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16 janvier 2015

Jacques-Alain Miller, prophète du Jihad ?

Rotfus relève le gant et le retourne

par Philippe Grauer

marche en crabe

Chacun y va de son commentaire. Il y a de quoi. Il s’est trouvé un psychanalyste pour prescrire le sens de la marche des Charlie avant son déroulement. Façon favouille comme on dit à Marseille, en marchant en crabe. Houelbecque donne parfois cette impression de marcher de travers, de comprendre même de travers, c’est un genre, ça ne se discute pas, c’est écrit pour faire réfléchir, pour agacer, pour tout ce que vous voudrez, c’est écrit. Jacques-Alain Miller quant à lui retourne comme un gant le sens de l’événement en cours. Il soutient que les marcheurs allaient chercher un maître, chevaliers de la soumission volontaire. Il prend la plume à la faveur de l’excitation que lui procure l’émotion populaire comme on disait au XVIème siècle, pour nous administrer une leçon de philosophie paradoxale, teintée, qui sait ? d’un certain nihilisme. Paradoxale pourquoi pas ? contorsionniste dirait Rotfus, soutenant que la pratique du retournement indéfini donne le tournis davantage qu’à réfléchir. Eh bien réfléchissons un tour de plus. D’autant que l’analyse proposée péremptoirement de « l’absolutisme » islamo-fasciste mérite qu’on l’examine.

[Image : Sans titre]

dans le tocsin qui sonne on perçoit une cloche fêlée

Le propos de Jacques-Alain Miller est bien tourné. Contourné ? Attention, Rotfus dit que la cloche fêlée sonne faux. Chacun s’exprime comme il l’entend, nos Charlie sont tombés et la France s’est mise debout pour soutenir ce droit. Et chacun a également le droit, parfois le devoir de rester critique. Jacques Alain Miller retourne le gant jeté, Michel Rotfus entreprend de l’analyser comme troublant détournement.

dessine-moi un retournement au cube

Dessin à réaliser : une figure qui à force de se retourner n’a plus de côtés. Que se passe-t-il quand au bout du compte on ne sait plus où on est, et où on en est ? Non les Charlie ne sont pas des soumis volontaires. Retournement ou inquiétante pirouette ? à examiner yeux grands ouverts. Voici une leçon pratique de lecture philosophique. Nous au CIFP la philo on aime bien. Alors, voyez et réfléchissez par vous-même.


Dessin de Wolinski avec la permission d’Élisabeth Roudinesco.


Jacques-Alain Miller, prophète du Jihad ?

14 janvier 2015

par Michel Rotfus

[Image : Sans titre]


un Prophète…

Dans un texte[1]stupéfiant, Jacques Alain Miller vient délivrer sa parole sur le sens des massacres commis par les trois djihadistes fous de dieu, sur ce qu’était Charlie-hebdo, sur le sens de l’Islam et sur celui de la réponse digne et magnifique que la France entière, leur a opposé.

Ce texte est écrit comme une prophétie[2] car il a été rédigé et publié dimanche matin11 janvier, c’est à dire, avant même que la manifestation parisienne n’ait eu lieu, avant que l’on ait pu en mesurer l’ampleur et le sens ce qui s’y exprimerait. Muni de son inspiration, et de ses amulettes lacaniennes, J.A.M. prophétise.

Ce texte dit ce qu’est ce moment qui n’a pas encore eu lieu, il dit la vérité de ce moment historique indépendamment de ce qu’il est, de ce qu’il va être, et de ce que vont être ses suites, avant même qu’il ait eu lieu. La réalité n’aura plus qu’à s’y conformer.

Ceci porte un nom.

Ce texte est écrit, comme souvent chez cet auteur, sous la forme de proposition apodictique[3]. Il ne sera pas difficile d’en montrer l’inconsistance.

Ce texte commence comme un éloge de cette France qui se dresse devant l’horreur, « faisant à nouveau l’admiration du monde », qui n’est plus une « abstraction » mais l’humanité qui semble « prendre chair »

Mais soudain, en une sorte de court circuit, il se transforme en une description emphatique et élogieuse des trois djihadistes assassins, tout en formulant une oraison funèbre méprisante et dégoûtée de Charlie hebdo et en ignorant toutes les victimes pour lesquelles il n’a pas un mot. Mépris total.

apologie du Djihad et des assassins : quelle est la voix du narrateur ?

Que dit-il des trois djihadistes ? Ils ont « …donné leur vie pour le nom du Prophète ». Ce sont des « soldats de l’Absolu », des « cavaliers de l’Apocalypse » qui auront réussi à « …effrayer, paniquer, une bonne partie de la planète ».

Cette façon de présenter les massacreurs est troublante.

On hésite : il ne peut penser cela, il ne peut vouloir dire cela. Mais alors, qu’exprime-t-il ici ? Qui fait-il parler ? Est-ce du discours indirect libre, rapportant ce que les djihadistes pensent et disent d’eux mêmes ? Si c’était le cas, ces phrases comporteraient des indices, des embrayeurs, qui dissiperaient l’ambiguïté du propos. Par exemple : «Ils se sont eux-mêmes proclamés des soldats de l’Absolu », ou bien « Ils disent être des cavaliers de l’Apocalypse »…

JAM, pourtant fin lettré, ne saurait plus, soudain, comment exprimer la voix du narrateur ? Et ne divaguons pas, soldats de l’Absolu et cavaliers de l’Apocalypse, ce registre de discours n’est pas celui des tueurs illettrés.

Et qu’on ne me dise pas qu’il s’agit d’antiphrase ironique, très fine et subtile

Il ne reste plus au lecteur médusé, qu’une seule solution, sans équivoque : la plume de JAM s’est lâchée et s’est enflammée d’un lyrisme enthousiaste. Partira-t-il bientôt au Yemen pour y négocier le transfert d’un camp d’entrainement sur l’île de Ré où il aime tant aller ?

Soudain, et de façon tout autant énigmatique, nouveau retournement du texte : l’admiration hyperbolique, se change en son contraire quand JAM cite un tweet de Murdoch, cette « vieille canaille ». Non pas William Murdoch, le sympathique policier, héros éponyme de la série télévisée, mais Rupert, l’archi milliardaire, sixième fortune mondiale et magnat de la presse, – (qu’il interpelle cette « vieille canaille » ! Serait-ce une bonne vielle fréquentation ? ) :

« Big jihadist danger looming everywhere from Philippines to Africa to Europe to US. ». (« Grand danger djihadiste menaçant indistinctement partout des Philippines à l’Afrique à l’Europe aux Etats-Unis »).

Murdoch ne mâche pas ses mots, ou plutôt ses tweets. Il vomit l’islamisme, et inculpe l’islam de complaisance tant qu’il ne fait pas une critique radicale de ses extrémismes.

JAM se range sous sa bannière.

Après avoir glorifié les trois djihadistes, maintenant, avec Murdoch, il les vomit, eux, l’islamisme et l’islam tout entier.

Un coup il encense, un coup il dénonce, un coup….

Alors Prophète du djihad et de l’islam ? Ou dénonciateur inconditionnel à la Murdoch ? Pour signifier le contraire de ce qu’il vient de dire ?…

En somme : je dis ce que je dis, pour dire le contraire de ce que je dis que je n’ai jamais dit que j’ai dit.

Ceci aussi, ça a un nom.

Seulement ça ne s’arrête pas là ! En citant le tweet de Murdoch, il l’a tronqué, amputé, censuré. Il y manque la phrase finale :

« Political correctness makes for denial and hypocrisy ».

« Le politiquement correct tend vers le dénie et l’hypocrisie »….
Il est difficile de savoir ici à qui s’adresse ce propos de Murdoch… à la politique des états unis probablement… Peu importe…

Mais qu’un supposé-Maître-lacanien censure une telle phrase au moment où il dit le contraire du contraire de ce qu’il a dit, en faisant comme s’il ne l’avait pas dit, c’est à y perdre son latin.

« Charlie, le résidu, le déchet, d’une époque de l’esprit dès longtemps surmontée ».

Des douze victimes de Charlie Hebdo assassinées parce qu’elles avaient ou non un rapport étroit avec la rédaction responsable des caricatures du prophète ; de la policière assassinée à Montrouge parce que policière de l’Etat français qui combat l’Etat Islamique ; des quatre clients du magasin Casher assassinés parce que juifs, ils n’en dira pas un mot.

Silence du mépris.

Quant à Charlie, il n’est qu’ « Une feuille hebdomadaire qui, dès avant que sa rédaction ne soit exterminée, était déjà, faute de lecteurs, à l’agonie. »

Voilà l’hommage funèbre de JAM : « Charlie, le résidu, le déchet, d’une époque de l’esprit dès longtemps surmontée. »

De sa très lointaine époque marxiste-léniniste-maoïste, il a conservé un certain langage où l’on envoie ses ennemis dans les poubelles de l’histoire, en les traitant de déchet, de vipère lubrique et d’autres douceurs.

De quelle « époque de l’esprit » est Charlie ?

On ne va pas ici en retracer l’histoire, mouvementée, irrespectueuse, antiraciste, féministe à sa façon, et avant tout anti-cons.

Dès le commencement Charlie hérite de l’esprit libertaire et de gauche de Hara -Kiri, « journal bête et méchant ». Créé en 1960 par Choron, et Cavanna, qui vont être rejoint par Francis Blanche, Topor, Fred, Reiser Wolinski, Gébé et Cabu, Hara-Kiri va incarner tout ce que l’esprit du gaullisme corseté a vomi. Il va d’ailleurs être interdit de publication en 1961 puis en 1966 et en 69, à l’occasion de la mort du général de Gaulle quand il a titré « Bal tragique à Colombey : un mort ».

Charlie c’est cet esprit frondeur et rigolard, où le sexe, et l’antiracisme, puis l’anti-islamisme vont occuper une place centrale. Une des facettes de l’esprit de 1968.

Résidu et déchet d’une époque de l’esprit dès longtemps surmontée ?

Ce n’est pas là un constat.

Encore moins une analyse historique.

A peine une opinion.

Mais de qui ?

De quelle époque de l’esprit, ce texte est-il le déchet et le résidu ?

Son auteur, il n’y a pas si longtemps, chantait sur son blog[4] les louanges de Sarkozy et de Copé en faisant connaître très fort son rêve : être conseiller du Prince.

On ne s’étonnera pas qu’il vomisse Charlie, et l’esprit dont il porte l’héritage, celui libertaire des années soixante et soixante dix. Et au cœur 1968. À cette époque il regardait à l’Est, et en pinçait pour la GRCP (Grande révolution culturelle prolétarienne) avant d’en pincer pour Lacan et sa fille et de devenir, in fine, «un renégat », selon le qualificatif dont l’affubla Alain Badiou récemment encore, en déclarant : « Ce n’est pas une injure mais une description. »

Jacques-Alain Miller sera désormais pour l’éternité, celui qui a su faire cet éloge funèbre abject du comité de rédaction de Charlie.

Toute la Vérité sur l’Islam

On n’en finit pas des surprises que le texte de JAM réserve à son lecteur. Il se livre à une définition de l’Islam, aussi sommaire que radicale. Radicalisme de JAM.

Il ne fait aucune différence, aucun écart entre l’Absolu dont il dit que les djihadistes sont les soldats, et l’Absolu de l’Islam dont il dit qu’il le sépare du christianisme et du judaïsme.

« Aucune religion n’a magnifié la transcendance de l’Un, sa séparation, comme l’a fait le discours de Mahomet. Face à l’Absolu, ni le judaïsme, ni le christianisme, ne laissent seule la débilité humaine. Ils offrent au croyant la médiation, le secours, d’un peuple, d’une Église, tandis que l’Absolu islamique n’est pas mitigé, reste effréné.»

Nous ne discuterons pas cette proposition donnée comme vraie, pour savoir quelle religion abandonne le plus le croyant à sa déréliction et à la souffrance de sa solitude, même s’il est aisé de rappeler que le dieu absent des Jansénistes est plutôt rompu à ce jeu-là.

Nous nous en tiendrons à cette extraordinaire construction, aussi étrangère à la réalité historique que le Lacan dont il se veut le gardien intraitable. Extraordinaire en ce qu’elle réduit de façon simpliste, l’histoire complexe et plurielle de l’Islam à une réalité homogène et univoque. JAM bricole un Islam essentialisé qui, dans une totale confusion conceptuelle, voit sa multiplicité ramenée à l’Un, sous la bannière unique du délire sectaire fondamentaliste.

Muni de sa boite à outil lacano-freudienne, il interpréte le monde, et donne une magnifique démonstration de cette prédominance du crétinisme psychanalytique, en faisant du fondamentalisme salafiste l’archétype de la religion musulmane. Ainsi, il ignore cet Islam de Paix[5], pourtant affirmé et pratiqué dans bien des pays, à commencer par la France.

Ces propos sont odieux : ils nourrissent et entretiennent l’islamophobie qui fait de tout musulman, un « même » de ces assassins-fous.

l’« Illusion lyrique »

Ainsi commence ce texte :

« Qui l’eût cru ? Qui l’eût dit  ? La France debout comme un seul homme, ou une seule femme. La France devenue ou redevenue une. »

Qui l’eût cru ? Qui l’eût dit ? Paraphrase du duo d’amour meurtri entre Chimène et Rodrigue[6]. Rodrigue, poussé par sa douleur et son déchirement d’être le meurtrier du père de son amante, lui tend son épée encore souillée du sang de Don Gomez, pour qu’elle le tue.

Demande inaudible.

Duo d’amour :

Chimène : Rodrigue, qui l’eût cru ?

Don Rodrigue : Chimène, qui l’eût dit ?

Et de façon subliminale, on entend la suite, celle des espoirs brisés :

Chimène
: Que notre heur fût si proche, et sitôt se perdît ?

Don Rodrigue
: Et que si près du port, contre toute apparence
Un orage si prompt brisât notre espérance ?

Chimène
: Ah ! mortelles douleurs !

Don Rodrigue
: Ah ! regrets superflus !

Tout est dit. L’histoire est tragique : l’espérance ne peut être que brisée, et le bonheur perdu.

Cette France debout dans la rue, ce dimanche de janvier, résistante et rigolarde devant la terreur, d’un rire façon Charlie que l’immense majorité des gens découvre pour la première fois, cette France sortie de sa dépression, affirmant son amour de la liberté, délaissant ses antidépresseurs, entonnant à tous les coins de rue la Marseillaise, cette France faisant l’admiration du monde, est décryptée par JAM : sa vérité inconsciente est un désir de soumission à un pouvoir autoritaire, à un Léviathan sécuritaire et protecteur, pour lequel elle préférera jeter à la poubelle ses idéaux républicains et progressistes, ceux des Lumières.

L’illusion lyrique[7], c’est le destin que JAM prophétise, dimanche matin, à l’immense mouvement républicain qui se prépare et qui est en cours.

Il voit dans sa boule de cristal lacanienne une adhésion populaire prochaine à un régime autoritaire et réactionnaire, qui lui promet la sécurité en échange de sa servitude. Tel serait le vrai sens de l’hommage bon enfant rendu dans les rues à la police qui vient de payer le prix fort, rappelant que les forces de répression internes, gardiennes de l’ordre bourgeois, sont aussi celles qui gardent la paix et la sécurité publique.

Le grand spécialiste de l’Islam est aussi le grand interprète psychanalytique du peuple qui n’est qu’une foule, hantée par son désir de soumission.

Ce que désire vraiment le peuple ? Un Patriotic Act à la française !

Ses appels vibrants et répétés à la Liberté, ne sont qu’une vibrante demande déguisée et inconsciente de se soumettre au nouveau Léviathan.

Les cortèges qui, tout à l’heure, convergeront sur la place de la Nation, ne le savent pas, mais ils se préparent à célébrer le maître de demain (…)

l’ordre public, le maintien de l’ordre.(..)

Oui, nous voulons être surveillés, écoutés, fliqués, si la sécurité, la vie, sont à ce prix. Renaissance du Léviathan en acte, sous nos yeux. Grande ruée vers la servitude volontaire. Que dis-je, volontaire ? Désirée, revendiquée, exigée.

Et là, Mdr ! mort de rire ! Plus fort qu’un dessin de Charlie !

JAM déclame du Houellebecq, du Houellebecq j’ai bien dit, ce grand styliste que l’on sait, maitre des élégances, comme s’il s’agissait des robes que l’on porterait au dessus ou au dessous du genou, ou d’un bulletin de météo :

Houellebecq sur ce point n’a pas tort : la tendance aujourd’hui, contrairement aux apparences, n’est pas à la résistance, mais à la soumission, ou du moins aux accommodements.

Qu’a donc prophétisé le prophète ?

Les français sont admirables et admirés par le monde entier..

Les trois djihadistes sont admirables aussi : des soldats de l’Absolu.

L’islamisme est l’islam et inversement : une horreur.

Charlie est un déchet et un résidu de l’histoire.

Les français, sous couvert de gloriole, sont prêts à vendre leur âme et leur liberté pour s’aplatir devant un état sécuritaire comme ils l’ont fait déjà devant Napoléon-le Petit, après les magnifiques journées révolutionnaires de 1948.

Les délires prophétiques de la Pythie étaient assez obscurs pour nécessiter l’interprétation qu’en donnaient les prêtres. Qui interprètera les prophéties obscures de JAM ?

La psychanalyse est-elle soluble dans Charlie ?

JAM ferait mieux de remplacer sa lecture de Houellebecq, par celle de Charlie. Car ce qui le guette, après Houellebecq, c’est de lire Zemmour.

Ça lui ferait un grand courant d’air frais salvateur dans ses neurones.


[1] Publié d’abord dimanche matin dans Le point.fr, puis dans la Règle du Jeu et dans Lacan Quotidien

http://laregledujeu.org/2015/01/12/18699/lillusion-lyrique/

http://www.lacanquotidien.fr/blog/wp-content/uploads/2015/01/LQ-454.pdf

[2] J.A.M. a déjà « prophétisé ». Il l’a lui même révélé en février 2011 : «(…) Une ligne politique se dégage ; je l’expose au fur et à mesure qu’elle se révèle à moi, comme un prophète (…)”

http://blogs.mediapart.fr/blog/michelrotfus/040613/la-grand-messe-de-jacques-alain-miller-dans-lepisode-premier-miller-capitaine-win-win-part-la-conq

[3] Apodictique, du grec αποδεικτικος (qui démontre, qui prouve), ce qui présente un caractère d’universalité et de nécessité absolue. Une proposition apodictique est nécessairement vraie, où que l’on soit. Ex. : Le principe d’identité dans la logique formelle.. A la différence d’une proposition assertorique qui n’est vraie que factuellement. Ex. : Notre président se prénomme François, il aurait pu se prénommer Georges.

[4] Hébergé par La règle du Jeu. . La discussion avec A. Badiou a été rapporté par JAM lui-même sur son propre blog.

(5) Paru dans Le Monde.fr

Un éminent érudit musulman d’origine pakistanaise, Muhammad Tahir-ul-Qadi, a condamné, mardi 13 janvier, les terroristes, considérés comme des ennemis de l’islam, dans une fatwa (avis juridiquedonné par un spécialiste de la loi islamique) rendue publique à Londres.

Il souligne que les actes de terrorisme ne pouvaient avoir aucune justification au nom de l’islam, condamnant notamment les attentats d’Al-Qaida dans cette fatwa de quelque six cents pages présentée au cours d’une conférence de presse à Londres, en présence notamment de députés et de représentants d’associations caritatives.

Les kamikazes « ne peuvent pas prétendre que leur suicide sont des actes commis par des martyrs qui deviendront des héros de l’oumma [la communauté musulmane], non, ils deviendront des héros du feu de l’enfer », a déclaré le DrTahir-ul-Qadri. « Il n’y a aucune place pour le martyre, et leurs actes ne seront jamais, jamais, considérés comme le djihad [‘guerre sainte’] », a-t-il ajouté.

Cette fatwa « peut-être considérée comme l’argumentaire théologique le plus complet contre le terrorisme islamiste à ce jour », selon la fondation londonienne Quilliam, qui combat l’extrémisme musulman. Si d’autres responsables musulmans avaient par le passé déjà condamné le terrorisme, M. Qadri, qui s’est exprimé en anglais et en arabe, a souligné que cette fatwa écartait complètement tout type d’excuse pour justifier la violence. Il a souligné que l’islam était une religion de paix, appelant d’autres responsables religieux à rejoindre sa position.

Muhammad Tahir-ul-Qadri est à la tête du mouvement Minhaj-ul-Quran, une organisation de tradition soufie, qui combat l’extrémisme religieux dans des centres situés dans des dizaines de pays.

http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/03/02/un-erudit-musulman-publie-une-fatwa-contre-le-terrorisme_1313557_3214.html

[6] Le cid, acte III, scène 4.

[7] Au cœur de l’effervescence de l’Europe du printemps des peuples, après avoir mis un terme à la Restauration lors des Trois Glorieuses, le peuple français se soulève en février 1848 et abat la Monarchie de Juillet. La République est proclamée. Le gouvernement, fait de l’alliance de républicains libéraux et de démocrates socialistes, engage de nombreuses réformes, dans la liesse populaire : liberté de la presse, suffrage universel, droit au travail, suppression de l’esclavage et de la peine de mort pour délit politique sont annoncés dans un climat d’euphorie. Toute la France semble adhérer à la République. C’est « l’Illusion lyrique ». Illusion, car le climat se dégrade. Républicains et extrême gauche s’opposent tandis et les conservateurs reviennent aux avant-postes. Après la tentative de coup de force de Blanqui, l’insurrection des ateliers nationaux donne suite à une répression violente, qui fait des milliers de morts. En décembre, Louis-Napoléon Bonaparte obtient la présidence. L’Illusion lyrique est passée : le peuple a choisi le retour à un ordre bourgeois. En 1852, La IIème République laissera place au Second Empire.

[8] Wolinsky avait offert ce dessin à Elisabeth Roudinesco qui l’a publié sur son Face Book.