bien sa mitoyenneté depuis Maslow lui-même avec le domaine de la spiritualité, que de moins professionnels ou des praticiens du domaine différent du Développement personnel seraient portés à confondre, dans une démarche corrompant notre bonne pratique.
Nos patients peuvent bien nous faire si ça se met à leur chanter part de leurs pulsions mystiques, sans que nous ayons à intervenir autrement qu’en qualité de témoins leur permettant d’y voir plus clair dans cette zone comme dans les autres, du strict point de vue de la logique du processus psychique. Nous ne relevons pas, en qualité de professionnels, de confessions quelles qu’elles soient ni de la position de gourou ou de chaman. Nous pouvons rester ouverts à la dimension spirituelle sans nous en mêler directement à ce