SNPPsy
Psychothérapeutes relationnels & psychanalystes
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 19 NOVEMBRE 2005
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En quoi consiste notre identité ? quel rôle, quelles fonctions notre syndicat a-t-il désormais vocation de revendiquer ?
La question de notre dénomination se pose de façon récurrente, et cela commence par différenciation, à propos de nos confrères psychanalystes. En pure logique, la psychanalyse est une psychothérapie, c’est d’ailleurs le terme que Freud utilisa pour définir … la psychanalyse. Pourtant, selon une logique institutionnelle bien connue, chacun sait qu’on ne mélange pas les torchons avec les serviettes, ni l’or avec le cuivre sans prendre garde aux proportions et aux hiérarchies traditionnelles.
C’est que la psychanalyse établie comme notabilité intellectuelle aux allures aristocratiques dans notre pays à partir des années cinquante, lacaniens et antilacaniens confondus, s’était classée dans la première catégorie. Elle considérait même que si un psychanalyste touchait le cuivre psychothérapique, ne serait-ce que du bout des doigts, celui-ci se transmuait dans l’instant en or psychanalytique. La réciproque restant problématique.
Élisabeth Roudinesco soutient que si nous faisons horreur aux psychanalystes qui nous infligent leur mépris, c’est que la psychanalyse est devenue psychothérapie. Dégradation suprême, les haut de gamme seraient devenus, à force de manquer au devoir d’insoumission de leur charge, serviteurs de la gestion et régulation psychologique des flux de conscience ordinaires, psychothérapeutes quoi ! et quand on a dit psychothérapeutes on a tout dit.
On se tire de ce mauvais pas, d’abord par un pas de côté, les psychothérapeutes honnis n’étaient pas ceux que l’on désignait jusqu’ici, il fallait entendre qu’il s’agissait des comportementalistes, dénommés cognitivistes depuis 81. Jacques-Alain Miller nous rendit ce service de nous déconfondre d’avec ces derniers.
Ensuite par une avancée du concept. En mettant en avant la figure du Carré psy, nous avons introduit une articulation quadripartite de l’espace psy, subdivisée en deux fois deux. Le Carré psy articule en une figure symétrique les quatre protagonistes de la fonction psy. Issue de l’aliénisme, la psychiatrie, issue de la psychophysiologie naissante, la psychologie. Ces deux disciplines, universitaires, relevant comme on sait de la médecine pour l’une et des lettres (par séparation d’avec la philosophie, cette démarcation restant empreinte de phobie) pour la seconde.
À côté de ces deux disciplines académiques, les deux autres font une inégale figure sociale. Aucune d’entre elles n’est en France de filiation universitaire. Il faut aussi dire un mot de l’université actuelle, répartie en clans occupés à se faire la guerre et à occuper des places, ayant depuis un moment dans un nombre significatif de secteurs délaissé la recherche vive pour l’académisme. La montée en puissance du scientisme y va de pair avec une pensée plutôt conservatrice. Il n’est pas étonnant que les deux forces bousculantes, sous des aspects très différents, que furent le lacanisme et la psychologie humaniste aient éprouvé toutes deux des difficultés à y trouver leur place.
On a pu croire la psychanalyse notabilisée installée en psychologie. La réalité diffère. Il est vrai que la psychanalyse s’est fait héberger, aux temps fastes, par la psychologie, Lagache oblige, puis Pontalis, Anzieu et al. Mais à l’heure où la psychologie reprend ses billes et son identité de base, le cognitivisme, et s’affaire à chasser la psychanalyse, qui après tout devrait commencer à se rendre compte qu’elle n’est pas chez elle chez son hôte, beaucoup de psychanalystes sont désemparés et désorientés. Ce qui en a conduit plus d’un sur les voies politiquement périlleuses du corporatisme conduit par la SPP — parallèlement notons-le à celui des psychiatres.
Notons pour marquer l’ironie de l’Histoire que notre psychothérapie, que nous n’appelions pas encore relationnelle, trempant dans le même type d’aventure parasitique, fut membre de l’Anop, l’Association nationale des organismes de psychologie. Ce ne fut que tardivement, à l’issue de notre adhésion à la Déclaration de Strasbourg, sorte de déclaration d’indépendance qui proclamait que nous constituions une profession distincte, que les psychologues nous rejetèrent de leurs rangs. Si bien que c’est nous et notre code de déontologie qui influencèrent le code de déontologie qu’adoptèrent, avec nos voix, les psychologues, bien avant notre expulsion.
Pour compliquer la figure, la psychanalyse, tout comme la psychothérapie relationnelle, représente une profession cumulable. (1) C’est-à-dire qu’un psychiatre ou un psychologue peut adopter ce titre (2), soit à l’issue d’une formation longue et difficile (au minimum cinq années universitaires, souvent davantage, plus une longue démarche personnelle suffisamment réussie), garantie par une bonne école — soit hélas à l’issue d’une autoproclamation restée ininterrogée, puisque le professionnel autoproclamé est par ailleurs diplômé, donc institutionnellement couvert, et encouragé à annexer indûment le titre de psychothérapeute dont il revendique l’exclusivité, à condition qu’il ne s’agisse que d’une fonction (gare à la revendication d’un titre qui ouvrirait à une professionnalisation concurrente).
Comme il s’est trouvé que nous figurions le quatrième dans un jeu qui se jouait précédemment à trois, nous avons mis en avant le cadrage à partir duquel s’orienter dans ce maquis, en concevant le Carré psy. C’est à partir de ce cadre que nous avons établi puis consolidé la dénomination (sinon le titre) de psychothérapeute relationnel. C’est en constatant que les quatre protagonistes institutionnels du Carré prétendaient tous à l’exclusivité de la psychothérapie, valable seulement à leurs yeux s’ils l’administraient eux, que nous avons conclu que chacun voyait le midi de la psychothérapie à sa porte et qu’il fallait entériner la multiplicité des pratiques, méthodes, théories et habitus épistémologiques des diverses disciplines et pratiques. Nous avons conçu qu’aucune ne pouvait et par conséquent ne devrait prétendre régenter l’espace théorique et pratique des autres, mais pourrait collaborer, sur un pied d’égalité, avec les trois autres (travail en réseau), au service et bénéfice de la personne recourante.
C’est ainsi que avons les premiers avancé l’idée que la psychothérapie relationnelle constituait un domaine disciplinaire particulier, et que nous devions cesser en ce qui nous concernait de chercher à imposer aux collègues relevant d’un champ méthodologique différent de se conformer à nos critères — à charge de revanche.
Contrairement à ce que soutient un responsable qui s’est donné entre autre pour mission de tenter de détourner vers sa personne, généreusement offerte à la psychothérapie, les membres de notre syndicat, psychothérapie relationnelle ne saurait se traduire par « psychothérapie psychothérapique »(3), au motif qu’il y a toujours de la relation, au sens qu’Accoyer donne à ce terme pour définir la thérapie tape dans le dos comme je l’ai dit ailleurs, dans l’espace psychothérapique par principe. Elle signifie psychothérapie faisant de la relation et du travail relationnel — impliquant les deux protagonistes en présence, en interaction en qualité de sujets cherchant ensemble — le ressort du processus de subjectivation qu’elle instaure. Le terme de relation est suffisamment ample pour intégrer le transfert sous de multiples formes conceptuelles, ainsi que ce qui concerne ce que la psychanalyse désigne par inconscient, et s’oppose polairement à l’apprentissage correctif, normatif et orthopédique qui caractérise les formes de psychothérapie prescriptives du champ psychiatrique et psychologique. Je n’entrerai pas ici dans le détail des formes complexes et composites, dues en particulier au caractère cumulable évoqué précédemment, ce qui ne changerait rien au principe classificateur de base.
En renonçant à la toute-puissance institutionnelle, il y a maintenant six ans, en renonçant à maîtriser l’ensemble du champ de la psychothérapie, c’est-à-dire à exiger de tout professionnel exerçant sous ce titre qu’il remplisse nos cinq critères, nous n’avons fait que comprendre puis admettre que la psychothérapie était multiple et différenciée, et que sous ce vocable des épistémologies et des méthodologies très différentes, des formations également, très différentes, et de niveaux inégaux,(4), étaient engagés.
Nous avons alors pris acte de la diversité des champs théoriques et épistémologiques des sciences et pratiques du psychisme, et délimité notre champ propre. Repérant à l’occasion notre relation de consanguinité symbolique, notre proximité scientifique (au sens de sciences humaines) avec la psychanalyse, et que nos deux côtés du Carré psy définissaient un triangle, celui du procès de subjectivation, dont l’hypothénuse (une diagonale du Carré) figurerait le transfert.
Il en découle que la question de déterminer si la psychanalyse est une psychothérapie tombe à l’eau. Si le terme est générique au Carré, oui, elle ressortit de la psychothérapie à ce titre, mais comme nous-mêmes ne saurions nous confondre dans un terme qui implique une philosophie, des théories et méthodes desquelles nous entendons nous dissocier, la psychanalyse revendique de se nommer de son seul nom. Cela nous sommes à même de l’entendre. Dans ces conditions, l’ancienne querelle tombe.
Il en découle également que notre syndicat ne se dépersonnaliserait pas s’il accolait le terme psychanalyste ou psychanalyse à son acronyme, d’une façon ou d’une autre. Comme vous le savez les psychanalystes au sein de notre syndicat réclament cela depuis des années. Au moment où la crise Accoyer 2 éclate, à chaud, Thierry Nussberger insiste en AG sous le choc pour qu’on l’inscrive au programme de notre prochaine mandature. Je craignis l’apparence opportuniste de cette demande, même si objectivement elle ne l’était pas. Nous avons attendu attendu, mais il a bien fallu finir par y arriver. Nous y voilà.
Une AG extraordinaire faute d’une ou deux voix n’a pu prendre la décision il y a six mois, nous voici réunis pour la prendre à présent. Nous devrons prendre les deux décisions conjointement. Celle d’officialiser dans notre sigle ou au moins notre nom, d’une manière ou d’une autre, le terme de psychothérapie relationnelle d’une part, de l’autre d’y adjoindre la mention psychanalyse.
Ce faisant nous inscrirons institutionnellement le développement de notre pensée et de notre personnalité morale et scientifique. De la psychologie humaniste au mouvement du potentiel humain en passant par les nouvelles thérapies, quel parcours historique pour parvenir à la psychothérapie relationnelle, à l’enseigne du pluralisme. Notre identité s’affermit, se délimite et définit plus fermement ses contours. Notre syndicat est à présent mieux à même de spécifier ce qui nous réunit.
Et comme nous nous apprêtons à différencier les fonctions d’agrément, après que nos membres aient insisté depuis des années pour que cela s’effectue, en transmettant maintenant que c’est devenu possible celle d’agréer les écoles à l’Affop, nous voici en train d’opérer un repositionnement qui fera de nous le syndicat de référence d’un des quatre acteurs majeurs des professions du psychisme. L’un des quatre grands, interlocuteur majeur obligé de toute négociation concernant les pratiques psychothérapiques. L’un des deux acteurs pratiquant selon le procès de subjectivation, aux côtés des psychanalystes et avec ceux d’entre eux qui ont compris l’intérêt historique et éthique de cette conjonction dans l’action.
L’un des quatre grands et non le petit troisième entre les pinces des deux grands autres, la noix relationnelle entre psychanalyse et cognitivisme. Nous ne sommes pas adversaires par principe du comportementalisme, puisque notre vérité est ailleurs. Différant d’elle, nous sommes scientifiquement, philosophiquement, épistémologiquement, proches de la psychanalyse. J’ai évoqué déjà cette proximité. À l’interne, nous exigeons des praticiens TCC qui s’inscrivent chez nous de répondre comme nous tous au critère numéro 1, à savoir d’avoir effectué un parcours personnel dans une psychothérapie relationnelle, qui les qualifie comme psychothérapeutes relationnels. En fait nous leur demandons d’être un minimum intégratifs. Scientifiquement, tout se discute, nous avons tellement à faire avec nos propres soucis que l’existence des TCC ne nous affecte pas spécialement, en soi. Nous en débattrons scientifiquement le moment venu, c’est plutôt affaire de société savante, et nous le sommes aussi peu ou prou, à l’enseigne du pluralisme, c’est tout.
Mais si politiquement, institutionnellement, les TCC cherchent à nous dominer ou éliminer, qu’ils sachent que nous contre attaquerons avec la vigueur de qui défend ses valeurs, et qui sait contracter et faire jouer ses alliances, y compris bien entendu avec les psychologues cliniciens. C’est ainsi que nous nous sommes montrés vigilants à l’égard de l’Inserm en plein dérapage scientiste, et de la DGS positionnée sur ses marques.
Ainsi les principes sur lesquels nous avons ajusté notre politique cette année encore sont clairs, et ce rapport moral est fait pour que vous nous disiez si nous devons poursuivre dans cette voie : être de ceux qui refusent une psychopathologie d’inspiration cognitiviste et organiciste à l’enseigne du DSM comme plate-forme soi-disant minimale commune des pratiques psychothérapiques. De ceux qui refusent d’aller pédaler sur le petit vélo des serviteurs de l’Inserm acquis au cognitivisme et au scientisme de la Direction générale de la santé, en donnant du grain à moudre à la machine à nous broyer en utilisant notre propre énergie. De ceux qui s’opposent à tout décret d’application d’une loi bancale dont un article contredit l’autre, d’une loi qui n’a pas été capable de nous donner la place qui nous revient aux côtés de la psychanalyse. De ceux qui préconisent une renégociation générale de la question du cadre juridique des diverses psychothérapies dans l’esprit défini par les sénateurs Gouteyron et Sueur (5).
Le plus petit commun dénominateur entre les diverses psychothérapies est une fausse bonne idée de la Direction générale de la Santé, destinée à nous aligner sur l’épistémologie et les concepts psychiatro-psychologiques de feue l’unité de la psychologie de Lagache, années 50 du siècle dernier. Canguilhem disait déjà qu’au sortir de la Sorbonne par la rue Saint Jacques on avait le choix de monter en direction du Panthéon ou descendre vers la Préfecture. L’unité factice de la psychothérapie fondée sur le psychopathologisme cher à Vasseur conduit tout droit à une psychothérapie de préfecture.
Prendre l’initiative de poursuivre des négociations à l’heure actuelle consisterait à appuyer la politique de la DGS consistant à faire croire que l’ensemble des professionnels du psychisme sollicite le dialogue avec elle, se place volontairement et volontiers en position de contributeurs de son plan de rédaction de décrets impossibles, qui pis est, à partir de la plate-forme psychopathologiste scientiste qu’elle entend imposer. Nous le disons ici clairement, il n’existe pas de consensus, en vue d’une solution décrétiste à la situation actuelle. Le ministre le sait, la DGS peut l’entendre. Bien entendu, si par malheur, ce qui n’est pas du tout fatal, ni imminent, les décrets s’écrivaient, nous interviendrions avec les moyens appropriés,
Les organisations de psychothérapeutes qui se vantent de participer à des négociations et alimentent la machinerie Inserm contribuent de fait à une dérive, considérée par eux comme fatale ou comme bénéfique, vers la rédaction de décrets à haut risque. Nous avons pris le parti de nous dégager de ces négociations en trompe l’œil, et de rester sur une prudente expectative. Bien informés de ce qui se passe et ne se passe pas, nous ne précipiterons pas notre syndicat dans la gueule du loup, mais resterons vigilants, toujours prêts à intervenir.
À propos de repositionnement, je voudrais rappeler qu’il fut un temps où nous cumulions toutes les fonctions, lorsque nous étions en train de créer l’autoréglementation de la profession de psychothérapeute — sans spécification particulière, sans être alors à même de nous différencier des différentes psychothérapies que nous ambitionnions de regrouper et représenter. Il fut même un temps où nous avons nous aussi été tentés par un corporatisme prônant notre propre hégémonie.
En ce temps-là où nous étions presque les seuls sur la place, en fonction d’amorce ordinale, et la profession tout juste en train de prendre ses marques et son assurance. Société savante, nous organisions alors des colloques, partagions avec le PsyG le quasi-monopole des titularisations. Déjà nous nous inquiétions des poussées de certaines méthodes-écoles pour nous bousculer et exercer à notre place la fonction de légitimation professionnelle. Pour prendre les devants, nous avons créé également le cadre d’un agrément des écoles de formation à la psychothérapie (toujours indistincte).
L’irruption des organisations de méthodes, ayant avec la déclaration de Strasbourg bouleversé puis fracassé la paysage psy, donna naissance à une, co-parrainée par le PsyG (l’instigateur européen) et nous, puis deux, fédérations, après que les deux syndicats historiques aient décidé de se retirer de l’espace institutionnel de l’Association européenne de psychothérapie, sorte d’aigle à deux têtes austro-britannique ayant vu progressivement la tête britannique s’envoler vers d’autres cieux.
Plus la profession s’est organisée dans la diversité, plus les instances capables de battre la monnaie de la certification professionnelle sont devenues nombreuses. Nous n’avons pas été en mesure de conserver ce monopole qui nous aurait institutionnellement sans doute bien plu, et c’est probablement un signe de développement, d’expansion et de diversification, en un mot de maturation institutionnelle.
Mais ça n’est pas sur ce terrain d’une nostalgie du quasi monopole des origines que nous continuons de maintenir notre singularité. C’est sur celui de la défense et représentation politique de la profession. Le regroupement Snppsy-Affop, réunissant le syndicalisme et la défense des groupes de praticiens et des écoles agréées, à présent dans le cadre de l’Affop au terme de l’achèvement d’une différenciation en marche depuis des années, représente une force politique de référence, axée sur la qualité, le pluralisme, une certaine respectabilité scientifique et professionnelle. C’est là que nous nous situons.
Une certaine officine marquée de marketing politique a beau tenter de débaucher nos membres pour leur promettre une meilleure couverture dans la plus grande confusion, la FF2P a beau faire valoir ses mérites en montrant à tous qu’elle est en pleine négociation avec une DGS dont elle ne produit pas l’analyse, les professionnels qui nous font confiance et les étudiants des écoles agréées Affop qui s’inscrivent dans nos rangs, préparant discrètement la relève (on les voit aux réunions parisiennes en tout cas), sont assez mûrs pour ne pas se laisser conter d’histoires, et se rendre compte qu’un syndicat est plus apte à défendre ses membres qu’une fédération de méthodes qui inscrit aussi des individus ou un fantôme en mouvement.
Dès les années 90 nous nous sommes posé la question avec Yves Lefebvre, de notre possible extinction ou reconversion. Les variations sur le thème le Snppsy n’est plus ce qu’il était sont constantes dans notre histoire. Tout autant que celles comptabilisant notre prochaine disparition. À chaque fois ce qui est exigé du syndicat c’est de mieux faire du syndicalisme, soutenir ses membres, ne jamais oublier de revendiquer baisse ou suppression de la TVA (pour les collègues non psychologues), batailler en justice, œuvrer pour la reconnaissance ou officialisation correcte de l’usage du titre(6), en intervenant quand il le faut auprès des pouvoirs publics. À chaque fois notre syndicat s’est maintenu, renforçant sa personnalité et son autorité morale, conservant sa réputation d’institution de référence, sérieuse et respectable.
Il nous a été continûment demandé de rechercher l’alliance avec les psychanalystes, logique même avant que notre concept de Carré psy ait pris toute la place qu’il occupe à présent pour clarifier le caractère de nos relations avec l’ensemble des praticiens du psychisme. Il nous a été continûment demandé de travailler à l’ouverture d’une concertation nationale avec l’ensemble des confrères et institutions psys, sans trop prendre en considération la difficulté d’une telle ligne politique, pour des professions en proie à d’importants malaises identitaires, en rivalité parfois violente avec nous.
Nous avons tout encore tout au long de cette année participé au travail de concertation et d’échange au sein de la Coordination psy, tissant notamment une relation de dialogue confraternel avec les psychologues de l’InterCoPsycho et les psychiatres psychanalystes. Nous avons ainsi tenu notre ligne et notre place dans un lieu plutôt hétérogène qui maintient sa cohésion suffisante, fondée sur la concertation et l’échange. Nous avons fréquenté nos confrères psychanalystes et dialogué avec eux, respectueux des lignes de résistance institutionnelles et personnelles, et maintiendrons la relation établie, en certains cas de bonne qualité, fondée sur une considération positive mutuelle(7).
Nous avons dans cette direction réalisé des progrès considérables, même si l’essentiel reste à faire. S’inscrire et militer au Snppsy signifie de nos jours participer au mouvement de reconnaissance, même par simple réalisme, d’un nombre important de nos confrères des autres professions. Cela demandera encore du temps avant d’accéder aux médias, avant que le Carré psy succède dans l’imaginaire collectif et en particulier journalistique au triangle psychiatrie psychologie psychanalyse, qu’il s’agissait il y a deux ans à peine de débarrasser du charlatanisme dont on nous avait affublés du monopole.
S’inscrire et militer au Snppsy c’est participer à la bataille politique en ligne permanente, aujourd’hui sur notre site, demain sur notre site et dans le cadre de notre revue. C’est aussi tenir, déterminer une orientation, une stratégie et une tactique, en un mot une ligne, dont nous pouvons mesurer qu’elle inspire nos concurrents et adversaires. Ainsi notre désir de changer de nom a-t-il engendré le changement de celui de la FFdP, plus promptement effectué que le nôtre, mis aux voix en deux temps dont aujourd’hui même représente le second.
S’inscrire et militer au Snppsy c’est s’assurer d’une politique indépendante, qui ne se mette pas à la traîne du premier quarteron d’experts de l’Inserm venu, ni d’aventuriers qui passeront comme les précédents ont passé. C’est œuvrer au sein d’une organisation à même de se positionner lorsque la psychanalyse est agressée avec une brutalité et une virulence qui nécessitent une contre-offensive immédiate et bien coordonnée pour mettre en échec les plans des scientistes qui rêvent d’en finir avec l’ensemble des tenants du procès de subjectivation, nous et elle confondus.
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