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5 juin 2009

MIVILUDES : erreur de cible ou campagne diffamatoire ? Philippe Grauer

Philippe Grauer

Nouvel amendement Accoyer

Le Sénat débat de l’amendement Bachelot, en fait un nouvel amendement Accoyer, lequel exerce sa haute surveillance sur l’opération pour s’assurer que cette fois ça passera, strictement dans ses termes et conditions.

On méconnaît les institutions responsables on charlatanise une profession toute entière

Georges Fenech président de la Miviludes, Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, publie les résultats des travaux 2008 de la Mission. À l’occasion de quoi il lance un avertissement diffamatoire contre “les psychothérapeutes”, généreusement repris par les médias, quitte ensuite lors d’une obscure interview à nuancer son propos sur le thème ils ne sont pas tous mauvais, il y a aussi grâce à Dieu quelques bons juifs. Mais vous savez, faire le tri serait trop difficile, en se méfiant de tous on est sûr de ne jamais commettre d’erreur. Reprise du fameux “Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens”.

Paralogisme rampant

Ainsi le Rapport aborde la question de la « multiplication d’offres relatives au bien-être et à l’épanouissement personnel dépourvues de toute évaluation sérieuse, et dont certaines présentent un risque réel pour la santé« , à “l’encadrement des pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique”. Il poursuit sur la frontière sensible entre un “charlatanisme” simple, plus ou moins inoffensif quoique parfois dangereux, et la dérive sectaire, qui peut être supportée (l’auteur doit vouloir dire soutenue) ou favorisée par de telles pratiques.

Marchands de bonheur vs. praticiens de la souffrance, confusion générale

Un irrépressible glissement — faudrait-il parler de dérapage à ceux qui parlent de dérapeutes au lieu de faux thérapeutes ? — brouille la fameuse “frontière sensible”. Parti de méthodes de “bien-être” on glisse vers la pratique “à visée thérapeutique”, glissement furtif, équivoque, fallacieux, car on ne franchit pas impunément la frontière entre ces deux espaces épistémiques et scientifiques distincts, l’un s’occupe de développement personnel et de course au bonheur, l’autre de la souffrance, on confond au lieu de distinguer. Fâcheux méthodologiquement et éthiquement.

Au Temple solaire c’était des médecins

Le tout enfariné dans le “charlatanisme simple”, farine blanche, bientôt décliné en “dérive sectaire”, farine brune : les charlatans, faux thérapeutes (et non psychothérapeutes notons-le au passage), confineraient à la dérive sectaire. Possible pour certains, nous ne recevons au SNPPsy pratiquement aucune plainte de ce genre. Laquelle dérive peut aussi bien on le sait concerner des praticiens dûment diplômés. En matière de secte le diplôme ne fait rien à l’affaire et même souvent les bons sectateurs sont hyper diplômés, médecins par exemple, comme au Temple solaire proche de la circonscription du dr. Bernard Accoyer, ils se sont souciés d’une bonne couverture, eux.

Le chaînon douteux

Une chaine sémantique et logique douteuse se trouve ainsi constituée : développement personnel > “à visée thérapeutique” > “charlatans simples” (déjà dangereux) > dérive sectaire. Le premier chaînon menteur, dérapeur, abusif, étant le à visée thérapeutique.

Et voilà pourquoi votre fille est muette

Mais nous tenons le second chaînon douteux. Comme charlatan égale psychothérapeute relationnel (par extension ou contagion psychanalyste) en langage Accoyer standard, depuis le développement personnel, domaine parfaitement étranger à la psychothérapie, jusqu’à la dérive sectaire, en quatre pas vous avez disqualifié par paralogisme redoublé la psychothérapie relationnelle.

Prestidigitation : distinguer le vrai du faux devient malaisé

Il aura suffi de substituer les faux psychothérapeutes aux vrais. Il aura suffi d’ignorer que les vrais, les psychothérapeutes relationnels, de notoriété publique, ont établi la distinction depuis plus d’un quart de siècle et se sont comme le SNPPsy expressément policées pour se distinguer des pseudos. Et se sont dotés d’Écoles soigneusement critérisées aux vastes programmes où l’ouverture, la critique et l’exigence intellectuelle sont constatables par qui voudrait s’en enquérir.

Primum non nocere

Certains en effet comme en scientologie singent grossièrement la psychologie d’ailleurs davantage que la psychothérapie, encore moins la relationnelle. Qu’on les confronte à leurs turpitudes et ne nous mêle pas avec une entreprise parfaitement étrangère à nous. Au lieu malignement de nous confondre avec ceux contre qui nous luttons puisque nous faisons métier de libérer les sujets. Il n’est jamais recommandé d’user de malhonnêteté intellectuelle, disons de méthodologie incertaine, a fortiori lorsqu’on entreprend de lutter contre l’immoralisme et le désir d’emprise de sectes antidémocratiques et antihumanistes. Pour paraphraser l’adage, premièrement ne pas se nuire. Ne jamais se disqualifier soi-même dans le cadre d’une juste lutte contre toute entreprise d’asservissement de l’autre.

Pourquoi diable nous sataniser ?

On aurait souhaité en l’occurrence ne pas voir engager de combat collatéral partisan à l’occasion de la nécessaire vigilance contre les véritables sources d’aliénation. Alors, pourquoi diable (mot à ne pas prononcer ici) constate-t-on que cela s’est produit sous nos yeux sidérés ?