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17 janvier 2012

Autisme – une maladie grave aux multiples visages Élisabeth Roudinesco

La bataille de l’autisme fait rage. Pas une raison pour jouer les enragés. Ni tout ramener à des procès. Élisabeth Roudinesco explique en gardant calme et raison. On arrête avec les invectives et les cliniques imbéciles, et on ne jette pas l’enfant autiste avec l’eau du bain, les bons psychanalystes et l’affaire mère avec.

Philippe Grauer

Autisme : dogmatismes en duel au tribunal de Lille [Décembre 2011]

Autisme : les emmurés de l’indicible [Novembre 2010]

Autisme : Les enfants de l’indicible peur [Octobre 2010]

– L’autisme au cœur de l’humain. Approche psychanalytique [Octobre 2010]

Autisme — halte à la désinformation ! [Mai 2009]

Autisme — lettre ouverte aux parents d’autistes, à leurs éducateurs et soignants [Avril 2009]

Autisme à nouveau [Octobre 2008]

– Henri Rey-Flaud expose avec clarté les théories, approches et hypothèses sur l’énigme de l’autisme [Mai 2008]

Autisme et impasses de la médecine chroniqués au Monde des livres [Avril 2008]


Élisabeth Roudinesco

17 janvier 2012

trop à charge

Je n’approuve pas tout ce que dit Laure Mentzel dans l’article du Monde Magazine du 13/01/2012 :«L’autisme : la psychanalyse au pied du mur» car ce texte, qui a le mérite de la clarté, est trop à charge contre la psychanalyse et la totalité de ses représentants. Elle ne cite ni Winnicott, ni Jenny Aubry, ni Frances Tustin, ni les cliniciens anglais, ni Henri Rey-Flaud, auteur d’un livre majeur L’enfant qui s’est arrêté au seuil du langage. Comprendre l’autisme, Aubier, 2008, dont j’ai rendu compte dans Le Monde.

Et pourtant ces praticiens n’ont jamais proféré de jugements mettant en cause gravement les parents des enfants autistes. Il est inacceptable de continuer à dire, comme le font bon nombre de psychanalystes – notamment ceux filmés par Sophie Robert dans le Mur – que l’autisme serait la conséquence d’un comportement des mères dites frigides, froides ou semblables à des gueules de crocodiles prêtes à dévorer leur progéniture. On ne peut être qu’indigné par de tels propos sans pour autant soutenir des solutions miracle comme le préconisent les adeptes les plus farouches de l’approche comportementale.

ce n’est jamais par des procès mettant en cause la liberté d’expression que l’on règle des problèmes aussi graves

Quoi qu’il advienne, ce n’est jamais par des procès mettant en cause la liberté d’expression que l’on règle des problèmes aussi graves, mais par des confrontations et des discussions. On ne peut qu’être indigné par l’attitude de ces psychanalystes qui entraînent la communauté freudienne française vers un désastre.

se garder d’universaliser des anathèmes

Cela fait des années que je juge très sévèrement tous ces psychanalystes qui défigurent leur discipline en se réclamant d’une psychologie œdipienne de bazar pour affirmer je ne sais quelle loi symbolique contre de prétendues mères fusionnelles devant être être séparées de leurs enfants par des pères transformés en gourdins phalliques. Ils ont déjà fait le même coup, il y a dix ans, en insultant les homosexuels qui souhaitaient adopter des enfants. Les praticiens de la psychanalyse ont le devoir d’apporter une aide à des personnes en souffrance, avec empathie et humanité, et non pas d’universaliser des anathèmes contre des patients ou des familles.

maladie grave aux multiples visages

Je regrette les attaques contre Pierre Delion, pédopsychiatre de renom (CHU de Lille), soutenu officiellement par des parents d’enfants autistes et par Martine Aubry. Il a toujours affirmé que l’autisme était une maladie grave aux multiples visages qui devait être traitée par des approches plurielles, comme le préconise d’ailleurs le biologiste français Jean-Claude Ameisen, auteur d’un excellent rapport de mai 2006 sur cette question (on le trouve sur internet et j’y souscris pleinement). Il faut cessez de faire la chasse aux mères et favoriser des prises en charge complexes en accord avec les associations de parents.