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28 décembre 2008

Dangerosité des malades mentaux ou de ceux qui la dénoncent ? Joseph Mornet, psychologue, Saint Martin de Vignogoul, Montpellier

Joseph Mornet, psychologue, Saint Martin de Vignogoul, Montpellier

TROP C’EST TROP !

Une réponse au discours du Président de la République

Le milieu psy est en ébullition. Les hospitaliers représentent le gros de la cavalerie psy. Les psychothérapeutes relationnels, depuis que l’ANOP, l‘Association nationale des organismes de psychologie, une décennie après l’instauration du statut de psychologue (1985), les eût exclus de son sein (1), et que les Commissions d’homologation chargées d’examiner l’équivalence des cursus des psychothérapeutes (relationnels, on les disait alors psychothérapeutes tout court, c’était eux qui étaient en train de faire de cette fonction un titre) les eussent éliminés en un tour de dossier, n’œuvrent plus en milieu hospitalier.

Cela n’empêche pas de nous porter solidaires de la lutte des psychologues cliniciens travaillant dans le cadre en pleine mutation de la Santé mentale, qui dénoncent les coups portés à leur clinique. Le travail des psychothérapeutes relationnels appartient au paradigme du travail clinique lorsque celui-ci s’inspire de la dynamique de la subjectivation. À ce titre le Cifp fait sienne la protestation humaniste de Joseph Mornet.

Il se reconnaît dans la dénonciation de « la disparition de l’enseignement de toutes les approches ne rentrant pas dans le moule de l’utilitarisme et du contrôlable« . Il protège et soutient l’idée que de bonnes Écoles non universitaires, agréées par les institutions historiques de la profession, préparent de façon irremplaçable à l’exercice de ce métier aussi difficile que spécifique. Il sait que le statut de la folie interfère avec la pratique rigoureuse du souci et soin de soi, dans l’immense majorité des cas située à la marge des pathologies mentales lourdes. Il l’intègre à son cadre de référence, elle participe de son horizon clinique et épistméologique. Il est fier de former des praticiens étrangers tant au cochage qu’au fichage.

Il appuie les Sauvons la clinique. Il appuie la mouvance des indisciplinés. Il sait que la psychothérapie relationnelle propose aux sujets en devenir de ne devenir conformes qu’à leur désir bien authentifié. Pas forcément aux injonctions présidentielles.

Philippe Grauer


La situation qui est faîte aux personnes atteintes de souffrance et de pathologie mentales aussi bien qu’à ceux et celles qui s’en occupent est devenue totalement intolérable.

Ceux là mêmes qui dénoncent la dangerosité du malade mental, la nécessité de l’enfermer et le laxisme de ceux qui en ont la charge sont précisément ceux là mêmes qui ont créé cette situation inacceptable.
Ce sont eux qui ont fermé les lits des hôpitaux, qui ont réduit la durée des séjours, qui ont étouffé le soin dans des logiques de gestions protocolaires et évaluatives et de rentabilité financière. Ce sont les mêmes qui veulent, à nouveau, traquer le futur porteur de trouble dès l’âge de trois ans, l’enfermer dès 12 ans et le ficher dès 18.

Ce sont eux qui oeuvrent à exclure de la formation du futur soignant ou éducateur toutes les disciplines qui peuvent indiscipliner par des approches sans doute jugées pas suffisamment utilitaristes ou contrôlables. Il nous faut renoncer au seul regard « sécuritaire » porté sur notre métier et sur la psychopathologie. Il nous faut refuser de réagir à ce seul plan que l’on s’évertue à nous imposer : l’accepter c’est déjà perdre, car c’est l’ouverture à l’évidence de tout ce qui en découle.

S’il y a une victime de la situation actuelle autour de la folie c’est d’abord la personne qui en souffre, son entourage et ceux et celles qui l’accueillent et la soignent.

Revenons à ce qui fonde nos pratiques, nos conceptions de l’homme et de sa liberté et celle de nos institutions et de nos groupes sociaux. Unissons-nous autour de ce que nous dénonçons mais aussi de ce que nous revendiquons.

Il ne faut jamais oublier que tout commence par la formation : « Sauvons la clinique} gravement menacée par la disparition de l’enseignement de toutes les approches ne rentrant pas dans le moule de l’utilitarisme et du contrôlable.

– Défendons une école où l’enfant ne sera pas traqué dès son plus jeune âge pour savoir quel futur citoyen il sera.

– Refusons toute forme de fichage.

Les multiples réactions qui se sont manifestées sont réjouissantes par l’espoir qu’elle soulèvent : à nous tous de savoir les transformer en actions et non pas seulement en réactions.