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31 août 2010

Hélène Chaigneau, monument de la psychothérapie institutionnelle, s’en va sa bonne femme de chemin Hélène Chaigneau, Guy Baillon et al

Hélène Chaigneau, Guy Baillon et al

90 ans à peu près et beaucoup d’écriture, une écriture discrète qu’on était en train de recollecter. Une psychiatre ancien modèle, du temps où l’inconscient n’avait pas été supplanté par les TCC avec de la Mindfullness comme supplément d’âme, une spécialiste de la schizophrénie. C’est notre Jacques Tosquellas qui a de précieuses choses à dire à propos d’Hélène Chaigneau, une des ancêtres de la psychothérapie institutionnnelle à laquelle nous devons tant. L’ami Joseph Mornet aussi devrait collaborer. Nous attendons leur communication.

Philippe Grauer


…/ « je ne reprendrai pas ici les arguments subtils et très nuancés d’Hélène Chaigneau, (je suis de ceux qui lui demandent instamment d’écrire, en réalité il faudrait que quelqu’un l’interviewe)… elle précisait quel travail psychique les soignants devaient déployer pour être présents’ en laissant le patient libre. Il est indispensable que nous soyons au clair avec cette question pour poursuivre notre travail. Elle est en continuité avec notre réflexion sur les passages’, où nous cherchons à préciser ce que nous allons transmettre lorsqu’un patient quitte une unité de soin pour entrer dans une autre, nous constatons que lorsqu’un soignant de l’unité qu’il quitte peut relater à un collègue de l’unité où entre le patient en la présence de ce dernier des moments qui témoignent qu’ils viennent de partager des temps de soin, ainsi il y a construction possible sur laquelle le soin à venir va s’arrimer. Mais alors il y a une évaluation à faire de ce qui est à transmettre… »

Guy Baillon.


« Petit à petit on commence à assister à l’extraction de ses articles — parce qu’elle a beaucoup écrit, cette femme, ce qu’on ne savait pas. On ne le savait pas parce que elle disait rien, elle faisait ses trucs comme ça presque en douce, c’est un ton particulier, ce n’est pas quelque chose qu’on trouve chez n’importe qui, une certaine façon de parler de ce qu’elle tourne en dérision à savoir la maladie mentale, quand on dit la maladie, on dit pas la maladie somatique, donc pourquoi dire la maladie mentale, c’est idiot, enfin, elle a bien des de points de vue comme ça très extraordinaires sur les choses. Ce que j’ai ici, c’est le livre qui sera publié chez Campagne Première, une interview, je ne sais combien d’entretiens qui se sont passés entre 1988 et 1989. »


Hélène Chaigneau, Entretien du 7 novembre 1988 (suite)

J. P. : Dernièrement André Green rappelait, au cours des Journées d’Études sur “La conduite de la cure” que nous savons plus ou moins, même quand on l’a pas présent à l’esprit, que si l’histoire du patient, l’histoire de l’enfance, l’histoire familiale, l’histoire réelle, nous ne la connaîtrons jamais que par ce qu’il en dit, par contre l’histoire des séances du déroulement, ça nous en sommes les dépositaires et les acteurs avec lui.

H. C. : Tout à fait, tout à fait.

J. P. : Est-ce que pour vous l’Historial c’est aussi ça ?

H. C. : Oui, oui.

J. P. : Dans les soins que nous…

H. C. : Oui oui, ça ça va assez bien ensemble.

J. P. : Sauf que le schizophrène soigné dans une institution, par une équipe, on est plusieurs à être dépositaires de ce déroulement d’histoire.

H. C. : Tout à fait, c’est pour ça que ça va ensemble, je ne dirais certainement pas que c’est la même chose, sûrement pas. Et puis c’est pas la même chose non plus parce que dans la cure, nous sommes dépositaires d’une histoire qui est directement en rapport avec l’histoire d’un transfert, alors que dans l’établissement de soin, dans le cadre institutionnel il y a bien du transfert, mais il y a cent façons de l’entendre.


« Le problème : c’est son histoire, elle est en lui, elle n’est pas ailleurs, il n’y a pas à discuter, mais on sait bien que ces troubles schizophréniques font que lui ne peut pas la tolérer en lui, que tous ces objets sont à l’extérieur et que le travail qu’on a à faire avec lui c’est, par chance, d’obtenir qu’il puisse les intégrer à l’intérieur, j’allais dire les réintégrer, mais justement on n’en est même pas là.

Alors je crois que je ne prends jamais assez de précautions concernant cet historial. Parce que il ne s’agit pas d’une analogie d’une petite histoire et son histoire d’une histoire et de sa grande histoire, il ne s’agit pas du maniement d’un symbole d’histoire ou au contraire d’une image d’histoire, d’une caricature d’histoire, d’une miniature d’histoire, non, c’est pas, ça ne fonctionne pas comme ça, c’est plus délicat ! Mais il semble que ce serait, cette valeur de démonstration et de témoignage possible pour le patient, elle peut être soumise de part et d’autre, pour le patient et pour ceux qui le soignent, à une occasion de croire aussi, ce qui est une chose importante aussi, à une occasion de croire à une histoire. »

Hélène Chaigneau