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11 février 2013

Affaire Mitra Kadivar – il ne manquait plus que ça par Élisabeth Roudinesco, Henri Roudier, Docteur Foad Saberan

dernière nouvelle : un miracle

12 février – 17:41

Mitra «guérie» de sa schizophrénie par le «miracle d’une pétition». Jacques-Alain Miller convaincu que le «bourreau-psychiatre» va être libéré par sa «victime».

C’est comme on vous le fait savoir. Là quand même comme on dit sur le Lacan quotidien c’est un peu fort de psychotrope. Les spécialistes et l’opinion éclairée médusés cherchent le verbe pour caractériser la situation – et la porte pour en sortir pour ceux qui s’y étaient engouffrés.

libérez J-A Miller !

par Philippe Grauer

confusion

Une pétition lancée par Jacques-Alain Miller pour « libérer » une psychanalyste qui a, selon les sources les plus autorisées que nous vous fournissons ici, tout simplement été soignée dans le service du professeur Gadhiri (tenu au secret professionnel) pour un épisode psychotique, circule actuellement.

On mesure le danger de confusion qui découle de cette démarche pour l’ensemble des psys iraniens. Les psychanalystes iraniens que nous avons contactés nous ont tous confirmé la justesse de la position que vous nous voyez prendre et l’exactitude de l’information que nous diffusons.

bourde

Ces informations corroborent celles que nous avions déjà reçues de plusieurs collègues psychothérapeutes et psychanalystes qui trouvaient cette pétition douteuse, exploitant la souffrance d’une personne fragile, actuellement [en date du 12 février] dans un hôpital universitaire. Les témoignages affluent et leurs auteurs demandent qu’on les diffuse, parlant de « bourde » [nous avons censuré le déterminant accolé].

Le dialogue final que nous livrons en (3) se passe de commentaires. Quel comportement adopter dans cette affaire que notre habitude d’économiser les adjectifs nous interdit fort à propos de qualifier ? Vous informer du mieux possible et suivant le conseil du dervis de La Fontaine prier le Ciel qu’il vous aide en ceci.

lire également

– T. Savatier, « La psychanalyse entre débat et procès », Le Monde 02 04 2013.)
– Esmat Torkghashghaei à SIHPP, « Battre la campagne à Téhéran et à Paris, » mis en ligne le 17 février 2013.
SIHPP, « À propos d’un échange entre Jacques Alain Miller et Mitra Kadivar, » mis en ligne le 13 février 2013.


par Élisabeth Roudinesco, Henri Roudier, Docteur Foad Saberan

1) Communiqué de la SIHPP(1)

Paris le 11 février 2013

après enquête

Après une enquête menée par plusieurs psychanalystes français auprès de leurs collègues iraniens, il apparaît que Mitra Kadivar, psychanalyste iranienne francophone, membre de l’École de la cause freudienne, a été hospitalisée à Téhéran dans le service du professeur Mohammad Gadhiri à la suite d’un épisode psychotique et qu’elle a été soignée à l’aide de neuroleptiques classiques. Il ne s’agit pas d’un internement abusif qui serait lié à une position politique qu’elle aurait prise.

souffrance réelle

Les psychanalystes iraniens avec lesquels les psychanalystes français sont en contact, dont Olivier Douville et plusieurs autres, sont inquiets des conséquences que peut avoir pour eux et pour le professeur Ghadiri, éminent clinicien tenu au secret professionnel, la pétition orchestrée par Jacques Alain Miller, signée par des célébrités et visant à présenter la souffrance réelle de Madame Kadivar, personnalité fragile, comme un acte de résistance à l’encontre des islamistes. Il n’en est rien. Et aux dernières nouvelles, elle serait sortie de l’hôpital dans des conditions parfaitement normales.

nécessaire de diffuser ce que nous savons

Voici la lettre qui a été adressée par Nader Aghakhani, psychanalyste et psychologue iranien à plusieurs psychanalystes et à moi-même : il nous demande de tenir compte de la situation particulière de l’exercice de la psychanalyse en Iran. Rappelons qu’il existe en Iran plusieurs groupes psychanalytiques de différentes tendances. Leur histoire est connue et nous ne doutons pas qu’il sera possible de les soutenir.

En attendant de nouvelles informations, nous croyons nécessaire de diffuser largement ce que nous savons déjà de cette affaire.

Élisabeth Roudinesco, Présidente de la SIHPP
Henri Roudier, Secrétaire de la SIHPP


2) « l’Intelligentsia parisienne qui manifestement ne connaît rien de l’Iran »

11 février 2013

C’est à la demande du docteur Foad Saberan, psychiatre à Paris, de faire connaître sur nos réseaux et sites le message suivant que nous le portons ici à votre connaissance.

par le docteur Foad Saberan

Comme si l’Iran ne vivait assez de malheurs, l’Intelligentsia parisienne, qui manifestement ne connaît rien de l’Iran, vient d’y ajouter une de plus : celle d’une psychiatrie qui serait aux ordres d’un pouvoir de théologiens sanguinaires.

diagnostic par téléphone et courriel

En effet une pétition co-signée par des personnalités éminentes du monde scientifique, psychiatrique et politique circule pour « défendre » une psychanalyste de renom, Madame Mitra KADIVAR, qui a fait son possible depuis des années pour promouvoir les œuvres de Freud et de Lacan. On a même sollicité le ministre des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius pour la défendre. Il peut arriver à tout le monde de faire une bouffée délirante, même aux psys qui ne sont après tout que des simples mortels. Pourquoi ne pas la laisser se soigner tranquillement ? A quoi rime « un diagnostic » par téléphone et courriel interposés. Et si le psychiatre, le Professeur Mohammad GHADIRI, était un geôlier comment se fait-il qu’il l’a laissée téléphoner et écrire ?

restaient les psys

Par les temps qui courent, enfermer un psychiatre iranien dans le rôle d’un tortionnaire aux ordres, est grave et réveille les souvenirs des défunts régimes soviétiques. La médecine et la défense des Droits de l’homme à travers les courageux avocats, sont des rares secteurs qui échappent encore à la mainmise des théo-politiciens qui étranglent la Perse multimillénaire. Pour mémoire dans toutes les dictatures du XX° siècle, les psys, les avocats et les philosophes ont été les cibles ensanglantées des maîtres tortionnaires. Dans ma patrie de naissance, pour les deux dernières catégories, en y ajoutant les minorités religieuses mal-pensantes, c’est déjà fait. Restaient les psys…

qui portera la responsabilité de ce que les psys iraniens vont subir ?

En Iran, les tenants de la théorie du complot universel vont s’en donner à cœur joie après la grosse bourde criminelle des initiateurs de cette pétition en « faveur » de Mitra KADIVAR. La voilà promu au rang « d’agent de l’étranger » porteuses d’une « science du sexe » qui n’est que perversion de l’Occident. Qui portera la responsabilité de ce que les psys iraniens vont subir. Déjà mes confrères iraniens fulminent contre ceux qui profitent d’un malheur pour pointer les projecteurs sur une profession qui ne demande qu’à travailler dans la discrétion et le silence, au profit des patients.

Cette pétition n’aidera ni la malade, ni les confrères compatriotes d’Avicenne.

Docteur Foad Saberan, né à Téhéran, psychiatre à Paris.


3) miracle à Téhéran(2)

COMMUNIQUE DU CALM
Feb. 11 th 2013, 12 : 45 Paris Time
UN MAIL DE MITRA KADIVAR

Le 12 févr. 2013 à 07:30, Mitra Kadivar a écrit :

Cher M. Miller

Il y a des miracles qui se produisent en Iran qui font envie à ceux de la Chartre. Depuis votre campagne pour ma libération tout d’un coup ma schizophrénie guérit, puisque depuis hier soir on a arrêté mes médicaments. À vrai dire, ils n’avaient arrêté les injections que pour les remplacer par des comprimés à effets secondaires moindres, qu’ils ont arrêtés aussi hier soir. J’ai eu aussi le droit à une visite très matinale de deux des psychiatres du service, sans doute pour être les premiers à constater le miracle.

Un autre plaisir d’un genre bien diffèrent ce matin était de lire Lacan Quotidien No 290.

Je ne peux que vous prier, vous et mes autres amis, de continuer à produire des miracles.

Bien à vous

Mitra


De : Jacques-Alain Miller
Objet : Rép : miracles
Date : 12 février 2013 08:09:00 HNEC
À : Mitra Kadivar
Cc : S*

Chère Mitra, c’est vous qui produisez des miracles !
Vous allez me répondre : Non, M. Miller, c’est vous !
Moi : Non, c’est vous. Etc.

Si nous en sommes là, c’est que les choses vont nettement mieux. À moins que ce ne soit un délire à deux, évidemment. Un collègue iranien, professeur distingué qui travaille aux USA, S* me dit que de nombreux collègues iraniens travaillent à votre libération. Il me demande « to calm her down and get her to cooperate with the hospital staff to get out. »

Là, je crois que le Dr Ghadiri cherche une porte de sortie, et qu’il faut la lui donner. On demande à la prisonnière de libérer le gardien. Seule ceux qui n’ont pas l’esprit dialectique seront surpris. Je ne sais pas ce que nous pouvons faire pour accélérer les choses. Qu’en pensez-vous? Qu’allez-vous faire de gentil pour notre collègue Muhammad ? J’ai demandé à S* d’intervenir, lui, auprès du Dr Ghadiri.

Ces circuits indirects sont très iraniens, je crois. Je commence à y prendre goût. Nous allons mettre en ligne un document original aujourd’hui à 16h 00 heure de Paris. Nous avons choisi pour la couverture une image du dieu Mithra (avec un h) sacrifiant un taureau. Ce qui m’embête, c’est que la sculpture est romaine et non pas iranienne. Mais c’était le pic le + utilisable, les pics iraniens s’inscrivaient mal dans le design que j’ai choisi pour la couverture. C’est dommage. Mais c’est la version bêta. J’espère qu’on trouvera une image iranienne de Mitra (sans h) qui conviendra. Vous n’en avez pas, par hasard ?

Il est amusant que dans les références sur le mithraïsme que j’ai cherchées hier sur Google pendant que j’étais à l’atelier, il y ait toujours Franz Cumont, que j’ai lu jadis en Dover. Le dictionnaire Oxford sur les mythologies, sur Internet, donne Cumont et un autre livre de 1963. Il doit y avoir eu bcp d’autres études depuis. Vous ne suivez pas ça, par hasard, les études sur Mitra et Mithra ?

À vous, JAM