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8 mars 2008

Le décret — une réaction du côté de la psychanalyse : que sont-ils allé faire dans cette galère ? Stefan Chedri

Stefan Chedri

Évidemment ça recommence. Chacun y va de son commentaire et les pouvoirs publics vont avoir à nouveau le tournis. Une mauvaise loi ne saurait trouver une bonne musique pour charmer les oreilles des juristes et sonner juste au pays du bon sens comme chose la mieux partagée (faculté de bien juger et de distinguer le vrai du faux).

Les ondes ensorceleuses comme celles du serpent Kaa dans le {Livre de la jungle, le film, ne déstabiliseront pas grand monde. Voici qu’un psychanalyste s’aperçoit des méfaits des agissements de nos psychanalystes conservateurs du tour d’avant. Il n’est pas trop tard pour acquérir quelque lucidité.

Le titre générique de psychothérapeute confisqué au bénéfice des psychiatres et psychologues, avec cadeau aux psychanalystes qui n’en voulaient pas, et interdiction aux psychothérapeutes relationnels qui ont créé l’appellation, ne deviendra ni logique ni bénéfique ni juste du simple fait qu’une nouvelle équipe se verrait chargée de s’y casser les dents à son tour.

Philippe Grauer}


Réaction à chaud

Si je comprends le projet de décret (mais j’attends avec impatience les commentaires de F. R. Dupont Muzart), les psychanalystes « annuarisés » sont psychothérapeutes de droit mais ont à faire la preuve d’une formation en psychopathologie. Autant que les autres. Il s’agit des psychanalystes “ labellisés-annuarisés”, ce qui concerne une minorité par rapport à l’ensemble des psychanalystes praticiens.

Les associations de psychanalystes n’ont cessé de démontrer que la psychanalyse n’était pas une psychothérapie. Alors de quel droit le psychanalyste serait de droit psychothérapeute et serait dispensé de faire la preuve de son « état de psychothérapeute » devant la loi ?
D’ailleurs, il aurait été préférable de ne jamais apparaître dans l’article 52 puisque que les psychanalystes ne demandent aucun titre, aucune reconnaissance d’État pour la psychanalyse, enfin j’espère…

Les dérives possibles, mes craintes :

– Si un psychanalyste est psychothérapeute de droit, c’est donc qu’implicitement les écoles de psychanalystes forment des psychothérapeutes. De ce fait elles devront rendre à un moment ou un autre des comptes à l’État.

– Le fait que la psychanalyse est mentionnée dans le décret et l’article ne me semble pas la protéger à terme d’une réglementation d’État, nous glisserons du contrôle des psychothérapeutes au contrôle des psychanalystes. Car je ne vois pas pourquoi, l’annuarisation du psychanalyste étant légitime en droit, l’État ne demandera pas un contrôle des écoles, un regard sur l’habilitation des écoles à l’annuarisation du psychanalyste. Quelle école est habilitée pour faire une attestation ? Il faudra bien que l’État mette de l’ordre. En résumé que la psychanalyse soit inscrite dans l’article et le décret n’est pas bon signe, il me semble.

La réglementation du titre de psychothérapeute annonce peut-être le pire pour la psychanalyse laïque. Je me demande vraiment pourquoi les associations ont accepté cette mention absurde dans l’article 52 : « être de droit psychothérapeute » ? ! Jamais la psychanalyse n’aurait dû être inscrite dans l’article 52, c’est d’une grande naïveté politique. J’espère me tromper. Qu’on m’explique ce qui est bien dans tout ça pour la psychanalyse laïque et son indépendance par rapport à l’État.