Albena Dimitrova, notre première invitée, inaugure ici une série de brèves issues de la mobilisation citoyenne à l’occasion de l’élection du Président de la République.
Qui sommes-nous, que voulons-nous, quelles valeurs nous inspirent ? Heureux les peuples jouissant du privilège de débattre publiquement sur ces questions de base, pendant que d’autres crèvent, sous les bombes, concentrationnés mourant de faim sous les coups, mourant seulement de faim, noyés en Méditerranée, soumis au mépris peureux antimigrants, ou encore confiés au garde chiourme turc par l’égoïsme "européen".
Que voulons-nous donc fondamentalement, quelles valeurs sont les nôtres ? Que pensons-nous de cette campagne électorale ? L’interrogation commence dès aujourd’hui.
Époque d’élection, notre rendez-vous privilégié. La politique s’invite dans chaque foyer. Certains évoquent une révolution, d’autres un droit universel à la vie, certains défendent le retour au raisonnable des chrétiens, d’autres le retour aux frontières nationales.
Un rendez-vous important, nous sommes tous présents et nos médias sont les premiers à prendre part et à émettre des parts pour nous offrir les tribunes des programmes et des débats constructifs. Nous les exigeons. Chiffrés s’il vous plait !
Alors, les chiffres fusent, on ajuste, on ose, on y revient, on précise, on affine. Les chiffres des meetings, les chiffres de popularité, les chiffres de la sécurité sociale, les chiffres pour l’école, l’hôpital, le chômage, les chiffres des réfugiés, les chiffres des malheurs, et les promesses chiffrées pour le mandat à briguer.
Nous voici conviés à un rendez-vous chiffré d’un pouvoir déjà élu ? De gauche comme de droite, de gauche et de droite, des extrêmes jusqu’aux centres, tout un chacun nous le promet et vante sa propre capacité de nous l’offrir au mieux et le plus grand possible. Ce pouvoir pulvérise tous les autres pouvoirs, un pouvoir sacrum, l’os des cinq vertèbres sacrées : le pouvoir d’achat.
Pour le gagner, on nous dit « en marche ! » et on marche, on nous dit « il faut se serrer la ceinture » et on se la serre, on nous dit, « il faut virer les Roms » et on les a virés, « il faut stopper les Migrants », aussitôt, on paie Erdogan et il les stoppe pour nous. Quelques inconscients, s’il le faut, on les met en prison avec sursis pour avoir tendu une main fautive à des êtres errant sur une bretelle d’autoroute.
Le marché lui est vital. Pour pouvoir acheter, il est fondamental d’instaurer des bons marchés. Mais ils sont sensibles. Ils « boudent » telle ou telle mesure, ils sont « frileux » face à telle ou telle candidature. Ils peuvent se volatiliser, ils peuvent se déplacer, ils votent à la milliseconde près. Les marchés veillent nuit et jour sur notre pouvoir d’acheter. Ils agissent « efficients », entre le typhon et la sève, ils défendent notre « cause efficiente ». Notre force créatrice première ?
Le mesurer devient essentiel. Une première mesure est nécessaire, ériger le pourcentage en unité de compte. Une unité de compte sans dimension, afin de lui attribuer toutes les dimensions. Le pourcentage ouvre la porte vers tout un chacun de nous. Libéré de dimension fixe, il jongle dans l’univers des multiples. Pour plus de clarté, on donne avec liberté, à chaque pourcentage, son exemple concret : « la femme qui élève seule ses deux enfants » a la cote du moment ; puis, viennent le « chômeur de longue durée » et « les bassins de populations isolées » ; suivent « l’entrepreneur de TPE », les « serviteurs d’état », le « professeur en difficulté », « l’interne des hôpitaux » ; et, « l’auto-preneur » fait son apparition, le « travailleur détaché » tout à côté… Des pourcentages multiples dédiés à une question toute primordiale, « que pouvons-nous acheter ? »
Époque d’élection, nous le défendons et, vous autres pouvoirs inférieurs, passez votre chemin de nos libres débats. Pouvoir d’achat, what else ?! « Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs, pas de boogie-woogie avant de faire… » vos comptes du pouvoir d’achat.
Sommes-nous devenus ces électeurs-là ?
Albena Dimitrova est écrivain-dramaturge, autrice de Nous dînerons en Français, éd. Galaade (roman finaliste du Prix des Cinq Continents).
Nous avons le plaisir de vous convier à la journée découverte de notre école de formation de psychopraticien, conduite par Pascal Aubrit et Henry Kisiel, qui aura lieu :
L’objectif de cette journée consiste à découvrir et à expérimenter le programme de l’école, les formations que nous dispensons et notre méthodologie reliée à la psychothérapie relationnelle. Elle se déroulera dans une alternance de séquences expérientielles et de temps d’élaboration. Une présentation du cursus de formation au CIFPR sera suivie par un temps de questions-réponses.
Lieu : Centre de Psychologie Biodynamique du Père Lachaise
Salle ALIZE
59 boulevard de Ménilmontant, 75011 Paris
Code immeuble : 19 B 60
Code BLOC 1 : 1519