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6 mars 2006

les filières professionnelles ont résisté Ph Grauer

Ph Grauer

LES FILIÈRES PROFESSIONNALISANTES ONT RÉSISTÉ en ce sens qu’elles se sont opposées à leurs liquidateurs, et qu’elles ont tenu bon. L’institutionnalisation de la psychothérapie relationnelle suit son cours. En fait, il s’agit pour elle de faire admettre qu’elle occupe le territoire depuis un bon tiers de siècle, s’appuyant sur un mouvement de recherche en sciences humaines ayant pris son essor dans les années 60
a) sous le nom de psychologie humaniste américaine ;
b) renforcé par la recherche en sciences sociales comportant les travaux de Kurt Lewin, Elton Mayo etc, qui donneront la dynamique de groupe et la psychosociologie ;
c) adossé dans notre pays aux avancées de la psychothérapie institutionnelle, conjoignant psychanalyse lacanienne et sociologie clinique de l’hôpital, jumelé aux deux courants de la pédagogie institutionnelle, le psychanalytique de Fernand Oury et le libertaro-rogerien de Michel Lobrot ;
d) s’appuyant sur l’innovation déterminante du psychocorporel qui a bouleversé la clinique et la théorie.

Ce mouvement, s’est appelé successivement psychologie humaniste, psychosociologie, mouvement du potentiel humain, nouvelles thérapies, enfin psychothérapie relationnelle. Ses institutions se sont différenciées, en deux syndicats et deux fédérations historiques, articulées différemment aux institutions européennes de psychothérapie. Le Snppsy y est devenu en France syndicat de référence d’une profession marquée du sceau du pluralisme, et les écoles qu’il a agréées ainsi que celles que dans son sillage a agréées l’Affop, sont devenues des lieux de formation reconnus pour leur capacité à bien transmettre la psychothérapie relationnelle.

L’heureux paradoxe est que personne ni aucune institution ne prétend le contraire ni ne déclare la vocation de remplir leur mission. La thèse de la DGS du minimum requis ne visait qu’à nommer psychothérapeutes des psychopathologues, on ne sait pourquoi formés selon une problématique filière ad hoc alors que la psychologie clinique remplissait déjà le même office. On peut, toujours à lire le Verbatim de la seconde réunion de concertation, en même temps qu’on note le souci quasi unanime des adversaires de la psychothérapie relationnelle de lui interdire tout contact avec l’université conçue comme instrument du détournement du titre de psychothérapeute, l’aveu redoublé de l’incapacité de tous ses détracteurs à se substituer à ses institutions propres pour la définir et s’engager à y former qui que ce soit.

Tant et si bien que les « psychothérapeutes »que le défunt projet Basset voulait jeter sur marché n’étaient que de pâles psychopathologues.

Il résulte de tout cela que, le plan Basset abandonné en rase campagne, en attendant que de nouvelles consultations fassent progresser on l’espère le ministère vers un peu plus de sagesse et de réalisme, la seule et unique façon de devenir psychothérapeute relationnel pour l’instant et pour toujours, demeure de passer par la certification d’une des quelques bonnes écoles que les institutions crédibles de cette profession ont mises en place. Il serait raisonnable que ce que nous nous sentons en droit d’exiger depuis le début, qu’on tienne compte de l’existant, aboutisse enfin. Cela pourrait prendre deux formes.
• Celle de l’homologation et reconnaissance des filières de reconnaissance de la profession dans notre pays : Écoles agréées par elle, plus validation par un comité de pairs représentatif et responsables — actuellement quelques institutions sont titularisantes —
• soit latitude laissée sans homologation d’État aux psychothérapeutes relationnels de porter ce titre sous la responsabilité de leurs institutions.

La question de l’exercice est une fausse question. Les pouvoirs publics et l’administration ont toujours à juste titre insisté qu’il ne s’agissait que de protéger un titre, pas l’exercice, qui reste libre. On peut penser qu’ils finiront par comprendre que protéger ne saurait signifier capter ou détourner, et que les psychothérapeutes relationnels doivent conserver le droit de travailler sous le nom de psychothérapeutes relationnels, sachant qu’elles fournissent les garanties responsables afférentes — d’exercer dans le champ de la psychothérapie relationnelle.

La question de la création d’une profession peut rester en suspens, pourvu que l’usage du titre par ceux qui de fait le portent déjà légitimement leur reste acquis (cela inclut ceux qui s’y préparent).

Dans ce domaine la filière de titularisation du Snppsy, avec ces Cinq critères, continue de représenter le seul circuit fiable de reconnaissance professionnelle fondé sur la mise en confraternité et l’exercice de la garantie solidaire et de la déontologie (qui elle aussi bien entendu existe et fonctionne déjà) par le moyen d’un groupe de pairs expérimentés intégrant leurs collègues dans un cadre collectif responsable.

Le reste, le fonctionnement de l’université et de sa psychologie clinique ne nous concerne que dans la mesure où nous pourrions souhaiter passer avec les UFR qui le souhaiteraient, et pas seulement dans le domaine de la psychologie, à notre demande, des accords contractuels, ce qui est, le ministère l’a souligné, toujours possible quand souhaité de part et d’autre.

Les écoles sont reconnues implicitement, l’université ne prétendant pas savoir former à la psychothérapie, encore moins à la relationnelle (quant à la multiréférentielle n’en parlons même pas). Il ne reste plus qu’à continuer de soutenir cette juste cause, tout simplement en continuant de bien travailler. Nous comptons bien nous y appliquer.