RechercherRecherche AgendaAgenda

Actualités

Revenir

2 février 2009

Europsy et sa croisade Hélène Bigot

Hélène Bigot

Nous reprenons la diffusion avec un texte remarquable de Marie-Hélène Bigot sur le projet Europsy. L’auteure prend argument d’une lettre du secrétaire général du SNP pour présenter le programme Europsy, ses origines, ses ramifications.

Surtout, elle en propose une lecture grandement éclairante, qui nous permet d’en saisir les enjeux. Ellle affirme aussi la conception qu’elle a élaborée, pas-sans autres, de la formation des psychologues et des conditions requises pour exercer leur art.

Nous donnant avec précision les références de sa lecture, elle nous donne un outil précieux pour nous repérer dans le dédale des organisations, programmes et organismes engagés dans cette affaire.

Ce projet est entièrement traversé par une idéologie de l’évaluation qui ne laisse aucune place au désir, ni à l’acte. Il procède d’une tentative de suturer ce qui a été ouvert au moment même de la naissance de la psychologie comme discipline par la découverte de l’inconscient et la pratique de la psychanalyse. Le nom de Freud est ici en jeu. Cette béance inaugurale s’est trouvée confirmée par la création de la profession-symptôme de psychologue praticien en France dans l’après-guerre, et par la loi de 1985. C’est ici l’intervention de Lacan, tant au point de vue de la doctrine que de la formation du psychanalyste qui a été décisive. Je ne fais que mentionner cela, je donnerai, dans un ouvrage collectif à paraître, quelques développement sur ce point. C’est cette béance maintenue qu’Europsy veut refermer. C’est celle que nous nous employons à laisser ouverte.

Jean-François Cottes

Europsy et sa croisade

Par Marie-Hélène Bigot

La lettre que Monsieur Quéheillard adresse à Roal Ulrichsen, Président de la FEAP, et à Roger Lécuyer, au titre de Président de la Cofradec, appelle réponse (1)

Elle laisse dans l’ombre certains des points fondamentaux qui se jouent pour les psychologues en France et en Europe avec le projet Europsy. Bien qu’il soit précisé que le SNP ne reconnaît pas là ses options, on a l’impression que, moyennant quelque adaptation aux réalités de la psychologie en France, il serait possible de trouver un terrain d’entente. Il n’en est rien.

Cette lettre fait suite à l’annonce par la FFPP, Fédération Française de la Psychologie et des Psychologues, de la création de Comités Nationaux « pour délivrer EuroPsy ». Il s’agirait en clair de procéder à la délivrance du diplôme de base de psychologue concocté par le groupe « EuroPsy » et ratifié par la FEAP, la Fédération Européenne des Associations de Psychologues, cela, dans tous les pays d’Europe (2).

La FFPP, l’association nationale française affiliée, désignée par la FEAP comme son représentant en France, a donc fait savoir qu’un Comité National était mis en place. Baptisé « Cofradec », pour « Comité français de la délivrance de la certification », Roger Lécuyer en a été élu Président au terme d’une élection organisée à la FFPP. Ce Comité sera constitué de 4 universitaires et de 4 praticiens, supposés représenter les principaux courants théoriques et les principales spécialités en France. Si l’on s’en tient à l’annonce, ils ont été élus le 6 décembre 2008.

Point de départ

Monsieur Quéheillard dit savoir que « la FEAP et la FFPP sont en train de mettre en place ce projet « Europsy » dans plusieurs pays européens ». Il enchaine sur les positions du SNP sur «la discipline et la profession » pour demander à ses interlocuteurs si et comment ils entendent « adapter leur projet en fonction des réalités » qu’il expose.

Il ne remet pas en cause leurs prétentions à déployer un tel projet. Leur démarche ne s’autorise pourtant d’aucune force légale, ne s’appuie sur aucune loi nationale ou directive européenne qui lui donnerait un caractère obligatoire. Elle ne se fonde que d’un « je veux ». C’est une position de maître qui tente de « faire accroire », de subordonner au projet en question, en vue de recomposer le paysage de la psychologie en France et en Europe

Rapportons-y la politique de « valorisation », précédemment mentionnée, qui veut optimiser les avancées du projet et accroître son impact (3). Mais est-ce seulement cela ?

La formation des psychologues

Monsieur Quéheillard, pour le SNP, fait valoir que la psychologie relève « des sciences humaines », son objet est en effet l’être humain et ce qui le fonde, dans sa singularité. Il relève que les cadres de pensée auxquels la psychologie se réfère sont hérités « d’une double tradition historique ».

Nous préciserons que ces cadres, s’ils sont deux, sont distincts.

L’un se réclame de la science et de « l’objectivisme ». Il vise à saisir l’homme, son malaise, au travers d’expériences qu’il veut objectives.

N’oublions pas pourtant que, même à considérer l’homme et sa psyché à partir de la neurologie, de la biologie, de l’étude du cerveau, du relevé de données quantifiables et chiffrables, cela tient d’une conception théorique, ce n’est pas un fait en soi. Ces hypothèses, leurs expérimentations et résultats, ceux retenus comme significatifs, n’échappent pas au « cadre de pensée » de ceux qui les conçoivent, même si leur souhait serait d’atteindre à la réalité humaine.

Le repérage du second cadre sous les termes d’un « humanisme », d’un « subjectivisme » qui s’aborderait sous l’angle d’une relation intersubjective échoue à donner son cadre à la psychanalyse. En effet, si celle-ci oriente la pratique de beaucoup de psychologues en France, elle ne répond pas tant de l’épanouissement de la personne humaine que de la révélation du désir qui anime chacun au un par un et l’oriente. Cette découverte se fait, non à partir d’une théorie de l’intersubjectivité, mais de celle de l’inconscient et de la mise en acte du transfert. Le désir de celui appelé à répondre à la demande qui lui est adressée est convoqué dans cette affaire.

L’exercice de tout psychologue trouve à se constituer de la mise en jeu, non seulement de concepts, mais aussi de « son implication personnelle », de son être. Le cadre de son intervention répond donc toujours d’un au-delà de l’enseignement reçu.

C’est pourquoi une formation universitaire, aussi bien faite soit-elle, ne peut prétendre délivrer une formation qui réponde de ce dernier critère. Le niveau de formation théorique et pratique qu’elle est susceptible d’offrir ne peut, à notre sens, l’inclure.

Elle peut viser à la transmission de concepts, se donner pour but d’instruire l’étudiant sur leurs implications, sur leurs limites. Elle peut viser à lui faire saisir la présence de cette « implication personnelle » dans ce qu’il entend d’autrui et le mener à s’interroger sur la façon dont il entend la prendre en compte. Elle ne peut prétendre incarner les courants théoriques, ni se confondre avec les écoles, avec ceux qui portent la responsabilité d’une théorie qu’ils soutiennent, à charge pour eux de l’interroger et de l’éclairer.

Il nous parait essentiel de distinguer ces places, faute de quoi on assisterait au rabat de l’écart d’où chacun, étudiant, enseignant, praticien ou chercheur, peut interroger sa mise.

La formation EuroPsy

Ce diplôme est un diplôme « de base ». Il est prévu de lui adjoindre des diplômes dits « avancés », des spécialités qui pourraient, « à long terme » nous dit-on, « restreindre les lieux d’exercice, les niveaux et les tâches de ceux qui ne posséderaient que le diplôme Europsy de base » (4)

Nous retenons plus particulièrement l’existence d’une spécialité en clinique et santé et d’une autre en psychothérapie. En ce qui concerne cette dernière, Philippe Grosbois a annoncé, dans un article du « Fédérer » de juin 2008 la mise en place de Comités Nationaux dans 7 pays de la Communauté Européenne, « pour évaluer les compétences des psychologues qui répondent aux critères de l’EFPA en matière de psychothérapie » (5).

On note que la politique de l’EFPA s’accélère et qu’elle recherche un impact maximal. Monsieur Quéheillard fait pourtant remarquer que l’existence de spécialités « a été refusée par le SNP » et « qu’aucune hiérarchie de niveaux de formation » ne doit être instaurée. L’EFPA n’en a cure.

S’il est précisé que le projet Europsy « ne vise pas à conférer un droit d’exercice et ne devra pas remplacer les pré-requis nationaux relatifs à la profession », ses auteurs ajoutent qu’il est «évident que plus la reconnaissance du projet EuroPsy sera mise en place et plus les pré-requis nationaux s’y conformeront » (6). Parvenir à ce que les pré-requis nationaux s’alignent sur le projet Europsy. Le but est celui-ci : parvenir à imposer les « normes d’études et de formation » conçues par les membres du groupe Europsy et ratifiées par la FEAP.

Exiger, par exemple, de tout psychologue qu’il puisse mettre en œuvre les 20 « compétences de base » qui ont été listées. Elles décrivent son action par le menu, elles la circonscrivent dans un mode d’emploi, dans des « rôles » préalablement attribués. Son intervention se doit d’être linéaire et planifiée. Elle se base, par exemple, sur « le repérage, la préparation et la mise en place d’interventions adaptées aux buts visés grâce à la mise en place du diagnostic et des développements ultérieurs, en tenant compte du service demandé ». (7). Ces dites “bonnes pratiques” seront garanties par un contrat où superviseur et étudiant conviendront du champ professionnel choisi, du type de client rencontré, du rôle à tenir et des compétences à mobiliser.

L’écart entre la demande et le désir d’un sujet est écrasé, ignoré. L’acte se doit d’être conforme aux attentes du « client », de suivre un « plan d’intervention ». La surprise est bannie. Le transfert, la mise en acte de l’inconscient n’ont aucun droit de cité dans ce chemin tracé d’avance. La psychanalyse n’est d’ailleurs pas nommée. Est-ce un hasard, une tendance ? Suffirait-il de rappeler l’existence d’autres théories pour les voir prises en compte ?

Le projet Europsy prévoit qu’incombe au Comité National de l’association affiliée (Cofradec/FFPP) la tâche de préparer et publier une liste des cursus de formation universitaire en psychologie accrédités » (8). Les « écoles thérapeutiques » autorisées à dispenser une psychothérapie seront aussi évaluées et accréditées.

Ce Comité pourra donc décider des lieux d’enseignement, de qui dispense la psychothérapie adéquate, soit autoriser ceux qui s’accordent avec les critères d’Europsy.

EuroPsy prévoit aussi un apprentissage obligé de la pratique avec un superviseur. C’est en le regardant faire, en se laissant soi-même observer, qu’on serait supposé « apprendre et progresser ». Pour encadrer cela un « guide de supervision » devrait paraître ! (9)

Non seulement une démarche de supervision se doit en effet de « rester à l’initiative du professionnel » (et donc ne pas être systématisée) mais elle ne peut devenir un enseignement universitaire, procéder d’une « sélection et d’une validation académiques » (10).

Avec Europsy, c’est par l’appui sur un autre qu’on regarderait faire, un Autre avec lequel on aurait « des discussions critiques » que l’on trouverait à fonder son exercice. Des savoir-faire et des techniques viendraient se substituer au surgissement d’un « je ne sais pas » et à la possibilité d’un questionnement sur « la part prise » par soi-même dans le cadre posé.

Comment l’université pourra-t-elle être un lieu de confrontation théorique, comment pourra-t-il y avoir un lieu de questionnement des savoirs quand l’EFPA/ses associations affiliées seront « ceux qui savent », quand les membres du Comité décideront d’inclure ou d’exclure lieux, étudiants, enseignants, psychothérapeutes… ?

Des connaissances, même « doctorales », ne seront dans ce cas que copies conformes.

Ces exemples ne sont pas des choix malencontreux. Le projet EuroPsy est le résultat d’une orientation qui se proclame scientifique. Ses normes reposent, selon ses auteurs, sur des critères « scientifiquement établis de la psychologie comme science et comme profession »(11)

Les sources du projet

On nous dit qu’Europsy s’est inspiré de travaux effectués par la BPS, British Psychology Society, pour établir ses pré-requis. Nous savons qu’un canevas de formation a été établi dans un premier temps par l’ENOP, un équivalent de la FEAP pour les psychologues du travail. Il a pu constituer un modèle, certains membres d’Europsy sont d’ailleurs issus de la psychologie du travail et des organisations. Le projet Europsy est décrit comme la suite logique de ce processus. Mais il y a plutôt ici mise en œuvre d’une orientation décidée que reprise de quelques points de repère antérieurs.

Si nous nous intéressons aux membres d’Europsy nous nous apercevons qu’ils sont, pour la plupart, les mêmes depuis que le groupe s’est constitué.

Les « gènes » qui répondent du projet nous sont décrits autrement par Bernard Wilpert : Europsy est né à partir d’une idée d’Ingrid Lunt. C’est elle qui a soigneusement choisi « des collaborateurs potentiels -« des partenaires »- pour la plupart admiratifs de sa sagacité, de ses aptitudes sociales et scientifiques » nous Wilpert (12). C’est dans un second temps que sont intervenus les autres points: le modèle construit par l’ENOP, le soutien de la FEAP au projet et les subsides du programme européen Léonardo de Vinci.

Qui sont ces « partenaires » ? 

Ils représentent des universités ou des associations nationales, et plusieurs sont aussi membres d’organisations internationales de psychologie, en particulier de l’IUPsyS, l’Union Internationale de Psychologie Scientifique, et de l’IAAP, l’Association Internationale de Psychologie Appliquée.

Ingrid Lunt, très active, est vice-présidente de l’IUPsyS pour la période 2004-2008. Elle fait partie des dirigeants de l’IAAP jusqu’en 2010. Elle est affiliée à la division internationale de l’APA, l’Association Américaine de Psychologie. D’autres sont membres de la SIOP, Société pour la Psychologie de l’Industrie et des Organisations, une autre division de l’APA .

Ces organisations ont toutes pour caractéristique de soutenir la psychologie scientifique et d’œuvrer à son internationalisation.

Ingrid Lunt nous apprend d’ailleurs que l’IUPsyS poursuit « une initiative similaire à celle d’Europsy à un niveau plus global » (13). Cette association veut établir des standards, internationaux cette fois, pour les psychologues.

La FEAP, l’IAAP et l’IUPsyS ont signé un accord en juillet 2002 qui précise que « les trois associations partagent l es mêmes buts en promouvant la psychologie dans le monde », et qu’elles « travaillent en étroite collaboration » (14)

Pour sa part, la FFPP siège maintenant avec la SFP, Société Française de Psychologie, au sein d’un « Comité National Français de Psychologie Scientifique » (CNFPS). Michel Denis, le

Président de l’IUPSyS, a demandé en mai 2008 que cette association reconnaisse le comité comme son représentant en France (15).

Une Association pour l’organisation du Congrès Mondial de Psychologie Appliquée a été créée fin 2007 en vue de recevoir la Conférence Internationale de l’IAAP qui aura lieu en France en 2014. En sont membres de droit, entre autres, la FFPP et la SFP, leurs présidents, ainsi que Roger Lécuyer et Jacques Py (16).

La FEAP et la FFPP ont donc avec ces associations et leur orientation, pour le moins, des affinités. Comment concevoir qu’elles puissent prendre en compte un cadre qui ne se définisse pas de la science mais de l’hypothèse de l’inconscient ?

Pour Ingrid Lunt et Jose Maria Peiro, membres d’Europsy, les changements sociaux en Europe, par exemple dans « les écoles, les organisations, la santé mentale et les services sociaux », « la recherche sur la prévention, les conduites et leurs conséquences » réclament l’attention croissante des psychologues. L’Europe devient donc une cible, un objectif (« a target ») pour cette psychologie qui se définit « comme une science et une profession » (17)

Faire jouer la jurisprudence, faire la loi

Le numéro de septembre 2008 de « Fédérer », le bulletin de la FFPP, fait valoir que « la responsabilité des membres du Cofradec Europsy, en particulier ceux qui vont siéger dans le premier comité est considérable, car ce comité va créer une jurisprudence, et engager en grande partie l’avenir de la profession en France » (18). Cette référence à la « jurisprudence » nous rappelle que la France n’est pas seule concernée. Tous les « comités nationaux » instaurés en Europe par l’EFPA créeront cette situation de fait et viseront à l’établissement d’une jurisprudence. Coup de bluff ?

Si cette démarche de l’EFPA va dans le sens de la politique d’optimisation qui est la sienne, l’angle choisi nous semble différent des prétentions affichées jusqu’alors : distribuer une carte professionnelle, construire une « plate-forme » (19). Il est question ici de jurisprudence. Considérons aussi que Philippe Grosbois annonce la délivrance d’un « Diplôme Europsy avec mention de spécialiste en psychothérapie » avec mise en place de Comités Nationaux dans 7 pays d’Europe. Ce forçage diffère d’une démarche en vue de l’établissement d’une plate-forme, de critères minimaux de reconnaissance.

La directive européenne 2005/36/CE vise à la reconnaissance des qualifications professionnelles. Elle s’applique aux psychologues, elle n’impose pas aux États l’harmonisation du contenu de leurs formations. Contrairement à ce qu’espérait l’EFPA, l’article 15 précise que les Etats conservent leurs compétences « pour déterminer les qualifications professionnelles requises pour l’exercice des professions sur leur territoire » (20). L’EFPA comptait beaucoup sur cet article pour faire d’EuroPsy une plateforme commune, pour imposer Europsy en Europe.

En 2006, elle disait vouloir malgré tout contribuer à l’établissement d’une plate-forme qui servirait de référence. Ce processus est codifié : il faut la proposer à la Commission Européenne qui convoque un groupe d’experts… en vue de son adoption. Adoptée elle acquiert une force juridique, qui ne peut excéder ce qu’en dit l’article 15 : elle ne s’impose pas. Cela ne fait pas une jurisprudence ni ne permet d’imposer les critères d’une spécialité.

Nous ne pouvons que nous interroger, sachant que l’EFPA et ces associations internationales sont très attentives aux modifications de la législation européenne et aux opportunités qu’elle peut offrir.

La directive relative aux services de 2006 ne s’applique pas aux psychologues. Les services de santé ont été exclus de cette directive. Cependant aucune directive spécifique les concernant n’a été rédigée, malgré un rapport rédigé en ce sens par Maître Vergnaud en mai 2007 (21)

Alors que de nombreux Etats ont souhaité que les services de santé bénéficient d’un encadrement « autre que celui exercé par les juges de la Cour de Justice des Communautés européennes dans le cadre de contentieux », on apprend que le Parlement Européen a  préféré inviter la Commission « à proposer un instrument approprié en vue, notamment, de codifier la jurisprudence de la cjce en la matière »(22). Ce point est à l’heure actuelle en discussion.

Est-ce de cela qu’il serait question ? S’agirait-il de faire glisser les psychologues vers un système où tout groupe, en fonction de ses intérêts propres, pourrait viser à imposer le cadre qui lui convient, sans plus respecter la place particulière tenue par les services de santé ? Pour le plus grand bénéfice des intérêts du groupe en question et du marché ?

Le but de ces associations est de parvenir à imposer leurs standards, de développer une psychologie « universelle », ou « globale », au détriment de ce qu’elles rabattent du côté d’une diversité culturelle, de psychologies « indigènes », jamais décrites comme relevant de théories de l’être humain inconciliables avec leurs présupposés (23). Il s’agit de passer au-delà d’un cadre qu’elles considèrent n’être constitué que de frontières traditionnelles, d’amener les Etats à tendre vers des normes qui conviendraient mieux à leurs intentions.

La responsabilité des membres du Cofradec serait effectivement considérable dans ce changement de l’organisation du champ de la psychologie en France et en Europe. Il s’agirait, ni plus ni moins, de la retailler selon les vœux des tenants de la psychologie scientifique.

Au vu du laminoir qu’ils constituent pour toute théorie autre que celle qu’ils transportent, le projet de décret récemment proposé, visant à encadrer le titre de psychothérapeute, constitue un cadre respectueux des orientations théoriques présentes en France et de la compétence de l’Etat (24).

Il met l’accent sur la nécessité de contenus clairement identifiés et référés plutôt que de s’appuyer uniquement sur un dit « haut niveau ». Notons qu’un niveau, même doctoral, se contente fort bien des standards d’un seul courant. Ce projet de décret considère qu’il existe des courants théoriques, il ne s’octroie ni le droit, ni le pouvoir de décider « d’UN », qui serait « Le Vrai ».

_____________________________

1- Quéheillard J.-L., Secrétaire Général du SNP, Lettre au Président de la FEAP (EFPA), Roal Ulrichsen, et au Président du COFRADEC Europsy, Roger Lécuyer, 24 novembre 2008. http://www.psychologues.org

2- Fédérer, Bulletins 38 à 40, http://www.ffpp.net

3- Bigot M.-H., « La psychologie de l’Europe, sans diversité », note 26, http://www.psychologuesfreudiens.org

4- Diplôme Européen de Psychologie, Projet du groupe Europsy, http://ffpp.free.fr/europsy/europsy220905vf.pdf, p. 3

5- Grosbois P., Présentation de la synthèse du rapport d’activité du « Standing Committee on Psychotherapy » 2005-2007, Fédérer N°38, http://www.ffpp.net

6- Diplôme Européen de Psychologie, Ibid. supra, p.3

7- Ibid. sup., p.28

8- Ibid. sup., p.9

9- Ibid. sup., p.35

10- Quéheillard J.-L., pour le SNP, Cf. Supra.

11- Lécuyer R., Europsy : Certification européenne en psychologie. Déclaration de l’EFPA, 12 10 2006. FFPP, p.6

12- Wilpert B., Projecting a European Diploma in Psychology, European Psychologist, PsycARTICLES, sept. 2002, 7, 3, p.222.

13- Lunt I., On achievements and challenges in the international organisation of psychology, The Psychologist, février 2005,18, 2, p. 79

14- International Association of Applied Psychology, Newsletter, Volume 15, Issue 1, january 2003, p. 63

15- www.am.org/iupsys/natmembers/GA2008/2008-GA-3-3-france.pdf –

16- Association for the organization of the 28th International Conference of Applied Psychology 2014, « Consortium of Psychology Associations – 28th ICAP 2014 », www.sfpsy.org/IMG/doc/A-CIPA-2014-UK.doc

17- Peiro J.-M, Lunt I., The context of a European Framework for Psychologists’ Training, European Psychologist, PsycARTICLES, sept. 2002,7,3, p. 169-172

18- Fédérer, N°39, http://www.ffpp.net

19- Lécuyer R., Europsy : Certification européenne en psychologie, Ibid. supra, p.3

20- Directive 2005/36/CE du Parlement et du Conseil du 7 septembre 2005 relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles, Article 15, Alinéa 4.

21- Projet de rapport sur l’impact et les conséquences de l’exclusion des services de santé de la directive relative aux services dans le marché intérieur. Rapporteur Vergnaud B., Commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs, 2006/2275 (INI). 06 03 2007 www.europarl.europa.eu/meetdocs/2004_2009/documents/pr/656/656490/656490fr.pdf.

22- « Quel encadrement européen pour les services de santé ? », Coopération Sociale Européenne, Fiche de synthèse, juillet 2007

23- Lunt I., On achievements and challenges in the international organisation of psychology, Ibid. supra, p. 79

24- Projet de décret, 22 10 08, http://www.psychologues.org/Docs/decret+arrete_22_10_08.pdf