Comme les enseignants les médecins généralistes sont psychiquement surexposés. Cette maladie du Chifre qui traverse tout, histoire de sacrifier à l’épidémiologie et la scientisticité, fournit parfois des aperçus intéressants sur l’état de « santé mentale » comme ils disent, du nécessaire bon équilibre psychique des professionnels de ladite. Nous, qui en psychothérapie relationnelle savons de quoi il retourne, raison pour laquelle nos praticiens ont souvent plus de dix années de psychothérapie ou psychanalyse personnelle à leur actif et poursuivent impérativement leur mise en supervision toute leur vie professionnelle durant, ne nous étonnons pas des difficultés psychologiques qui peuvent atteindre nos collègues médecins généralistes, omnipraticiens devant faire face sur tous les fronts avec de plus en plus de coups de transfert contre-transfert et une désolante zéro formation ad hoc, sauf la formation démarchage intensive des visiteurs médicaux et bientôt de temps à autre un stage aux îles Fortunées payé par les laboratoires Tournenron, sur relation d’aide, neurosciences et TCC, le tout assisté par molécules — DSM à la clé.
De plus, puisqu’ils s’auto médiquent eux-mêmes à coups de produits, c’est qu’ils y croient et surtout ne connaissent pas autre chose, ce qui est compréhensible mais parfois dommage, cela s’appelle laisser à désirer, professionnellement. Et quand on laisse à désirer sans fournir au désir de quoi cheminer c’est dommage, cela tourne au manque dont il n’est pas pris soin. Avec à la clé un risque pour les patients, et … pour les praticiens eux-mêmes. Comme ça il y en aura pour tout le monde des raisons de consommer un peu plus de psychotropes. C’est les laboratoires Tournenron qui vont se frotter les mains.
Philippe Grauer
Selon une enquête sur les pratiques et les conditions d’exercice en médecine générale, 8 praticiens sur 10 se déclarent en bonne santé (une proportion inférieure à celle des cadres et des professions intellectuelles), mais plus de 1 sur 10 sont en détresse psychologique. L’enquête qui, à l’automne 2008, a porté sur leur état de santé, leurs comportements à risque et leurs pratiques en matière de dépistage a réuni 1.900 généralistes venus de 5 régions (Basse-Normandie, Bretagne, Bourgogne, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Pays de la Loire).
Dans les symptômes les plus fréquemment mentionnés par les généralistes, la fatigue vient en tête, dans une proportion presque deux fois plus élevée que chez les cadres et les professions intellectuelles supérieures. Elle est suivie par le stress et les troubles du sommeil. En revanche, ces médecins déclarent moins de maladies chroniques (un sur trois est, tout de même, concerné). Mais plus d’un généraliste sur dix se dit en état de détresse psychologique, les femmes (19 %) plus que les hommes. La proportion est supérieure à celle de la population active avant 45 ans, et inférieure ensuite, comme si ceux qui avaient réussi à tenir jusque-là étaient les mieux adaptés aux contraintes de la profession.
Le recours aux psychotropes est, globalement, proche de celui de la population générale : au cours des 12 mois précédant l’enquête, 20 % ont pris des anxiolytiques ou des hypnotiques et 5 % des antidépresseurs (8 % des femmes). Dans 60 % des cas, le traitement antidépresseur a été autoprescrit, 84 % des praticiens interrogés étant leur propre médecin traitant, remarque le Quotidien du médecin. Des idées de suicide sont évoquées par 4 % des médecins de Basse-Normandie, contre 2 % parmi ceux des autres régions. Ce n’est pas la zone géographique qui est en cause, mais le mode d’exercice, les généralistes travaillant seuls étant plus susceptibles d’être tentés par le suicide. De plus, près d’un généraliste sur cinq déclare avoir subi des violences ou agressions dans le cadre de son exercice, dans l’année écoulée, les femmes plus souvent que les hommes (24 % contre 18 %).