RechercherRecherche AgendaAgenda

Actualités

Revenir

15 mai 2006

LE 12 Mai au Ministère Ph Grauer

Ph Grauer

Nouvelle rencontre Fourcade Grauer Brunelle

Alertés par nos collègues ayant à nouveau rendu visite au Conseiller Brunelle à l’issue de la réunion de concertation du 7 avril que de nouvelles dispositions se préparaient, nous avons demandé audience à notre tour. Jean-Michel Fourcade pour l’Affop, moi-même pour le SNPPsy, avons rencontré à nouveau Monsieur Francis Brunelle. L’ambiance avait changé. Il allait falloir se résoudre nous fit on savoir à en passer par le modèle et les modalités universitaires, souveraines après tout en matière de « formation » cela tombe sous le sens.

On peut penser par ailleurs qu’à présent le temps presse pour le ministère. Nous ignorons si une troisième concertation aura lieu. Nous pourrions voir un beau jour la rédaction fixée, les arbitrages ministériels prononcés, en retrait par rapport aux doses d’obligation admissibles de la dernière fois. Les organisations de psychologues, incompétents pour former des psychothérapeutes au sens où nous l’entendons et qui n’en font pas mystère, se sont vus promettre la haute main sur le titre, à défaut de la chose, via l’obligation d’en passer par un cursus renforcé en psychopathologie, dénommé à contre-sens « formation » à « la psychothérapie ».

Laquelle « formation » réapparaît sous les traits du socle commun ayant armé avec le succès qu’on sait le projet initial sous la conduite fortement influencée par les thèses de l’Inserm de Bernard Basset. Chacun connaît la vanité de prétendre fonder la psychothérapie relationnelle sur les bases épistémologiques d’une psychologie dont le moindre défaut est de problématiquement se déclarer scientifique. Nous ne pouvons pas accepter qu’au nom du primat donné à l’université à l’enseigne d’un corporatisme d’État, nos formations originales et qualifiées à la psychothérapie relationnelle se voient bloquées et l’objet de tentatives de confiscation.

Si la formulation de la loi invite le rédacteur du décret à ignorer que nous délivrons à titre privé de véritables formations professionnelles et professionnalisantes, qui n’ont nul besoin pour transmettre la psychothérapie relationnelle d’autorisation scientiste universitaire, des formations du même type que les nôtres sont admises pour la psychanalyse. Nous continuerons en tout état de cause de protester du même traitement qu’elle, au nom de la justice et à la réalité.

Cela implique soit une interprétation ajustée à la particularité de la psychothérapie relationnelle, connue de tous, dans l’aménagement du décret, dont l’actuel Conseiller du ministre a semblé oublieux, soit simplement la suspension puis l’abrogation de la loi 52. Nous rappelons que nous n’étions disposés à admettre à titre provisoire l’équilibre incertain de la version 2 qu’à condition d’en rester là.

Au fait, adressez donc votre prochain courrier à Monsieur Basset, nous lâche en guise d’adieu notre interlocuteur. Tout cela prend l’air de tourner en rond, voire de virer de bord. Les psychothérapeutes relationnels du SNPPsy, et avec eux de nombreux autres, ne sont pas gens à rétrograder. Comme le disait le ministre lors de la deuxième concertation, on n’a jamais vu que revenir en arrière permît de mieux progresser.

Si d’aventure le ministère revenait sur sa parole, nous reprendrions notre liberté et soutiendrions nos membres, les organisations et les collègues qui de toutes parts se montrent attentifs à nos analyses et prises de positions, et inquiets de ce qui semble se tramer. Nous saurons entreprendre le nécessaire à la poursuite de la pratique relationnelle qui est la nôtre, sur la base de nos institutions et sécurités existantes.

Dans le cadre de la Coordination psy, et au-delà, nous consoliderons le vaste mouvement qui se développe parmi les professionnels du psychisme engagés dans le processus de subjectivation qui n’ont aucun intérêt à se laisser faire la loi par le scientisme et l’évaluativisme. Nous alerterons tous ceux qui œuvrent déjà à Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans , et plus généralement l’ensemble des citoyens de ce pays qui s’inquiètent d’une mise en place dans les questions de l’âme et de la dynamique psychique de la mentalité Orange mécanique. Notre combat pour la liberté d’une psychothérapie subjective, humaniste, philosophique et fille des Lumières tout comme la psychanalyse, pour que soit sauvegardé le principe d’insoumission fondateur de notre pratique, indispensable dans une démocratie, ne saurait que se poursuivre.

La subjectivité requiert qu’on fasse quelque chose pour elle. Comme la liberté, elle n’est jamais due ni donnée, se conquiert au quotidien, et se maintient par un engagement constant. Nous en faisons l’expérience clinique chaque jour dans nos cabinets. Que tous ceux qui nous font confiance nous appuient, rejoignent et renforcent. Rien n’est jamais acquis. Le courage d’exister et de résister participe du sens de la vie. C’est notre fonds même de commerce, pas celui de l’OMC, celui que Rousseau appelait le commerce des hommes, celui de l’humanisation des êtres humains, dont nous ne sommes pas prêts de démordre.

Voici quelques éléments retirés de notre rencontre avec Francis Brunelle, articulés autour des trois points suivants.


1) passage obligé par l’université

Universités ou organismes ayant passé conventions. Effort de conventionnement gage de sécurité, même si cela apparaît comme une exigence supplémentaire la vague de fond LMD s’imposera comme contrainte universitaire standard à l’avenir.
Démarche incontournable, nous n’échapperons pas au LMD, donc à l’agrément des « formations » [à la psychopathologie] via l’université.
Le conventionnement comme passage obligé, Francis Brunelle comprend que nous manifestions nos réticences mais il s’agit d’une réalité incontournable.

Commentaires : la méconnaissance systématique de notre réalité reprend.

2) niveau d’exigence
Deux grandes options de rédaction. La rédaction n’est pas encore stabilisée. L’université donnera son avis, puis dernier recours et arbitrage Premier ministre puis Conseil d’État.
Des arbitrages restent encore à délivrer, ils concerneront le niveau d’exigence de « cette formation » [à la psychopathologie]. On est passé du niveau master (V1) à 150 heures (V2). C’est cela qui sera arbitré, le niveau de « la formation ». Où s’arrêtera en définitive le curseur ?

Commentaires : nous ne disposons d’aucune garantie que la V2 sera appliquée. Elle se verra selon toute vraisemblance aggravée. Que sera une V3 finale ?

3) clause du grand-père
Ce niveau d’exigence une fois défini sera décliné sur la clause du grand-père. Niveau d’exigence pour le « stock existant » [vs. le « flux »] il conviendra de déterminer le temps qui sera laissé, ainsi que le mode opératoire proposé pour se mettre à niveau. Il serait logique de proposer l’équivalent de la formation universitaire requise en formation professionnelle continue. L’avis de Francis Brunelle serait que cela se fasse au cas par cas, pour tenir compte des trajectoires individuelles. Il nous fait part de sa conviction que les psychothérapeutes existants ont déjà accumulé en fait des preuves d’engagement dans des formations continues qui permettront le jeu du mécanisme de VAE.

J’ai réitéré que les psychologues français ne nous accueilleront jamais, vu l’intensité du corporatisme universitaire en psychologie.

Reprenant la question du mode opératoire, Jean-Michel Fourcade insiste que la durée ne doit pas dépasser la dose (V2), car exiger davantage reviendrait à tuer nos formations.
— pas de réponse.

Commentaire : à l’enseigne de la VAE administrée dans l’esprit qu’on sait par la corporation des psychologue barricadée dans l’université, notre destin est scellé d’avance.

Fragments de dialogue reconstitués.

Vous comprendrez aisément que l’État se doit d’assurer au citoyen la sécurité et la transparence de l’offre. Le citoyen dira au ministre, vous m’avez adressé à un psychothérapeute validé par votre dispositif, il m’a fait manger une méchante salade verte qui m’a rendu malade, je me retourne contre vous instance d’autorisation.

Commentaire : système de validation très ministère de la Santé, pas si éloigné de celui de Mattei.

Jean-Michel Fourcade revient sur la distinction entre savoir expérientiel et l’univers de référence prescriptivo-expérimental. Il représente qu’il s’agit de deux pratiques et métiers distincts, et qu’on ne saurait appliquer à l’un le cadre de l’autre. Si la loi accorde les deux professions à un cadre soit disant commun, ça ne pourra jamais fonctionner. Vous satisfaites tantôt l’un tantôt l’autre. Aussitôt que vous faites plaisir à l’un …

FB : mais un décret n’est pas fait pour faire plaisir …

PHG : c’est vrai c’est fait pour être juste.

FB : … mais pour fournir un cadre général, une règle du jeu.

JMF : oui mais on ne joue pas au football et au rugby selon les mêmes règles et l’idée d’une règle minimale commune …

FB : on doit pouvoir disposer d’un socle commun. Un socle commun de formation auquel on ajoute l’exercice qu’on veut, à condition que soient élucidés et réglés les problèmes de responsabilité individuelle & de déontologie, dans le cadre de la loi commune. J’insiste sur la nécessité d’une base commune.

Reste l’intérêt pour nos programmes (chiffrés en horaires) qui pourraient se voir pris en considération par un ministère de la Santé tenu nous rappelle Francis Brunelle d’argumenter ses propositions en termes de masses horaires programmatiques. En fait si nos programmes permettent d’affirmer qu’il s’agit d’équivalents LMD, le Conseiller marque son intérêt et ne manquera pas de faire remonter une telle information jusqu’au Ministre.

Commentaire

Nous persistons à demander un statut identique à celui des psychanalystes — qui ne sont pas astreints à montrer leurs programmes et organisations des études. Nous pouvons communiquer nos programmes généraux, publics de toute façon, afin que l’auteur du décret d’application puisse tenir compte de notre réalité.
Cependant, si on nous propose et oppose une troisième version désavantageuse, nous aviserons et nous retirerons s’il le faut de la prétention à un titre devenu peu enviable, pour maintenir et faire valoir de notre côté nos solutions éprouvées de longue date.

Sous une dénomination ou sous une autre, nous maintiendrons notre identité, nos écoles, et nos institutions titularisantes.