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2 août 2008

Arrêté scélérat : les pour se retournent ! il réalise contre lui l’unité de tous les professionnels du psychisme. Introduction de Philippe Grauer

Introduction de Philippe Grauer

Deux grandes organisations de psychologues, la FFPP et le SNP, communiquent et lèvent leur bouclier contre le projet d’Arrêté scélérat, « document de travail interministériel » que l’ex secrétaire général de la FFPP avait pris soin de rédiger lui-même. Les psychologues pensent que l’Arrêté sert leurs desseins, ils proclament que leur CNESER l' »adopte (1) ». Puis les voici qui s’avisent que ce même Arrêté les dessert.

Ils s’insurgent maintenant que le titre générique de psychothérapeute que dessine l’Arrêté débouche comme nous l’avons tout de suite soutenu sur la mise en place d’une catégorie concurrente d'{ officiers de santé mentale (Gori, Grauer), techno thérapeutes (Miller), psychothérapeutes low cost (les psychiatres, cf. article suivant) gestionnaires de formulaires aux ordres. Ça ne les dérange pas tant que ça puisque les cognitivistes nombreux dans leurs rangs militent depuis des années en faveur de la politique visant dans chaque laboratoire et dans chaque CMP à éliminer la clinique au profit d’une Evidence Based Psychotherapy (2) fondée sur un plan d’État de réduction à courte vue des dépenses (3).

Tout de même, les voies du Seigneur sont impénétrables, celles du Seigneur des Anneaux psychologiques tout autant. Les voici qui se plaignent à l’instar des psychanalystes et psychothérapeutes relationnels, reprenant leurs arguments à leur compte, crient au scandale. La Giralda de Séville pourrait devenir l’emblème de nos psychologues. Eux qui applaudissaient au CNESER au projet d’Arrêté n’ont plus de mots assez durs pour en dire tout le mal qu’ils en pensent.

C’est qu’ils se sont ressaisis :

– le niveau ! Master et non Licence. Le coup des 400 heures + 5 mois [presque deux années plein temps tout de même] a passé comme le vent d’un boulet. Un psychothérapeute générique a le niveau Master en psychologie, c’est un psychologue et rien de moins ;

– d’ailleurs la psychothérapie relève de la psychologie, exclusivement (exception faite de la psychiatrie on vous expliquera plus tard), dont elle n’est qu’une fonction.

Retour en arrière d’avant Accoyer, au demeurant choyé comme celui qui pourfend les charlatans, violons s’il vous plaît, et les dérives sectaires, à moi les cuivres !

Bon. Nous enregistrons les chamboulements argumentaires et repositionnement politiques, avec les contradictions internes, et nous réjouissons provisoirement de voir nos adversaires — qui n’ont aucune vocation scientifiquement fondée à l’être, s’ajuster sur une de nos lignes mélodiques. Nous protestons que ça n’est tout de même pas en exigeant que les A soit d’abord des B qu’on résoudra la question de leur identité — comment dit-on en psychologie ? différentielle.

Oui nous constituons une nouvelle profession(4), oui les psychologues peuvent se dire génériquement psychothérapeutes, et même appeler cela une fonction si ça leur fait plaisir, dans le temps que nous nous disons psychothérapeutes relationnels, formés selon des cursus différents adaptés à leur objet, comparables aux leurs. Il y a place pour l’ensemble des professions de soin non médicales sous le soleil psy. Alors le public sera mieux protégé et bénéficiera de la psycho diversité qu’il revendique légitimement, dans le cadre d’un système qui le protège ainsi que les professionnels contre abus et dérives.

On observera que cette loi est ainsi faite dans sa boiterie que chacun son tour la canarde, parfois avec l’argumentation de l’adversaire, et que personne jamais n’en reste content longtemps. Il serait grand temps qu’une table ronde d’une façon ou d’une autre mette enfin d’accord des professionnels différents tous utiles à différents titres (de grâce ne prononçons pas ce mot !), dans le cadre d’un vaste plan d’ensemble qui ne déshabille pas indéfiniment Pierre au bénéfice de Paul avant le tour suivant.

Philippe Grauer}


QUI VEUT LA PEAU DES PSYCHOLOGUES ?

Communiqué de la FFPP — 15 juillet 2008

Projet de cahier des charges relatif au décret d’application de l’article 52 : usage du titre de psychothérapeute.

Début juin, un nouveau projet de décret d’application est soumis au CNESER — Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche. La note de présentation (annexe 2 du document) souligne “qu’il ne s’agit pas de créer une nouvelle profession, ni d’encadrer la formation et la pratique de la psychothérapie, mais de préciser les conditions dans lesquelles il peut être fait usage de ce titre”. Un cahier des charges est en voie de rédaction.

Par un étrange concours de circonstances, le cahier des charges, encore sous le sceau de la confidence, est divulgué sur la toile début juillet. Y est stipulé que pour accéder à la formation il est exigé un niveau licence avec une formation théorique de 400 heures et un stage pratique de 5 mois. Ainsi, le bas niveau du pré requis et la formation minimale en psychopathologie clinique pour prétendre au titre de psychothérapeute, rend caduc l’esprit de la loi qui est de protéger le public.

Doit-on comprendre que ce titre de psychothérapeute est le premier palier dans l’introduction de ces nouveaux métiers émergeants comme celui de psychométricien “kiné du cerveau” évoqué par Madame Pécresse il y a quelques mois dans le cadre du plan Alzheimer ? Doit-on conclure que l’acte psychothérapique revient à la simple démonstration d’une technique où il suffira d’appliquer une méthode psychothérapique ?

La FFPP à l’occasion des nombreuses réunions de concertation, auxquelles elle a participé, a toujours souligné avec force que son objectif était d’offrir des garanties aux usagers par des pré requis exigeants de formation et que la psychothérapie devait être conçue comme une des fonctions qu’exercent les psychologues, d’où l’importance de ne pas en faire une profession. C’est le message essentiel qu’elle a soutenu lors de l’audience accordée par le Ministère de la Santé à la délégation FFPP / SFP/ SNP, suite à la parution officieuse du projet de décret en mars 2008.

La FFPP appelle à se rassembler pour barrer la mise en place d’une nouvelle profession : “psychothérapeute », avec un niveau de formation ridiculement bas au regard des responsabilités engagées. La politique gestionnaire de réduction des coûts trouve ici le moyen de contourner la pénurie des psychiatres et de passer au-dessus des psychologues qui ont toujours rappelé l’importance de l’autonomie professionnelle dans la prise en charge du sujet. Les enjeux autour de l’article 52, de son décret d’application et du cahier des charges ravivent les conflits d’intérêts idéologiques liés à la formation en psychopathologie clinique.

La FFPP dénonce l’introduction d’une nouvelle profession qui touche certes à l’identité du psychologue mais bien au-delà à la liberté individuelle des tous les citoyens. Mobilisons nous pour que le niveau d’entrée à la formation en psychopathologie clinique ne soit pas celui de la licence mais bien d’un Master. La FFPP entend bien le faire savoir par tous les moyens dont elle dispose et appelle au rassemblement.

M-J.Robineau, Secrétaire Générale


Psychologues du SNP contre le projet

— Communiqué de presse

Le 07 juillet 2008. Un nouveau projet de décret relatif à l’usage du titre de psychothérapeute et un document de travail interministériel relatif au cahier des charges de la formation définissent les orientations retenues par les ministères de la santé et de l’enseignement supérieur pour l’usage du titre de psychothérapeute. Pour le SNP, ces projets de décret et d’arrêté ne proposent aucune nouvelle garantie pour le public et révèlent un mépris de la profession de psychologue et une méconnaissance des formations existantes.


Titre de psychothérapeute
: le gouvernement programme la disparition des psychologues. La loi sur l’usage du titre de psychothérapeute a été adoptée le 9 Août 2004 à la suite d’une première proposition du député Bernard Accoyer, devenu depuis président de l’Assemblée Nationale. Son but est de protéger le public des dérives sectaires auxquelles les exposent des personnes insuffisamment formées dans ce domaine. Les derniers projets d‚application de cette loi jetteraient le public entre les mains d’une nouvelle profession labellisée par l’État, formée en moins d’un an (400 heures), avec seulement cinq mois de stage. Il est prévu d’exiger des candidats à cette formation un pré requis de “niveau licence” toutes filières confondues, mais il ne représente qu’une vague garantie de culture générale.

Il y a actuellement environ 38 000 psychologues en France dont une majorité exercent dans le dispositif de santé, au regard de 13 000 psychiatres et de seulement 6 000 personnes (5) exerçant la psychothérapie sans être ni psychiatres ni psychologues. Les psychologues sont depuis des années les principaux praticiens de la psychothérapie (6) dans les structures de soins publiques et privées. Leur formation comprend cinq années d’études minimum dans la filière avec plusieurs stages professionnels, auxquels s’ajoutent les formations complémentaires continues que suivent les psychologues pour exercer la psychothérapie [toujours la psychothérapie ! noyade du toujours même poisson. Note de la Rédaction]. Or, les projets du gouvernement considèrent que les psychologues ne sont pas mieux formés que les médecins généralistes, dont la formation en psychologie est quasi inexistante (7) ! Les psychologues auraient même à faire la preuve devant des commissions ad hoc de la validité de leur diplôme, alors que le but de la loi est de contrôler les psychothérapeutes autoproclamés (8), dont les pratiques et leurs (sic) éventuelles dérives peuvent s’avérer dangereuses pour les usagers (9).


Au profit de néo techniciens sous qualifiés
. En exigeant de tous les candidats au titre [générique !] de psychothérapeute qu’ils fournissent outre les preuves de leur titre professionnel lorsqu’ils en ont déjà un. Une attestation de formation en psychopathologie clinique, le gouvernement voudrait faire passer tous les professionnels sous la même toise, celle d’une formation qui privilégie l’approche de type cognitivo-comportementale et la classification américaine des désordres mentaux (dite DSM IV). Seule une approche de ce type, ainsi avantagée de manière injustifiée, peut se satisfaire d’un volume d’enseignement aussi réduit (10).

En cherchant à créer de la sorte une nouvelle profession paramédicale de techniciens d’application formés au rabais en moins d’un an avec un pré requis très bas, le gouvernement affiche clairement son intention : il s’agit d’éradiquer les psychologues très sérieusement formés et supervisés qui complètent leur formation personnelle pendant des années, et de supprimer leur spécificité qui dérange : celle d’être une profession non médicale et issue des sciences humaines, à l’égard de laquelle la demande du public est très importante.

Des psychologues malmenés et des usagers en danger. Le ministère de la santé ne peut délibérément autoriser une telle imposture de santé publique qui réduit encore les garanties auxquelles le public a droit. Et le ministère de l’enseignement supérieur, en validant un tel ersatz de formation, engagerait lourdement sa responsabilité quant à l’avenir de la profession de psychologue dont il a statutairement la charge.

Pour le Syndicat national des psychologues, ces projets de décret et d’arrêté relatifs à l’usage du titre [générique !] de psychothérapeute sont inacceptables. Il considère que ces projets constituent un déni des formations existantes, tout particulièrement celle des psychologues, et qu’ils s’inscrivent à rebours de l’esprit et de la lettre de la loi réglementant l’usage du titre [générique !] de psychothérapeute dont le but est la protection du public.