La biographie de Guy Corneau, « auteur et conférencier de notoriété internationale. Psychanalyste de formation, il est aussi un passionné de théâtre ayant écrit, mis en scène et joué plusieurs pièces depuis les années 70, »se trouve sur un site qui s’appelle INREES, pourquoi pas, il faut bien porter un nom. Cet acronyme se développe ainsi : Institut de recherche sur les expériences extraordinaires. Gurdjief, mage de son état, affectionnait les hommes extraordinaires, des maîtres que leur sagesse avait fini par munir de pouvoirs, a minima de celui d’étonner et fasciner. Avec cette terminologie on commence à deviner où vogue notre galère. Phénomènes inexpliqués qualifiés ainsi, telle l’expérience de mort imminente, ajoute le site, « des communications, des rencontres avec des esprits, etc. » ajoute Wikipedia. Toujours pourquoi pas, mais aussi nous avons le droit de savoir dans quelles eaux au juste nous évoluons, vu qu’on nous annonce d’entrée de jeu qu’il est psychanalyste, ce qui veut dire ordinairement tout autre chose.
En fait psychanalyste jungien (on voit ici jouer l’ambiguïté de cette dénomination demeurée problématique) se situant à la limite du développement personnel, conférencier hors pair, extraordinaire vulgarisateur et homme de media, Guy Corneau dans son discours s’adresse en termes simples à Madame et Monsieur Tout-le-monde pour leur parler des choses de la vie dans le sens d’une idéologie que les canadiens appellent la Croissance (rien à voir avec le monstre conceptuel sur l’autel duquel le productivisme scientiste sacrifie des générations entières).
Agréable à lire, il expose et soutient la théorie jungienne qu’il a apprise à Zurich, puis pratiqué durant 12 ans, dispensant après cela en termes simples une pensée complexe. À juste titre il est connu pour ses best-sellers, sortes d’essais, dont Père manquant fils manqué, Le meilleur de soi et Victimes des autres, bourreaux de soi-même. On consultera avec plaisir ses deux interviews à Psychologies magazine, Guy Corneau appartient à cette espèce d’auteurs qui témoignent de leur parcours de vie et de leur conviction qu’on peut faire et vivre autrement, qu’on peut Revivre, selon l’idéologie de la psychologie humaniste américaine, des auteurs qui parlant d’eux s’adressent au lecteur et savent capter son intérêt, se rendant compte que c’est sa propre histoire qu’on est en train de lui raconter.
Il prêche d’exemple mais prêche tout de même. En tout cas de telles prédications ne sauraient faire de mal, en ce sens qu’elles vont dans le bon, de sens, au nôtre, toujours de sens. Auteur type de Psychologies magazine, il y passe très bien, avec « Commençons par faire la paix avec nous-même« ou « Nous sommes faits pour nous déployer« . Évidemment, avec en plus « un homme en quête de sens« , la phytospiritualité, tout de suite ça embraye. Pour finir, décidément très à la mode, on le retrouve au psycho-sahara où il entraîne des groupes d’hommes à la recherche de leur masculinité.
Certes, des suiveurs peuvent coller à ce discours, facile à cathéchiser, le réciter, à l’occasion se le faux-selfiser. Il faut bien qu’il y ait inconvénient à tout. Dans le genre inconvénient, après celui d’être né on compte celui d’être mort. Notre bon Guy (a very good guy he was, they say) nous aura quittés trop tôt. Merci pour ce parcours témoignage dont l’authenticité touche, en cohérence avec une vision du monde humaniste spiritualiste savamment médiatisée. Un guide de vie milieu de gamme, qui ne vous dispense pas de pousser un peu plus loin votre enquête.