Quelques bruits de bottes chez les psys universitaires, furax de constater comme on pouvait s’y attendre que la part belle et honorable est faite aux psychiatres, en dépit de tout bon sens, au détriment des psychologues. Le décret d’application provoque des grincements de dents pour une poignée d’heures de formation complémentaire infligées à l’un pas à l’autre. La belle affaire ! Tout cela est insignifiant au regard de l’essentiel, clairement désigné dans le discours de présentation de M. Accoyer, sur une argumentation bas de gamme. Cette protestation pour l’honneur (il faudrait examiner s’il est en l’occurrence pertinent de parler d’honneur) dissimule à suffisance que les vrais spoliés, nous (1), ne sont jamais mentionnés dans ce texte et cette affaire du coup lamentable.
Much ado about nothing : un petit bruit de rien du tout pour rien.
Philippe Grauer
Le décret qui fixe depuis quelques jours le statut des psychothérapeutes fait crier les psychologues à l’injustice.
Le ministère de la santé a réussi à liguer contre lui les deux principales associations de psychologues et enseignants en psychologie, qui jusque-là entretenaient entre elles des relations plutôt conflictuelles. Motif de cette union sacrée: le décret d’application réglementant la profession de psychothérapeute, publié le 20 mai au Journal officiel. Destiné à lutter contre le charlatanisme et les « dérives sectaires » de certains psys, il prévoit que toute personne désirant exercer la fonction de psychothérapeute doit être inscrit sur un « registre national » et justifier d’une formation en psychopathologie clinique de 400 heures et d’un stage pratique d’au moins un mois.
Ces dispositions, issues d’un amendement déposé par Bernard Accoyer, l’actuel président de l’assemblée nationale, à la loi de santé publique votée en 2004, n’ont jamais été appliquées depuis, faute de décret. Très attendu par tous les professionnels de la santé mentale, le texte dont vient d’accoucher le ministère, après des années de tergiversations, est pourtant loin de satisfaire le Syndicat National des Psychologues et la Fédération française des psychologues et de psychologie, qui crient de concert à l’injustice. Un article en annexe donne en effet, selon eux, un avantage « exorbitant » aux psychiatres par rapport aux psychologues.
Ces derniers, titulaires pour la plupart d’un master en psychopathologie clinique, devront suivre un complément de formation de 150 heures, dont sont dispensés les psychiatres, qui reçoivent pourtant un enseignement pratiquement identique dans les facultés de médecine. « Cette mesure repose sur une conception purement médicale de la psychopathologie, en contradiction flagrante avec les traditions universitaires françaises », s’indigne Jacques Borgy, le Secrétaire général du SNP.
Un point de vue partagé par le professeur de psychopathologie Roland Gori: « Les psychologues sont bien plus au fait de la psychothérapie que les médecins issus des cursus de psychiatrie, où cette formation est au mieux négligée, au pire proscrite, estime-t-il. Le ministère semble céder à la tentation politique de mettre en place une psychothérapie d’État dominée par le psychiatre, supposé plus conservateur, traditionaliste et sécuritaire que le psychologue ou le psychanalyste ».
in L’Express