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14 décembre 2013

Maldiney – phénoménologie art et psychothérapie

[Image : Sans titre]


© copyright Photo Jacqueline Salmon, 2011. Droits de reproduction réservés.



« Le réel est toujours ce qu’on n’attendait pas et qui, sitôt paru, est depuis toujours déjà là, » écrit Henri Maldiney, mort ce 6 décembre à 101 ans, bravo pour la performance. Le voici toujours déjà là donc, ce philosophe dit heideggerien indépendant(1) allé chez Kierkegaard et auprès de la poésie allemande s’abreuver à la source des écrits d’Heidegger sur l’angoisse, un immense philosophe de la phénoménologie, écrivant transversalement sur l’art, la folie, la psychanalyse, le contact, la Gestaltung, de nombreux éléments de notre psychothérapie relationnelle.

Entendre Maldiney
Chronique d’Élisabeth Roudinesco
Article paru dans l’édition du 27.04.12 du Monde des livres

Henri Maldiney, philosophe phénoménologue, fut l’un des introducteurs de la pensée du psychiatre Ludwig Binswanger (1881-1966) en France. Son enseignement eut une influence importante dans la formation de toute une génération de psychiatres et de psychanalystes de la seconde moitié du XXe siècle. Ce volume rassemble des textes qui portent autant sur des concepts fondamentaux de l’approche phénoménologique (ceux d’Erwin Straus sur le « moment pathique », intérieur au « sentir ») que sur l’espace, le temps et la représentation, ainsi que sur la peinture (Uccello, Tintoret, Tal Coat). Maldiney met en scène une grande méditation sur l’existence et ses épreuves : la folie, la souffrance et la possibilité pour l’homme de s’insérer dans une ouverture au monde centrée sur la parole et le regard.

Phénoménologie, esthétique et psychanalyse constituent les trois registres transdisciplinaires de cet auteur au style sans pareil, un des introducteurs en France (ne pas oublier Michel Foucault, 1954) de la Daseinsanalyse de Ludwig Binswanger (2), explorateur de la « psychologie du destin » du Léopold Szondi dont la pensée et la psychopathologie particulière restent chères au cœur de notre Jacques Tosquellas.

passibilité

Avant que Claude Rabant nous livre sur cet auteur considérable qu’il connaît bien l’article qu’il mérite, prenez connaissance de ce commentaire de Jean-Christophe Goddard :

Dans Penser l’homme et la folie plus précisément dans le dernier article qui s’intitule « De la transpassibilité » (1991), Maldiney cite un court texte extrait du tout début de l’introduction de l’exposé de 1812 de la Wissenschaftslehre de Fichte. Cette citation intervient à un moment décisif de l’article : là où, précisément, il s’agit pour Maldiney d’introduire une distinction radicale entre l’esprit et la vie organique : « l’intellection se fait elle-même et ce n’est que par là qu’elle est juste. Ce qui ne se fait pas par soi, ce qu’un moi quelconque projette de sa pensée est faux. Qu’est-ce donc qui revient au moi ? Dans une totale passivité s’abandonner à cette image qui se fait elle-même par soi, l’évidence. C’est dans cet abandon qu’il se trouve. Nous devons ne faire activement absolument rien. » Cette passivité du moi « à l’égard de ce qui peut l’apprendre à lui-même », commente Maldiney, est « une première esquisse de la transpassibilité. »

Votre curiosité éveillée cherche à en savoir plus ?