Tout l’anime, c’est une passionnée. Elle bondit, s’emporte pour les débats de son temps qu’elle analyse toujours avec ses lunettes d’historienne. Elle ne redoute pas la dispute, au contraire !
Tout ce qui est de l’ordre de la parole la concerne. Sa personnalité affirmée entraîne l’adhésion ou le rejet, l’adjectif est à la mode, c’est une intellectuelle « clivante ».
L’historienne de la psychanalyse, dont les travaux sur Sigmund Freud ont fait le tour du monde, l’élève de Gilles Deleuze, l’enseignante, l’auteur du « Dictionnaire amoureux de la psychanalyse » prend souvent la plume pour exprimer ses opinions sur des sujets de société.
Femme de gauche, elle s’est engagée par exemple en faveur du mariage pour tous, elle s’autorise à critiquer ce qu’elle appelle les dérives identitaires dans un essai récent, « Soi-même comme un Roi », au Seuil
L’identitarisme décidément fonctionne comme une machine à faire perdre le sens. Élisabeth Roudinesco s’attaque à une importante racine du mal. Menant impitoyablement l’enquête elle nous conduit tambour battant (ça, elle aime) dans le labyrinthe où les grandes causes se transforment en culture hargneuse des fameuses petites différences, qui les compromettent et défigurent.
Pour les sauver du Minotaure notre nouvelle Ariane munie de son fil nous indique comment les atteindre, relater leur véritable histoire, dégager des rais rhétoriques où elles se trouvaient prises, et les remettre sur leur voie.
Avant la rencontre que le CIFPR organise le 7 novembre avec l’auteure d’un ouvrage à succès mérité, qui traitera en dialogue avec la salle des grands chapitres qui le constituent en ouvrage de référence. Et en base de dialogue sur le processus d’enfermement dans des narcissismes collectifs des grands mouvements émancipateurs du siècle précédent, poursuivis dans le nôtre, qui méritent un coup de nettoyage pour reprendre de leur vigueur.
Comme quoi le métier d’historien peut consister aussi à désencrasser de longs débats passionnés de leurs inquiétantes dérives, pour les livrer à nouveau, restaurés, à la réflexion de la raison commune.
Philippe Grauer
Michelle Perrot, historienne. Parmi ses ouvrages : Mon histoire des femmes (Le Seuil), Histoire de chambres (Le Seuil), Mélancolie ouvrière(Grasset), George Sand à Nohant : Une maison d’artiste (Le Seuil) ou Le Chemin des femmes (Bernard Laffont), et La place des femmes, une difficile conquête de l’espace public (Textuel)
Georges Vigarello, historien du sport, et du corps. Son dernier ouvrage Histoire de la Fatigue est paru au Seuil
Catherine Clément, philosophe, romancière et essayiste. Parmi ses ouvrages : Mémoire (Stock) L’appel de la transe _(_Stock), Indu Boy (Seuil) ou le dernier en date Le musée des sorcières (Albin Michel)
Michel Wieviorka, sociologue et directeur d’étude à l’EHESS. Auteur de Pour une démocratie de combat (Robert Laffont) Racisme, antisémitisme, antiracisme : apologie pour la recherche. Rapport à Madame Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (La Boite à Pandore). Le dernier Où va la France ? Métamorphose ou déchéance ?sortira le 12/10 (Editions Rue de Seine)
Fethi Benslama, psychanalyste et fondateur du Centre d’étude des radicalisations et de leurs traitements (CERT). Auteur notamment de : La psychanalyse à l’épreuve de l’Islam (Flammarion), Le saut épique (Actes Sud). Son dernier livre Comment réalisons-nous nos rêves ? (Bayard)
Rencontre avec Jean-Louis Comolli, réalisateur, scénariste et rédacteur en chef des Cahiers du cinéma de 1966 à 1971. Son dernier ouvrage : Une certaine tendance du cinéma documentaire (Verdier)
Vincent Josse Producteur
Henri-Marc Mutel Réalisateur
Amel Khaldi Attaché de production
Karen Déhais Attachée de Production
Thierry Dupin Programmateur musical
"Élisabeth Roudinesco : "La psychanalyse ne peut rien contre la connerie"" sur https://www.franceinter.fr/emissions/le-grand-atelier/le-grand-atelier-du-dimanche-03-octobre-2021 via @franceinter
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