Ce communiqué de 2007, F-R Dupont-Musard nous le recommunique en rappelant que sa teneur : « Au nom d’une prétendue ouverture les équipes de recherche exclusivement référées à l’approche cognitiviste seraient légitimes, tandis que celles référées à la psychanalyse se verraient imposer d’autres perspectives » se trouvait confirmée par sa propre recherche sur les rapports de l’Aeres diffusée par lui en octobre 2009.
Le fait est qu’on ne saurait « penser essentiellement la formation des cliniciens dans le cadre de l’université, sans mentionner celle des Écoles de psychanalyse, et encore moins celle des psychothérapeutes« , sans dénaturer la profession de ceux qu’on s’apprête à revêtir du titre de psychothérapeute NN, suffisamment pour que l’envie nous prenne de nous démarquer de ce nom dont nous avions la paternité (1). Le fait est qu’on s’oriente vers des Écoles de psychanalyse, comme cela se pratique dans d’autres pays, aux côtés de celles de psychothérapie relationnelle, et que ce nouveau système de transmission finira bien par s’officialiser, comme dirait Corneille, en dépit de l’envie. Il reste constant que côté « inventions offensives » notre mouvance et nos écoles agréées ne sont pas en reste.
La liquidation de la clinique dans les institutions de soins (noter le s pluriel qui démarque cette discipline de la nôtre où l’on prend soin, au singulier à tous les sens du terme, de soi) contre quoi s’est élevé le Sauvons la clinique puis l’Appel des appels relayant la protestation plus largement, répartirait celle-ci de notre côté, sauf que l’affaire est loin d’être si simple et continue d’engager notre devoir de solidarité.
Philippe Grauer}}
MUPP Communiqué juin 2007 :
La chasse à l’approche psychanalytique dans les enseignements de psychologie semble en passe de s’accentuer. Une pétition inspirée du Livre noir et des approches anglo-saxonnes (« The petition ») veut faire croire que cette approche posséderait un « monopole de formation » qu’il s’agirait de tempérer par une diversification des enseignements. Elle passe sous silence que l’orientation cognitiviste est largement dominante dans les enseignements de psychologie dispensés par les universités françaises. Les auteurs (anonymes) de cette pétition veulent ignorer que certaines d’entre elles sont déjà parvenues à bannir toute référence à la psychanalyse, tandis que d’autres s’appliquent avec insistance à y parvenir. Rares sont les lieux universitaires où l’enseignement de la psychologie clinique échappe encore à la chappe scientiste qui appréhende la singularité du sujet comme une scorie déplorable.
Derrière un apparent souci de diversification des enseignements transparaît une volonté d’éradiquer tout ce qui subsiste de référence à la psychanalyse. En témoigne le souhait de soumettre les travaux des psychologues cliniciens aux « mêmes critères d’évaluation » que ceux utilisés en un autre domaine : « celui de la productivité scientifique ». La spécificité épistémologique des études cliniques est balayée sans être interrogée. Même les approches Rogériennes, ou familiales, pourtant mentionnées dans « The petition », ne sauraient longtemps trouver place à l’Université, si elles devaient se soumettre à des critères scientifiques d’évaluation, inaptes à saisir leur spécificité. Au nom d’une prétendue ouverture les équipes de recherche exclusivement référées à l’approche cognitiviste seraient légitimes, tandis que celles référées à la psychanalyse se verraient imposer d’autres perspectives ! Bref chacun aura compris que derrière un apparent souci d’équilibre se cache une volonté totalitaire de subordonner toute approche des phénomènes humains au discours de la science(2).
Dans ce contexte, le « Manifeste pour les pratiques et formations cliniques » établit un constat de liquidation en cours de la clinique dans les institutions de soins et de formations auquel nous souscrivons. Cependant, il s’agit d’un texte rédigé dans une perspective universitaro-centriste, qui pense essentiellement la formation des cliniciens dans le cadre de l’université, sans mentionner celle des Écoles de psychanalyse, et encore moins celle des psychothérapeutes. De tels silences portent en germe des conceptions qui pourraient s’avérer fort divergentes de celles du MUPP quant à la formation des psychanalystes.
Le MUPP tient ferme sur le fait que la formation des psychanalystes s’effectue en-dehors de l’Université, non pas en raison d’un accident de l’histoire, auquel il pourrait être remédié, mais pour des raisons qui tiennent à la psychanalyse elle-même. Le savoir spécifique du psychanalyste n’est pas une connaissance intellectuelle, qui puisse s’acquérir par l’étude, mais un savoir issu d’une expérience de mutation subjective, qui ne peut advenir que de l’expérience d’une cure.
Difficile dans ces conditions d’associer le MUPP aux bonnes intentions du Manifeste pour les pratiques et les formations cliniques.
Il prône de passer à l’invention offensive. L’intention est excellente, mais suffit-il pour cela de se rassembler à nouveau ? Actuellement, les seules inventions offensives porteuses d’avenir pour la psychanalyse paraissent être les créations d’institutions nouvelles, indépendantes de l’État (…). Or les universitaires s’avèrent souvent entravés par leurs fonctions pour s’investir dans de telles « inventions offensives ». On sait que leur pratique privée les a déjà trop souvent conduit à abandonner les universités aux cognitivistes en n’y étant pas assez présents. Au mieux ils défendent pied à pied la prise en compte de la singularité du sujet dans leurs enseignements et dans la formation des psychologues, c’est déjà beaucoup d’énergie. Ce combat reste indispensable, mais il semble qu’il faille plutôt parier sur les Écoles pour les « inventions offensives » : leurs membres paraissent en de meilleures conditions pour s’y investir.
Pr. Jean-Claude MALEVAL
Président du MUPP
Mouvement universitaire pour la psychanalyse
[1] « Discours de la science » est une expression lacanienne.
Nous avons le plaisir de vous convier à la journée découverte de notre école de formation de psychopraticien, conduite par Pascal Aubrit et Henry Kisiel, qui aura lieu :
L’objectif de cette journée consiste à découvrir et à expérimenter le programme de l’école, les formations que nous dispensons et notre méthodologie reliée à la psychothérapie relationnelle. Elle se déroulera dans une alternance de séquences expérientielles et de temps d’élaboration. Une présentation du cursus de formation au CIFPR sera suivie par un temps de questions-réponses.
Lieu : Centre de Psychologie Biodynamique du Père Lachaise
Salle ALIZE
59 boulevard de Ménilmontant, 75011 Paris
Code immeuble : 19 B 60
Code BLOC 1 : 1519