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1 avril 2010

La psychiatrie DSM à l’exportation Ethan Waters présenté par Philippe Grauer

Ethan Waters présenté par Philippe Grauer

« Les pathologies mentales s’uniformisent à un rythme vertigineux », rappelle l’auteur de cet article à ne pas manquer, dont prendre livraison du fichier pdf ci-joint.

[Document : Psychiatrie mondialisée, empoisonnement des cultures locales]

Exporter le « concept » d’une maladie encore inexistante afin de vendre le remède qui va avec

Aussi bien que les OGM les TPOM — troubles psychiatriques occidentalo modifiés, débarquent dans des cultures qui n’ont rien à voir avec la nord américaine et les multinationales pharmaceutiques proposent leurs antidépresseurs aux indigènes (il y en a encore quelques milliards, un peu partout dans le vaste monde émergent) dont ils intoxiquent la population et ambitionnent de médicaliser l’existence.

Mondialiser la dépression

Ainsi “la présentation clinique de la dépression et de l’anxiété dépend non seulement de l’environnement ethnoculturel des patients, mais aussi des structures du système de santé dans lequel ils s’insèrent et des catégories et concepts diagnostiques qu’ils rencontrent dans les médias et dans leurs échanges avec leur famille, leurs amis et les médecins”, écrira plus tard Kirmayer dans The Journal of Clinical Psychiatry. Avec la mondialisation, tous ces facteurs sont “en interaction et en transformation constantes de part et d’autre des frontières ethniques, culturelles, sociales et nationales”. Autrement dit, les croyances culturelles sur la dépression et la représentation de soi sont malléables et perméables aux messages qui s’exportent d’une culture à l’autre. »

Fabuleuse percée du stress post-traumatique

Après de fulgurants succès dans l’exportation de la dépression là où elle n’existait pas, et l’atteinte d’un chiffre d’affaire confortable de l’antidépresseur qui va avec (en fait c’est plutôt l’inverse, vous trouvez le médicament, ensuite vous nommez le trouble correspondant), le stress post traumatique fait une percée fulgurante. On imagine en Haïti ou au Chili le chiffre que nos chevaliers du Chiffre pourraient réaliser.

C’est que nous dit l’auteur de l’article « Les thérapeutes se précipitent trop souvent pour guérir les blessures psychiques des personnes traumatisées sans se demander si ce diagnostic est pertinent partout. “Le sens que l’on donne à un événement douloureux a de lourdes répercussions sur le psychisme humain, et ce sens n’est pas le même partout. Le sens importe tout autant que l’événement lui-même”, souligne Ken Miller, psychologue au Pomona College, en Californie, qui a étudié les réactions aux traumatismes de guerre en Afghanistan et ailleurs. »

Sens de la vie contre sens du commerce

C’est une réalité anthropologique que la plainte, le au secours, revêt de multiples formes selon les lieux les sociétés et les époques, s’ajuste aux systèmes de croyance les plus variés. On n’est pas en état de malaise psychique de la même façon sous toutes les latitudes, on ne perd pas pied, on ne prend pas soin de la même manière de soi partout. Les marketeurs DSMistes ont compris cela, ils s’intéressent aux formes locales d’appels à l’aide pour s’y ajuster, en épouser les contours et, selon la logique libérale d’un système centré sur la consommation, créer la demande de leurs molécules et idéologie. Qui dans cette logique de distribution de masse songerait à s’intéresser au sens que leur vie peut présenter aux êtres humains dont n’est considérée que la clientèle, quand un sens plastifié préemballé et prédigéré leur est livré dans la notice de la molécule qui va les guérir d’un mal que leur culture n’ayant jamais encore nommé ignoreraient à jamais sans de vigoureuses campagnes de diffusion ?

Prenez connaissance du document pdf à la clé de cette présentation, vous ne serez pas déçus. Inconvénient mineur, celui-ci comporte de la publicité que nous ne pouvons vous épargner, et un développement laissant entendre que le CIM de l’OMS ferait mieux si on le laissait faire que le DSM. On peut sérieusement en douter. Ces détails ne ruinent en rien le fond de ce texte.

Santémentalisme

Le Carré psy pâtit de l’état de la nouvelle psychiatrie naufragée dans la neurologie et de l’état dans lequel elle aimerait mettre sous le nom de santé mentale les populations. Ce santémentalisme n’aura qu’un temps. La psychothérapie relationnelle et la psychanalyse, fondées sur le processus de subjectivation et d’élaboration du sens de soi compris dans son environnement, ont pour mission naturelle de faire consister l’antidote à l’intoxication par le DSM et à l’exportation d’une industrie médicopharmaceutique tentaculaire.

Philippe Grauer