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31 mai 2010

Décret : quelques précisions utiles Geneviève Mattei, présentée par Phillippe Grauer

Geneviève Mattei, présentée par Phillippe Grauer

Voici déjà la réponse. De Genvière Mattei à Arlette Gastine, qui au nom du Bureau de l’Affop s’interrogeait auprès d’une professionnelle compétente sur un certain nombre de points relatifs aux grands-parents dans le Décret qui vient d’être publié au Journal Officiel. Les questions seront mise en ligne un peu plus tard, mais pourquoi attendre davantage à partir du moment où comme dirait Saint Paul on dispose des réponses ?

{Il apparaît de toute façon que l’affaire est pliée. Pour que la loi soit respectée on crée le cadre d’une possibilité d’agrément d’instituts de psychopathologie, qui risquent peu de concerner nos Écoles, si jamais certaines estimaient devoir et pouvoir s’engager dans cette galère. On est prié de ne pas cultiver l’illusion outre mesure pour les années qui viennent. Enfin nous verrons bien. Le GLPR se réunit prochainement et coordonnera les stratégies des institutions responsables de la psychothérapie relationnelle. Ensuite, ensuite l’Histoire se fera, et nous y serons pour quelque chose, mais l’Histoire il lui arrive de prendre son temps.

Nous rappelons par ailleurs à nos étudiants et futurs étudiants que l’exclusivité d’un titre — auquel il serait raisonnable de renoncer car il ne désignera à titre générique plus du tout ce qu’il désignait il y a quelques années, du temps où nous honorions un titre dont nous avions la paternité et pris la responsabilité limitée à notre zone d’influence institutionnelle et morale —, ne constitue en rien un interdit d’exercice professionnel de la psychothérapie. Ce terme fort heureusement se trouve non défini par la loi, encore moins s’il s’agit de notre {psychothérapie relationnelle, (1)] et encore moins de la psychopratique multiréférentielle® à l’intitulé du diplôme que délivre le Cifp.

Philippe Grauer}}


Chère Arlette,

Le décret n’exige en effet qu’un niveau master sans autre précision que la spécialisation en psychologie ou psychanalyse et il me semble que si le texte avait voulu réserver l’accès au master 2 il aurait dû le dire : faute d’une telle précision le master1 devrait permettre l’accès à la formation en psychopathologie clinique.

Mais y a-t-il vraiment des master 1 spécialisés en psychologie et en psychanalyse ? Je ne connais pas assez la question pour y répondre.

La réponse universitaire est simple : le Master c’est le Master. Qu’il se prépare en deux ans c’est son affaire. Il s’agit donc obligatoirement du Master obtenu au terme de deux années d’études, dit Master 2, la première partie se dénommant Master 1 sans constituer le moins du monde un Master. Précision apportée par PHG

Quant à la formule « niveau master » elle me semble motivée par le souci de faire échapper le décret au grief de violation de la liberté de l’enseignement qui aurait pu être formulé si c’était le diplôme lui-même qui avait été exigé.

Ce qui, en théorie, pourrait permettre aux établissements privés de formation à la psychothérapie de faire reconnaitre qu’ils dispensent une formation de niveau master conférant à leurs élèves le droit de suivre la formation en psychopathologie clinique et donc d’accéder au titre de psychothérapeute.

Mais pour cela il faudrait :

– d’une part, qu’ils aient le statut d’établissement d’enseignement supérieur, statut exigé également des établissements d’enseignement privé qui souhaiteraient être agrées pour délivrer la nouvelle formation en psychopathologie clinique ( article 11 dernier alinéa).

– d’autre part que leur enseignement puisse être reconnu comme étant d’un niveau master…..

Quant à la totalité de la formation en psychopathologie clinique (400 h théoriques et 5 mois de stage) elle sera exigée de tous les « ni-ni-ni  » qui voudront accéder au titre de psychothérapeute et qui peuvent justifier soit du niveau master exigé par l’article 1, soit de la dérogation prévue par l’article 16 pour les psychothérapeutes en exercice depuis au moins 5 ans.

C’est donc en définitive un système qui, par les barrières qu’il installe, remplit bien l’objectif initial de la loi Accoyer : faire en sorte que seuls les médecins, les psychologues, et les psychanalystes puissent concrètement accéder au titre de psychothérapeute, l’annexe manifestant en outre une victoire de la psychiatrie sur les psychologues cliniciens dont je doute
qu’ils apprécient la nécessité de suivre à nouveau 150 h de cours théoriques et 2 mois de stage.


Ils ne se sont pas fait attendre, les psychologues cliniciens. Voici leur réaction :

Le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, en a salué la parution et commentant le décret, il a souligné que « cette disposition ne concerne strictement en rien les psychiatres, les psychologues-cliniciens ni la psychanalyse« .

Pourtant, dans l’annexe au décret, qui fixe les conditions de dispense totale ou partielle à la formation en psychopathologie clinique exigée, il apparaît que les psychologues cliniciens, titulaires donc d’un master en psychopathologie clinique, devraient encore se former à la psychopathologie clinique.

La profession réfléchit, aujourd’hui, sur la nécessité de parfaire le haut niveau de formation des psychologues prévu par la loi. Mais ce que nous propose cette annexe qui mêle formation à la psychopathologie clinique et approches utilisées en psychothérapie n’est pas de cet ordre. Sans compter qu’il est très étonnant que, dans le cadre d’un texte réglementaire, soit utilisé le discriminant de clinicien — certes utilisé dans le langage courant mais sans aucune définition juridique. Faut-il entendre que si le terme de « psychologues diplômés en psychopathologie clinique » avait été retenu il eut été difficile d’exiger pour eux une formation à la psychopathologie clinique ? Les psychologues et les enseignants en psychologie et psychopathologie clinique de la FFPP, du SNP et du SIUEERPP réunis, contestent formellement le tableau de cette annexe au décret.

Une annexe qui crée la confusion au sein de la profession

Alors qu’aujourd’hui les psychologues et les psychiatres se partagent l’activité de psychothérapie tant au sein des institutions publiques et privées de soins psychiatriques que dans les institutions hospitalières et dans l’exercice libéral, cette annexe laisse accroire que la formation à la psychopathologie dispensée par les universités aux étudiants des masters de clinique est insuffisante au regard de celle reçue par les psychiatres — qui eux sont dispensés de tout complément de formation.

Nous pourrions être tentés de conclure que les critères qui ont présidé aux dispenses reposent sur une conception purement médicale de la psychopathologie clinique en contradiction flagrante avec les traditions universitaires françaises. Monsieur Accoyer a-t-il été tenu bien informé du contenu de cette annexe au décret ? Contrairement à l’esprit de la loi, qu’il a mis onze ans à faire aboutir, cette annexe exige en effet des temps de formation complémentaires pour les psychologues cliniciens !

Cette annexe au décret ne doit pas excéder la loi et l’esprit de celle-ci. Le SNP, le SIUEERPP et la FFPP s’associent pour demander la modification — au plus vite — de cette annexe, afin de ne plus lui faire injure.



Nous qui croyions que l’injure c’était à notre profession qu’elle avait été faite. Qu’ils sont émouvants nos psychologues et psychopathologues avec leur dispute pour une poignée d’heures contrariant leurs prérogatives statutaires. Laissons les à leur satisfaction, que modère une protestation corporatiste, laissons-les remercier le bon docteur Accoyer de sa sollicitude les ayant assurés qu’ils n’étaient en rien visés par sa loi tout entière contre nous dirigée. Encore une fois chers collègues nous ne nous félicitons pas de votre réjouissance in petto de nous voir traiter en indigènes de la psychothérapie, évacués de leur propre titre à votre unique bénéfice, en tout déni tout déshonneur, dont vous vous disputez jusqu’à la moindre centaine d’heures signant la réalité de votre soumission volontaire à la médecine quoi que vous en protestassiez.

Nous poursuivrons en nous distinguant sous un autre nom notre mission au service de notre psychothérapie relationnelle et de ceux qui trouvent toujours leur intérêt à y recourir, bien heureux de nous tenir à distance de ce que vous vous apprêtez à faire sous notre habit dérobé.

Philippe Grauer