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8 mars 2006

Projet Basset : Où en sommes-nous ? Ph Grauer

Ph Grauer

La presse a fait état de la fronde des psys face à un Bernard Basset fixé sur un programme immuable qui a bien failli passer en force.

Un premier niveau de lecture du Verbatim 2 consterne, et permet de mesurer la touchante unanimité des psychologues scientistes et psychiatres traditionalistes complètement rejoints par les psychanalystes de la mouvance Groupe de contact — encore que parler de mouvement pour un tel groupe c’est déjà beaucoup s’avancer, pour hyper verrouiller tout soupçon de la moindre ombre de possibilité que se noue quelque contrat que ce soit entre l’université et les Écoles de formation à la psychothérapie relationnelle.

On aura noté au passage que l’utilisation du terme nu de psychothérapie permet de soutenir la thèse de la consubstantialité, on en revient à la vieille querelle de l’arianisme, de la psychothérapie sans déterminant et de la psychiatrie, déterminée elle, à l’accaparer.

Un second niveau permet de mesurer la surdité spectaculaire du Dr. Basset — le bon docteur Accoyer pourrait se voir sollicité pour y porter remède, vu sa spécialité, à la clameur quasi unanime anti 4-approches (le SNPPsy soutenait la même chose) qui montait littéralement de la salle, avec en harmonique des variations sur le thème pourquoi diable une nouvelle filière puisqu’en matière de psychologie clinique et de psychopathologie la psychologie telle quelle est fait déjà parfaitement l’affaire ?

M. Basset était limpide : je ne change rien aux points importants, c’est le ministre qui tranchera. À partir de quoi ses interlocuteurs ont fini par se demander sérieusement ce qu’ils faisaient là, et lui impavide tenait bon contre la pression à laquelle il ne céderait pas, se demandant visiblement ce qu’on pouvait bien lui vouloir, dans cette concertation si ouverte et avenante pour peu qu’elle ne soit pas concertante.

Notre position était très en retrait de ces escarmouches, où il était par moment comique de voir les protagonistes devant nous se prémunir contre la véritable peste — eh oui, réminiscence ! dont nous étions les porteurs tout aussi redoutés que les oiseaux du pire augure de ces temps difficiles. Nous avons marqué notre territoire ouvertement bafoué, rien de plus. Nous pouvions appuyer les uns ou les autres à différentes occasions, et l’avons fait.

Roland Gori est apparu comme l’un des leaders de cette séance, et il fut le seul à remarquer que tout ce débat se faisait tout de même à nos frais, dols et griefs, puisqu’il s’agissait de nous confisquer l’usage de notre nom générique. Un comble si on lit qu’ils veulent donner notre nom à des psychopathologues, en soulignant qu’ils sont incapables de les former à la psychothérapie. On croyait rêver ce mardi, le surréalisme n’était pas loin, Molière fut évoqué à propos, connaisseur des médecins qui tournent grotesquement le dos à la réalité.

Mais le cauchemar serait pour le Dr. Basset, en définitive, personne ne s’en doutait sur le moment. La chose se dévoila dès le lendemain avec l’article de Favereau, confirmant après coup celui de Prieur, si bien que voici notre anti-négociateur pris en tenaille médiatique.

Laissons-le à son sort et occupons-nous du nôtre. Nous nous sommes occupés de verbatimer l’événement. Livré à la lecture publique, il devient une arme parfaite, propre et percutante. La DGS, elle, apparaît clairement comme a-négociante, ce que nous avions vite perçu, nous retirant de ce circuit. Elle a pour stratégie d’user et balader ses interlocuteurs et semble capable d’en berner plus d’un si l’on considère nos Ginger et Dal-Palu (ils ont eu beau faire assidûment leur cour depuis des mois, ça ne leur a rien rapporté, comme le montre l’intervention de Ginger en fin de réunion). Nous verrons la suite, avec la circonspection qui s’impose.

Et l’élan aussi. Celui de retourner vers les élus, les prendre à témoin, leur faire lire le Verbatim, leur demander d’intervenir auprès du ministère. L’élan radical aussi, de soutenir qu’à mauvaise loi mauvais décret, et qu’il faut une autre loi, ou pas de loi du tout.

Et nous maintenons notre nom.

Chaque jour apporte son lot de bonnes nouvelles :
La pétition pas de zéro de conduite gonfle gonfle, et s’enfle dans les médias.

Nous savons par nos contacts que le plan Basset abandonné, le ministère (le Conseiller Brunelle) redémarre un round de consultations.

Enfin une pétition unitaire à l’initiative de Laurent Le Vaguerèse est mise en route . Elle dit :

Des discussions se sont déroulées ces jours derniers afin de mettre sur pied un appel unitaire visant à s’opposer à la politique du gouvernement. Le calendrier suivant a été proposé.

1-signature initiale du texte de l’appel ci-joint par les personnes au nom de leur association.

Il ne sera pas précisé dans l’appel l’objectif (décret et/ou article 52) ceci afin de rassembler le maximum de signatures.

2-Chaque association garde sa totale autonomie pour développer les actions qui leur sembleraient les plus appropriées pour s’opposer aux projets du gouvernement.Date limite des signatures de l’Appel (pour les premiers signataires) le 13 mars puis publication sur oedipe et diffusion par les associations signataires.

2-Il est proposé qu’entre le 13 mars et la fin mars de tenir un meeting public ou chaque association pourra exposer publiquement sa position.

L’appel, que nous avons signé, est le suivant :

L’avant-projet des décrets d’application — qui sera soumis au Conseil d’État après avis du CNSER (Conseil national supérieur de l’Enseignement et de la Recherche) et cosignés par le Ministre de la Santé et celui de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche — consacre l’avènement du pire.

C’est ce « scénario du pire » qui devrait réveiller l’ensemble des professionnels concernés et leur faire abandonner les rivages de l’invective et de la division.

Un front uni est encore possible pour tous ceux qui refusent cette recomposition du paysage de la santé mentale : psychanalystes, psychiatres, psychologues, psychothérapeutes et tous ceux qui se trouvent pris dans les attendus de cette politique : les travailleurs sociaux, les équipes soignantes, les étudiants en psychologie et jusqu’aux simples citoyens.

Si le projet de décret est adopté :

– Les Directions de l’Enseignement Supérieur et des universités, sous l’injonction du ministère de la santé, pourraient progressivement contraindre celles-ci à créer de nouveaux Masters formant de cette façon des praticiens concurrents de leurs propres étudiants psychologues. Progressivement, crédits et enseignants seraient attribués à ceux qui se soumettent à ces directives.

– Les « psychopathologues » issus de ces formations remplaceraient bientôt les psychologues considérés comme abusivement formés en dehors des critères définis par les décrets et défendant leur indépendance de pensée

– Les psychiatres, espèce en voie de rapide disparition, seraient cantonnés, dans le cadre du nouveau parcours de soin, au rôle d’expert consulté en cas de besoin à la demande du généraliste et de distributeur de psychothérapies formatées en terme de nombre de séances et distribués aux psychopathologues patentés par les mutuelles ;

– La psychanalyse, bête noire de ceux qui veulent des professionnels à leur botte, se verrait peu à peu mise à l’écart de tous les lieux ou elle se trouve actuellement : Université, lieux de soins tant en psychiatrie qu’en médecine, champ social etc .

Profitant de nos divisions, la bureaucratie des systèmes d’évaluation du soin, de la formation et de la recherche nous entraîne dans la destruction de ce qui a été patiemment construit au fil des années par nos différentes professions pour répondre à la souffrance psychique.

Là ou nous peaufinons patiemment des stratégies délicates et subtiles eux se contentent de renverser la table de jeu.

Tous ensemble refusons cette politique, refusons cet avenir !

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Nous attendons avec le plus vif intérêt la suite des événements.

Et la Coordination psy se réunit demain.

C’est tout pour aujourd’hui. Bonne continuation à tous, et continuons le combat.