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6 mai 2007

Qu’est-ce qu’un fait clinique ?

Le Collège de psychiatrie & Espace analytique en association avec
le Journal français de psychiatrie

QU’EST-CE QU’UN FAIT CLINIQUE ?

Colloque 12-13 mai 2007

Si historiquement, la systématisation d’un certain nombre de phénomènes irréductibles a permis, de façon progressive et tâtonnante, la constitution d’un savoir clinique, celui-ci n’a jamais été immuable : pour preuve, la découverte freudienne qui est venue enrichir dans son contenu comme dans sa lettre une taxinomie, longtemps ordonnée par des préoccupations de pacification sociale.

Jusqu’à une date récente, la clinique consistait à isoler et spécifier toutes manifestations liées à ce que nous pouvons nommer comme la traduction de diverses « malfaçons » de notre organisation subjective. Elle procédait alors d’une cohérence psychopathologique interne.

La question du fait clinique venait s’insérer et se référer naturellement à ce corpus qui en délimitait les contours. Or il semble qu’aujourd’hui cette question du fait clinique soit redevenue problématique.

Certes, le discours de la science voire l’arraisonnement du champ clinique par la technique a démantelé cet édifice en le réduisant à un catalogue normatif de troubles et de signes purement statistiques.

L’objectivation scientifique a également favorisé la prolifération des réglementations, conduites protocolaires, rêves prédictifs. Les derniers rapports de l’INSERM ne nous démentiront pas de voir l‚évolution actuelle vers une clinique prédictive cependant que la fonction thérapeutique s’infléchit vers une visée strictement rééducative et adaptative.

Quelles sont les conditions de ces changements ? Quels sont les ressorts de cette évolution ? En quoi la rétraction du politique à des fonctions sécuritaires et assurantielles y joue-t-elle un rôle ? Quel rapport reste-t-il aujourd’hui entre un arsenal chimique approximatif qui créé ses propres références et la réalité du fait clinique ?

Que l’hystérie ait disparu des grandes classifications internationales nous inciterait aussi à réfléchir sur un phénomène récent : qu‚est-ce qui, aujourd’hui, peut être qualifié de fait clinique et s‚inscrire dans le registre de la pathologie ? Le cadre du normal et du pathologique ne se brouille-t-il pas nous confrontant à répondre à des questions inédites qui nous invitent à redéfinir le champ de la clinique ? Peut-on évoquer l’apparition de nouvelles pathologies ?

C’est dans ce contexte que se pose à nouveau pour nous cette question du fait clinique et des conditions requises à sa transmissibilité.

Responsables des journées
Yannick CANN – Jean-Louis CHASSAING – Christian HOFFMANN – Thierry JEAN – Pierre LANDMANN – Didier LAURU

Inscriptions aux journées : 80 • – Étudiants : 40 •

Inscriptions sur place

Ou par courrier – Chèque à l’ordre du « Collège de Psychiatrie » et à adresser à Yannick CANN
5 rue Benjamin Delessert
29200 BREST

Le fait clinique

Jean GARRABE, Président du Collège de Psychiatrie.

« La théorie c’est bon, mais ça n’empêche pas d’exister » (Charcot cité par Freud).

Cette répartie de Charcot faite au lit (klinikos) même d’un malade montre que la clinique relève de l’art (technè) médical et non de la science. En datant la « naissance de la clinique » du temps où la médecine physiologiste de Broussais paraissait sur le point de triompher définitivement de « la médecine clinique » de Philippe Pinel, Michel Foucault a montré que cette clinique qui se voulait scientifique détachait la maladie du sujet malade.

La méthode anatomo clinique, en ne percevant la réalité du fait pathologique que dans le cadavre, n’est pas utilisable par la médecine de l’esprit qui appréhende la réalité de la maladie mentale par d‚autres moyens

La clinique repose sur l’observation, au plus près de l’être souffrant de faits recueillis par l’écoute de son discours et par l’examen de son corps physique et psychique, faits auquel le médecin va donner la valeur de signes.

Omne symptoma signum est, sed omne signum non est symptoma.

L’opération par laquelle un symptôme qui ne frappait que les sens consiste dans la recherche du rapport qui unit le symptôme signifiant avec le phénomène signifié a dit A.J. Landré Beauvais dans sa « Séméiotique ou Traité des signes de maladies ». G. Lantéri Laura s’interrogeait sur l’existence d’une séméiologie spécifiquement psychiatrique et sur la manière dont elle s’est constituée. La démarche clinique permet à partir de l’analyse des signes observés chez un malade de formuler des hypothèses diagnostiques, de prévoir un pronostic et de discuter de la thérapeutique indiquée chez un individu donné. Elle ne se fonde pas comme le fait l’interprétation des données biologiques et des autres examens para cliniques par comparaison sur des données statistiques normatives. La substitution à cette démarche, en particulier pour l’utilisation thérapeutique des psychotropes offerts sur le marché, de procédures ayant recours à des algorithmes informatisés et qui peuvent à la limite être utilisés en dehors des particularités de la relation établie avec le malade souvent préconisées par des autorités ne correspond pas à la réalité du fait clinique et aboutit à des prescriptions uniquement symptomatiques.
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Organisation des Journées

Samedi matin

9 h 30 Modérateur et introduction : Michel PATRIS

Ce qui se dit dépend de qui écoute

Thierry JEAN

Juger l’autre, juger un semblable

Denis SALAS, Magistrat.

Clinique, où es-tu ?

Patrick LANDMANN

Capitalisme et pulsion de mort

Bernard MARIS, Agrégé et Docteur en Économie

Samedi après-midi

14 h 30 Modérateur : Jacqueline LEGAUT

Éloge de la singularité

Didier LAURU

Sémiologie et psychanalyse

Sandrine CALMETTE-JEAN

Dits et non-dits de la réinvention psychiatrique

Philippe PIGNARRE, Éditeur des « empêcheurs de penser en rond ».

16 h 30 Pause

17 h 00 Modérateur : Yannick CANN

Le fait inaccompli : le savoir clinique à l’épreuve du sujet

Paul-Laurent ASSOUN

Clinique du fantasme ou clinique sans fantasme

Jean-Jacques TYSZLER

Dimanche matin

9 h 30 Modérateur : Jean GARRABE

La structure comme agencement scientifique de la clinique

Jean-Louis CHASSAING

De la psychose pellagreuse à la psychose unique : un modèle pour une analyse structurelle des troubles psychologiques. L’apport de Bartholomé Llopis (1905-1966)

Rafaël HUERTAS, Revues Frenia (E) et History of Psychiatry (GB)

Les conditions d’objectivité d’un fait subjectif

Gérard POMMIER

La clinique à l’épreuve de la démocratie sanitaire

Yves FROGER, Secrétaire général SNPP-AFPEP

Dimanche après midi

14 h 30 Modérateur : Marie PESENTI-IRRMANN

Le paradigme adolescent dans la clinique et la recherche

Christian HOFFMANN

Le philosophe, ses personnages, ses scènes

Hubert VINCENT, Philosophe.

Du côté de l’enfant : une clinique handicapée

Marika BERGÈS-BOUNES

16 h 30 Pause

17 h 00 Modérateur : Claude-Noëlle PICKMANN

Conclusions : Alain VANIER

Marcel CZERMAK