Nos amis du Nouvel Âne s’en prennent vivement aux plans de l’INPES de médicalisation de l’existence considérant la tristesse comme une maladie à guérir par voie médicale et moléculaire. Bien entendu la dépression-maladie existe, et elle se soigne médicamenteusement — mais jamais uniquement par cette voie, l’autre, celle du soin qu’on prend de soi-même, concerne la psychothérapie relationnelle et la psychanalyse.
L’INPES n’en a cure, mot à ne pas prononcer en ce haut lieu du positivisme ignorant la dynamique de la subjectivité et préconisant la consultation plutôt que la séance. À chacun ses préférences. Celles de l’Âne vont à la cure, psychanalytique naturellement. Lisez cette polémique, qu’elle vous soit revigorante.
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La France se lance bruyamment dans une campagne pour dépister la dépression – les Etats-Unis ont déjà leur journée nationale de dépistage, National Depression Screening Day – dans la foulée du nouveau D-Day européen : depuis quatre ans, le 9 octobre, cinq pays, dont la France, célèbrent la journée européenne de la dépression (European Depression Day). Les lacaniens de l’Ecole de la cause freudienne consacrent le dernier numéro de leur revue le Nouvel Ane au phénomène avec en couverture une photo d’un Nicolas Sarkozy au sourire crispé dont les commentateurs annoncent que «l’exercice du pouvoir devrait l’emporter sur la déprime» (après son divorce). Les lacaniens analysent donc les dessous de la campagne contre la dépression, les nouvelles utopies sociales autoritaires, l’utilisation de l’antidépresseur comme médicament générique de symptômes les plus divers. Selon eux, la brochure, «La dépression chez l’adulte : en savoir plus pour en sortir», éditée par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), entretient le mirage que «tout peut être médicalisé et guéri : la douleur d’exister, la souffrance morale, jusqu’au deuil…».
La revue publie des témoignages des deux côtés – du patient et de l’analyste – sur cette maladie, mais ajoute : «C’est une maladie de la vérité. Entre le deuil et la mélancolie, Sigmund Freud ne l’approche pas autrement lorsqu’il s’étonne qu’il faille tant de tourments pour accéder aux secrets de cette humeur funeste et lucide…»
Le Nouvel Ane, numéro 7, octobre 2007. wwww.forumpsy.org