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21 avril 2007

Manifeste de l’IFGT IFGT

IFGT

Depuis bientôt trente ans, l’ Institut français de Gestalt-thérapie contribue à la création de la profession de psychothérapeute en France et en Europe. En ayant pris et en continuant à prendre de nombreuses initiatives, l’IFGT a participé à l’élaboration d’une certaine conception du psychothérapeute, de sa formation, de son éthique, de sa théorie et de sa pratique, ainsi que de ses organisations professionnelles. Par exemple, l’IFGT s’est engagé dès l’origine dans la création du Syndicat national des praticiens de psychothérapie , de la Société française de Gestalt , de la Fédération française de psychothérapie , du Collège européen de Gestalt-thérapie , de l’AFFOP — Association fédérative française des organismes de psychothérapie , de l’ European Association for Gestalt Therapy , de l’ European Association of Psychotherapy ; mais parfois, les choix éthiques ultérieurs de certains de ces organismes nous ont amenés à choisir d’en partir.

L’État prétend aujourd’hui protéger les usagers en détruisant d’un revers de décret le travail de mise en place opéré par ceux et celles qui pratiquent depuis de nombreuses années. Les milliers d’heures passées à rédiger des rapports et documents pour leur expliquer la formation et l’exercice professionnel du psychothérapeute ont été inutiles : le titre de psychothérapeute est confisqué pour pouvoir être décerné à certains professionnels qui n’en demandaient pas tant (comme les ORL, les chirurgiens ou les psychologues du travail), sans conditions, sans exiger d’eux la moindre formation appropriée. Les seuls qui « autrefois » se disaient psychothérapeutes, après de longues années de travail sur soi, une formation théorique, méthodologique, pratique de 5 ans minimum, une supervision continue, un engagement déontologique, seront les seuls à ne plus y avoir droit et sont priés d’intégrer l’Université — qui pourtant reconnaît son incompétence en la matière — pour se faire formater selon l’éthique d’un savoir dit scientifique, savoir auquel les pouvoirs publics eux-mêmes ne croient pas puisqu’ils en dispensent les médecins, les psychologues et les psychanalystes.

L’Institut français de Gestalt-thérapie refuse. L’IFGT entre en résistance.

Nous refusons de piétiner la formation approfondie du psychothérapeute, nous refusons de remplacer notre éthique humaniste par une éthique de sciences fondées en laboratoire, nous refusons de remplacer notre formation à l’écoute et à la présence à l’autre par un savoir académique, quel qu’il soit, nous refusons que des praticiens de professions voisines s’emparent du titre et de la capacité d’exercice sans la moindre formation à cet égard. Nous refusons d’entrer en conventions et compromissions avec un État qui veut nous faire croire de cette façon qu’il cherche à protéger les usagers alors qu’il ne fait que favoriser l’autoproclamation, la pensée unique devenue pensée d’État et ainsi gratifier quelques lobbies dévoués à sa cause libérale.

L’État confisque le titre de “psychothérapeute”. Sous la contrainte, nous le lui abandonnerons et nous replirons momentanément sur celui de “Gestalt-thérapeute”. Le Gestalt-thérapeute est un professionnel de la psychothérapie et cette appellation n’est pas encore confisquée. Le public aura sans doute besoin de quelques mois pour découvrir par l’expérience que ceux qui auront désormais le titre de psychothérapeute n’en auront la plupart du temps que le titre ; il lui faudra quelque temps pour comprendre que le paysage a changé, qu’il lui faut désormais découvrir sous des noms parfois bizarres, des professionnels formés, compétents, crédibles.

Nous ne nous inscrirons ni n’encouragerons nos étudiants à s’inscrire sur les listes préfectorales, même si nous avons et s’ils ont les titres requis.

Le psychothérapeute ne peut être un officier de santé mentale. Il ne peut faire partie d’un corps d’état sous tutelle de la Santé publique ou de l’Éducation nationale. Il exerce une activité professionnelle dans la marge, là où se trouvent tous ceux qui souffrent précisément des normes et de la pensée unique.

Notre Institut, l’IFGT, va donc sans doute être amené à réduire sensiblement son activité puisque sa conception de l’acte psychothérapeutique n’aura pas l’heur de convenir à ceux qui nous gouvernent « démocratiquement ». Qu’importe ! Nous sommes convaincus que cette marginalité extrême à laquelle nous allons être contraints n’aura qu’un temps, le temps que se révèlent les véritables enjeux, économiques, institutionnels, politiques, policiers d’une législation aberrante.

Nous n’allons pas nous « adapter » à cette nouvelle situation, c’est-à-dire renoncer à ce qui nous caractérise depuis notre création en 1980, et remplacer une formation exigeante par un vernis de connaissances choisies et labellisées par des politiciens.

Nous continuerons à former des praticiens de la psychothérapie de haut niveau, des professionnels reconnaissables à leur éthique, à leurs qualités humaines, à leur pratique enracinée dans des connaissances théoriques et méthodologiques.

Nous continuerons à nous soucier de la souffrance de l’homme, à refuser de l’aborder comme une maladie ou une déviance, sans méconnaître ce qui relève du soin, sans cesser la collaboration avec les médecins, psychologues, psychanalystes et autres professions voisines. Nous continuerons à développer nos recherches théoriques et méthodologiques pour que notre accompagnement soit toujours plus sensible. À la psychologie et à la psychopathologie requises comme panacées, nous continuerons d’associer la philosophie, l’esthétique, la sociologie, les sciences de l’éducation et bien d’autres disciplines encore, parce que nous savons que la psychothérapie est au carrefour de ces approches et ne peut s’inféoder à aucune d’entre elles.

Les psychothérapeutes-formateurs de l’IFGT :

Jean-Marie ROBINE,
Brigitte LAPEYRONNIE-ROBINE
Christiane GARRIVET-MARTIN
Anne CHRETIEN
Jean-Pierre GARRIVET
Anne-Marie CHAPPUIS
Ximo TARREGA
Elvira DUEÑAS
Pierre-Yves GORIAUX
Anne SAUZEDE-LAGARDE
Dominique MICHEL
Françoise DERO
Eliane de ROSEN