Attention, cet article s’adresse aux psychologues, médecins, psychiatres. Nous n’avons pas à refuser cette loi, sinon pour le principe, mais à l’appliquer, en attendant son abrogation. L’appliquer c’est devenir psychopraticiens relationnels. Sinon il vous en cuira cher.
Philippe Grauer
Par Joseph Mornet
psychologue, secrétaire national de la Fédération Croix Marine
Il faut absolument refuser la loi sur le titre de psychothérapeute. Cette disposition législative est un des aspects organiques indissociable du reste : l’accepter, c’est faire entrer un cheval de Troie dans la nouvelle réglementation du soin psychique.
C’est la création d’une nouvelle corporation de « psychothérapeutes » au service du reste ‘loi HPST, soins sans consentement, accréditation car qu’est-ce qu’elle introduit ?
Des psychiatres « sauvés » du dispositif car reconnus « psychothérapeutes » de droit, ce qui fait froid dans le dos quand on voit l’absence totale de cette formation dans leur études. Plus fort: : on leur reconnait ce titre alors que dans le même temps, on est en train de leur enlever l’exercice concret, condamnés qu’ils deviennent à n’être que des experts destinés au tri et aux prescriptions des pathologies les plus lourdes.
Les psychologues cliniciens, les seuls réellement formés à l’université, sont condamnés à des formations et à des stages supplémentaires les plaçant au même titre que n’importe quel médecin. C’est un scandale, car non seulement cela est un affront aux universitaires en psychologie, mais c’est aussi une manière à inciter leurs programmes à faire l’impasse sur ces formations (psychopathologie et psychothérapies) puisque ceux qui voudront l’exercer devront se soumettre à des formations extra-universitaires spécifiques.
Les médecins, quelques soient leurs spécialités, pourront avoir accès au titre avec autant de facilité qu’un psychologue clinicien. C’est la reconnaissance de la prégnance d’un modèle médical organique pour aborder la psychopathologie.
Les psychologues non cliniciens seront soumis aux mêmes contraintes de formation que le béotien lambda qui veut devenir psychothérapeute alors que pendant ses trois premières années universitaires (licence) il est, de fait, initié à la psychopathologie et aux approches psychothérapiques.
Les psychanalystes se trouvent réduits aux mêmes exigences.
Enfin, alors que la loi se motivait d’être une barrière contre les dérives sectaires, elle est la porte ouverte au titre de « psychothérapeute » à n’importe qui car elle ne garantit rien et ne protège en rien. Cette loi était inutile : elle est devenue nocive.
Qu’ont fait l’ordre des médecins et les universitaires ? A quelle complicité, au moins passive, se sont-ils soumis ?
Quant on voit le contenu de ces formations donnant accès au titre, on comprend tout : les approches humanistes classiques (psychanalytiques ou autres, basées sur une idée de la personne et du lien thérapeutique) sont réduites au quart du programme. Les trois autres quarts sont consacrées aux approches cognitive, comportementalistes ou neurobiologiques. Celles-ci ne peuvent constituer autres chose que des techniques. N’étant fondées sur aucun substrat ontologique ou philosophique ; elles peuvent être au service de n’importe quelle idéologie (rappelons-nous l’utilisation de la psychiatrie dans l’ex-URSS).
Il s’agit bien de cela : former des « techniciens psychistes » au service des nouvelles politiques du soin basées sur l’objectivable, le quantifiable et l’évaluable d’un individu réduit à son « adaptabilité » sociale. Ils seront utilisables aussi bien dans le champ psychiatrique classique que dans ceux du monde de l’entreprise ou de l’Éducation Nationale.
Il n’y a qu’une position : refuser toute collaboration à la mise en place de cette loi.
Refuser d’y candidater.
Refuser d’y être jury.
Refuser d’accepter des stagiaires.