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19 août 2008

Le MUPP à Madame Bachelot : soyez donc libérale ! Pr. Jean-Claude Maleval

Pr. Jean-Claude Maleval

Lettre du MUPP,
président Pr. Jean-Claude Maleval,
à Madame Bachelot, ministre de la Santé


L’Association des psychologues freudiens communique cette lettre du professeur Maleval à Madame la ministre de la Santé. Logique de contraintes, logique libérale ? Que serait-ce donc qu’un libéralisme autoritaire ?

Pour pouvoir appliquer l’article 52 de cette loi impossible, s’il faut que le législateur se mette les mains dans le cambouis de la définition de la psychopathologie, il y aura des taches partout, et la machine ne tournera pas rond pour autant.

La précellence donnée à la pensée TCC asphixierait l’ensemble du domaine psy, dont l’inventaire à la Prévert des troubles auxquels il ne manque pour l’instant que celui du raton laveur pour qu’il soit complet, réduit la portée et toute intelligence clinique à des vérifications de listings qu’on pourra confier au premier techno-psy venu.

Quand le remède est pire que le mal — primum non nocere — le praticien s’arrête un moment et s’interroge. La Rentrée approche, le combat pour une clinique digne de ce nom continue.

Philippe Grauer


23 juillet 2008

Mouvement universitaire pour la psychanalyse
9 Rue Duguay-Trouin 75006 Paris.

Paris, le 18 Juillet 2008

à Madame Roselyne Bachelot

Ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports

14, avenue Duquesne, 75007 Paris

Madame la Ministre,

Après avoir pris connaissance du projet d’arrêté relatif au cahier des charges de la formation conduisant au titre de psychothérapeute venant préciser l’article 52 de la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique, nous, universitaires soucieux de la persistance d’un exercice libéral de la psychanalyse, et attachés à l’enseignement des concepts psychanalytiques à l’Université, tenons à vous faire part de notre désaccord radical avec son contenu.

Ce cahier des charges invente une nouvelle conception de la psychopathologie clinique qui prend parti dans de complexes débats scientifiques en faveur d’un courant auquel la plupart des cliniciens émettent de sérieuses critiques. Ces derniers restent plus attachés aux approches psychodynamiques et humanistes qu’aux tentatives de résorber la dimension psychique dans l’organisme. Par sa référence à l’homme statistique normal contre le sujet freudien, par sa réduction des grandes pathologies de la psychiatrie classique aux « troubles mentaux » de la psychiatrie américaine, par la préférence donnée aux thérapies brèves contre les cures visant une mutation subjective, le cahier des charges rompt avec la recherche de consensus qui inspirait l’article 52.

Le législateur remplirait bien mal sa fonction en imposant en catimini, à la faveur de l’été, l’étude d’une « psychopathologie clinique » à des spécialistes qui dans leur majorité la récusent et qui le font largement savoir par divers canaux. En ce domaine, il serait illusoire de croire qu’il puisse être dispensé un enseignement « neutre ». Mieux vaudrait en tirer des conséquences libérales que de tenter d’imposer des contraintes étatiques.

Recevez, Madame la Ministre, l’expression de nos respectueuses salutations,

MALEVAL J-C.

Professeur des Universités.

Président du MUPP — Mouvement universitaire pour la psychnalyse