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25 mars 2020

COVID 19 : « FIN DE PARTIE POSSIBLE ? » PROTOCOLE NIVAQUINE PRIS EN CONSIDÉRATION AVEC RÉSERVES D’USAGE. ÉVOLUTION DU RAPPORT DE FORCES*

par Philippe Grauer

Jean-Dominique Michel : en matière de clinique, d’abord cesser d’attendre que les gens meurent protocolairement dans les clous. Cela dit le style populiste du Professeur Raoult invite également à ne pas s’engouffrer tête baissée.


Au sujet de la polémique scientifique on lira avec intérêt l’article paru dans Le Monde :

"Coronavirus : l’hydroxychloroquine, défendue par le Pr Didier Raoult, divise les chercheurs"

— L’article paru à L’internaute (mis à jour le 27 03 2020) :

« Chloroquine : une autorisation… mais avec des restrictions, quelles sont-elles ? »

clinique en temps de guerre (voir schéma)

En période de guerre on n’attend pas. On n’attend pas le résultat d’études longues et lourdes pour contrôler un nouveau médicament, alors que la nivaquine est utilisée depuis 50 ans, à effet indésirables mineurs (pour risquer de devenir aveugle il faut avaler tout le tube, et il y en a vraiment beaucoup dans un tube), et que la proposition est de l’utiliser en hôpital, de façon experte. Alors, soit on attend que les gens soient morts protocolairement dans les règles scientistiques correctes, soit on fait tout simplement au mieux son métier de médecin (éthique : serment d’Hippocrate) ? La polémique est vive. De quel côté vous placez-vous, vous ? maintenant. Science, recherche, industrie, débat épistémologique vital pour nous psys citoyens. Lesquels auront été les Résistants de la première heure, à l’heure de l’incertitude ? toujours facile de se prononcer après.

Quand les blés sont sous la grêle

Notre médecine serait-elle barricadée dans le formalisme de ses protocoles préféré à l’efficacité en temps de guerre ? Il est des moments où attendre quand on peut faire vite est réellement inquiétant. Aux côtés du Professeur Raoult d’autres médecins se portent solidaires. Cela dit le professeur, génial et caractériel, serait trop clinicien, et ses protocoles n’emportent pas l’adhésion des scientistes. On se tue à vous le dire :  à qui se fier ? mais aux recommandation des lobbies voyons ! C’est bien le problème. En d’autres temps difficiles Aragon écrivait déjà

Quand les blés sont sous la grêle

Fou qui fait le délicat.

prendre au sérieux l’avertissement sérieux

La grande question est moins d’applaudir aux fenêtres que de penser en termes politiques et d’analyser de façon responsable et citoyenne. Les soignants qui manifestaient en vain, n’ont pas besoin de se voir héroïsés mais sentir entendus. La seconde grande question, c’est que cet avertissement sérieux de la "nature", soit à la sortie pris au sérieux. Les gouvernants oublieront leurs promesses des temps de crise, rien ne sera plus comme avant, tu parles !

à la sortie ?

Les citoyens qui continuent de dire qu’il faut impérativement une autre politique que l’ultra libéralisme, comportant une restauration du service public à l’issue de décennies de démolition systématique, qu’il faut un nouveau New Deal démocratique, seront-ils capables de se faire entendre ? les psys épris d’éthique de la clinique en auront-ils profité pour réfléchir au scientisme ambiant, à la pensée INSERM ? les citoyens, c’est-à-dire vous et moi. Pour reprendre le jeu de mots de la période, que les déconfinés ne passent pas illico avec les vacances bien méritées à la catégorie de cons finis. Prendre garde à notre Rentrée.

bio pouvoir

Quand nous écrivons cela, il est bien entendu que cela concerne aussi la politique du tout bio-neuro-logique, fatalement, structurellement, réductrice, du fameux bio pouvoir que désignait Foucault, de la médicalisation de l’existence dont parle Roland Gori et l’Appel des appels, dont souffre la psychothérapie relationnelle, et au-delà l’ensemble de la psychothérapie de la dynamique de subjectivation (c’est-à-dire psychanalyse incluse). Au service du public.

au cœur du métier psy l’éthique clinique

Pour la réflexion, incontournable pour des psys, sur l’imposture de la médecine baisée par les preuves [Evidence Based Médecine], et la question éthique qui travaille le débat sur la Chloroquine, ne manquez pas de lire l’article de Jean-Dominique Michel en date du 25 mars. Rappelant que la médecine n’est pas une science et que la clinique reste une activité empirique — et morale. Ne vous laissez pas impressionner par l’effet de cafouillis paranoïdal résultant de cette critique épistémologique serrée de la conjonction de la science avec l’industrie, et du système des publications à impact factor. Vous avez la responsabilité, non de vous y perdre mais de vous y retrouver.

Philippe Grauer

Une bouffée d’air scientifique et philosophico-thérapique alternative ? La polémique ne manque pas d’affirmations péremptoires limite populiste style "médecine des plateaux" opposée à la clinique de terrain, comme dirait Raoult. Cela mérite réflexion plus encore qu’engagement passionnalisé dans un camp. Débat réseaux sociaux largement consulté à présent

halte à la contamination pour commencer

Il est vrai que ces dispositions de confinement aveugle sont d’un moyenâgeux ! en attendant mieux, rester solidaires : halte au feu contaminateur ! Évidemment, nous en sommes là. On ne risque rien à ne pas risquer. Enfin, pas tout à fait rien, mais on peut constater que la planète se met au confinement mondialisé.

doute sur la Nivaquine / doute sur l’INSERM

Mais s’en arrêter là est un peu court. Et puis si un médicament peu coûteux à disposition immédiate pouvait aider ? et si la pression de Big Pharma et de l’INSERM réunis mettaient nos vies en danger dans leur course au pouvoir ? Notons que c’est l’INSERM qui a décrédibilisé en utilisant un mode d’analyse scientiste d’une malhonnêteté scientifique remarquée, la psychanalyse en France en 2004, lors de la bataille des charlatans (2003-2010) de sinistre mémoire. Donc, des doutes, on peut en avoir sur des protocoles hâtifs du côté du professeur qui dit je suis simplement en avance, comme sur la mise en attente de résultats de validation de protocoles qui n’apparaîtront que plusieurs semaines après ma mort si on ne me soigne pas immédiatement se dit le malade.

le PLAQUENIL : enthousiasme, grandes espérances cliquez ici 

D’où vient cette âpre bataille autour d’une molécule qui, utilisée intelligemment, recèle apparemment un potentiel intéressant, quoique scientifiquement, protocolairement, insuffisamment établi ?  intelligemment c’est-à-dire professionnellement, ça n’est pas aux non médecins de spécifier indications et contre indications, mais cela veut dire aussi exactement à l’inverse des préconisations officielles actuelles, qui recommandent le produit aux stades très avancés alors que "selon le professeur Philippe Parola, à la tête du service des maladies infectieuses de l’IHU marseillais, lié à l’équipe de Didier Raoult, cette association chloroquine et azithromycine faisait qu’à six jours le petit nombre de patients qui avaient reçu ce traitement n’avaient plus de virus détectable, c’est-à-dire qu’ils n’étaient plus contagieux" lors du premier test.

circonspection & critiques (cliquez là)

Avec de l’audace et de l’élan, à la Leclerc, ou en prenant toutes ses précautions, à la Gamelin ? entre les deux où placer le curseur ? S’il faut passer par Marseille (et la Chine, qui au demeurant confine très fort) pour sortir de ce cauchemar, emprunter ce raccourci clinique, sachant que pour l’instant aucun dispositif miracle n’est scientifiquement — ou scientistement tout est là — validé. Les querelles d’experts font rage, mais qui et que sont ces experts ? la course aux molécules est lancée. C’est à la sortie qu’on y verra clair. Après la bataille, quand on compte les morts, dont vous ou moi, qui sait ? bonjour l’angoisse, bonjour surtout la responsabilité. D’y voir clair dans les enjeux. Impératif : mobiliser sans plus attendre notre capacité de discernement.

à contre-courant une voix

Cliquez puis, rendus sur le site Anthropo-logiques, passez à sa page d’accueil, dont nous vous livrons quelques extraits en (1) et (2) :

1) « si c’est trop court c’est con »

— "Le rédacteur en chef d’un très bon quotidien à qui je m’étais permis de l’envoyer à parution avait répondu : "Bonjour et merci. Intéressant, mais gigantesque et avec trop d’idées, ça part dans tous les sens. En une phrase, votre propos central serait..?"

À quoi je me suis permis de lui répondre : "En une phrase : si c’est trop court c’est  con 🙂 "

1 bis) le Pr. Raoult décide d’honorer son serment d’Hippocrate en administrant SANS PLUS ATTENDRE le combiné Chloroquine-Azithromycine

Il semblerait qu’il y ait là le tout petit début d’une percée. On commence à cesser d’écouter seulement "des personnes qui n’ont dans l’ensemble aucune expérience clinique avec l’hydroxychloroquine assènent avec une docte certitude des sottises sans nom sur la redoutable « dangerosité » du produit. Auxquelles le Pr Raoult (qui a traité plus de 4 000 cas complexes avec cette substance) vient de répondre dans un billet intitulé « Toxicité Chloroquine-Azithromycine une crise de nerf française : étude sur 755 femmes enceintes » référençant une étude publiée en 2011." Mais certaines de ses publications elles-mêmes sont controversables. Et la question de l’éthique en matière de clinique ? Et le scientisme il ne l’est pas, controversable ? Voyez côté Agnès Buzyn et son mari INSERM. Débat.

1 ter) Raoult : le rapport de forces évolue

"À défaut d’avoir convaincu, l’infectiologue marseillais a été entendu : la piste de l’hydrocholoroquine, ouverte au départ par les Chinois, va être évaluée à grande échelle" (Le Monde, 24 mars). Rapport de forces en cours. Comment allez-vous, psys et futurs psys relationnels, vous situer ? à vous la responsabilité d’examiner, d’évaluer en conscience professionnelle.

2) Frankl : la capacité d’intériorité et d’élaboration psychique

JD Michel se préoccupe d’élargir le débat :"… les travaux (…) d’Aaron Antonovsy* et Viktor Frankl** ont montré "comment les ressorts intérieurs mobilisés par les déporté(e)s les avaient aidés à survivre aux camps de la mort." Certes, ont joué ce qu’on pourrait appeler des anticorps psychiques : "ce n’étaient en effet pas les gens "solides", "forts", bien "normaux" qui avaient le mieux survécu", mais, résistant au processus de déshumanisation, même malingres ou en mauvaise santé, ceux qui avaient trouvé le moyen de maintenir en relation leur capacité d’intériorité et d’élaboration psychique. Ajoutons tout de même que chaque survie aux camps a tenu à la solidarité — et du miracle. Cf. à ce sujet Gorge Semprun.

3) Serge Hefez : phase traumatique

Joindre à ceci les analyse de notre collègue Serge Hefez  déclarant sur BFM que nous en sommes à la phase traumatique (le choc post-traumatique, ce sera pour après), à encadrer en ritualisant notre existence actuellement confinée. Ajoutons que la téléphonie généralisée contribue fortement au maintien de l’indispensable lien social, alimentant le besoin de relation et de sollicitude.


NOTES

*Aaron Antonovsky & la salutogenèse, une sociologie médicale. Concept de perception cohérente. La bonne santé consiste à percevoir ce qui advient comme compréhensible, maîtrisable, significatif. Autrement dit, hors traumatisme. Dans ce système bonne santé et bien-être se donnant la main s’opposent à la pathogenèse qui étudie les causes des maladies. On a affaire ici à une sorte de holisme. Pourquoi pas ? que l’ensemble détermine les parties n’est pas à proprement parler une idée tout à fait nouvelle. Tout système a ses promoteurs passionnés. Celui-ci est "salutaire", en ce qu’il promeut une médecine désaveuglée du scientisme de la médicalisation de l’existence dont nous sommes envahis des méfaits.

**L’intérêt du couplage avec Viktor Frankl, c’est que ce dernier, psychiatre, est des nôtres, avec sa logothérapie. En 1921 il intitule sa première conférence "À propos du sens de la vie". Voici quelqu’un qui a de la suite dans les idées. Il développe, sorti des camps, avec son Retrouver le sens de la vie, que face à l’absurde (vide existentiel), développer une vie intérieure vigoureuse vaut mieux qu’être soi même physiquement vigoureux. Sa conception de l’homme s’appuie sur une formule trinitaire (une fois de plus, cf. Dumézil et la matrice trinitaire indo-européenne) : physique/psychique/spirituel. Un modèle comme un autre, en psychothérapie nous ne disposons que de modèles, pas de vérité scientifique. Sa théorie de l’inconscient spirituel (qu’il oppose à celui de Freud) nous renvoie au débat indéfini sur le transpersonnalisme. Attention, l’excès de spiritualisme peut virer à l’idéologisme, et la question n’est pas résolue d’emblée, de mixer psychothérapique et spirituel, comme si ça allait de soi. Non, cela ne va que de moi, celui qui le dis, le débat reste ouvert.

Mais c’est un sous-débat, le grand débat actuel se situant au niveau de la scientistique, objet de chercheurs qui s’amusent comme des petits fous, déconnectés de la simple clinique, qui s’occupe de la vraie vie des vrais gens, à sauver pragmatiquement d’abord.