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12 décembre 2006

Tocomanie & anti tocomanie Michael Randolph, Philippe Grauer

Michael Randolph, Philippe Grauer

Cher Philippe, je crains que tu te sois précipité sur le site du CIFP pour démontrer ton allégeance à un de ces précieux ridicules que se font passer parfois dans la presse de ce cher pays comme experts en psychanalyse ou se lancent dans la tentative relationnelle de venir — après tout pourquoi pas ? en aide aux autres.

Ce genre de personne tentée de se moquer de ceux qui veulent « se rassurer que le gaz est fermé » ou l’autre catégorie épinglée (de toute évidence des souffrants du syndrome de Tourette) devrait être contraint de lire une fois par trimestre l’extraordinaire livre de William Styron (traduit en français) Face aux ténébres, qui démontre, si besoin était, que lorsque l’on est profondément noyé dans la souffrance d’une grave dépression ainsi, bien évidemment, que dans l’horreur des compulsions qui se saisissent de vous corps et âme, le « sens » de tout ça est aussi largement et cruellement éloigné pour vous que l’est l’expérience d’un astronaute sur la lune pour un polyhandicappé moteur.

Eh bien, l’on se trouve maintenant avec deux groupes de parfaits crétins qui se regardent en chien de faïence : les TCC qui essaient de nous faire un plan romantique autour des TOCs, censés bourdonner autour de nous alors que les cas graves, sans être rares, ne se trouvent tout de même pas à chaque coin de la rue. Ils auraient arraché le traitement, comme Pasteur, d’une profonde obscurité culturelle et méthodique, et sont fiers de nous annoncer qu’ils ont un taux (très mince quand même) réél de réussite. Ils laissent sousentendre ce que Eysenck a dit tout haut à Vienne en 1996, que les autres problèmes c’est de l’imaginaire.

Face à eux c’est la narquoiserie personnifiée. Un psychiatre/psychanalyste qui se moque même des souffrants du syndrome de Tourette parce qu’ils ne se le sentent pas de chercher « le sens » de la chose! À ce que je sache ça fait 170 ans que l’on sait que le syndrome de Tourette n’en a aucun. Que de telles personnes font bien sûr la queue pour se faire enlever une partie ou une autre du cerveau pour tenter d’arrêter leur souffrance, ne doit aucunement surprendre quiconque a jamais travaillé avec de tels cas. Certains s’arracheraient même la tête plutôt que de continuer à vivre dans cette souffrance. Tout compte fait, vaudrait mieux arracher la tête de celui qui a écrit l’article.

Cher Michael comme je te vois prompt à égaliser le jeu entre les protagonistes. Tu me brandis un détail (expression le penniste j’en conviens) pour troubler l’ensemble de la forme. En effet, il existe des cas et des personnes pour qui le recours hélas à la chirurgie du cerveau reste indiqué, qui le contestera ? mais le sens général de l’article de Weinrib (honorable membre de la SPP tout de même, ce qui prouve que toute la SPP n’est pas idéologisée Groupe de contact) demeure que les TCC ne sont pas opposables à la psychothérapie par le sens et que traiter quelqu’un en sujet, chaque fois que c’est possible (il me vient que cette prudence de ma part dans l’expression est terrible : on pourrait postuler que c’est toujours possible !!), et tu avoueras que c’est quand même le plus souvent le cas (il aurait fallu dire : toujours), reste une bonne option. L’aider à prendre en charge en se mettant à y comprendre quelque chose, ses symptômes plutôt que les lui verrouiller scientifiquement et neuro-chirurgicalement si nécessaire sur la position OFF, avec tous les dommages collatéraux que cela représente, constitue l’option humaniste qui est la tienne, la nôtre.

Si humaniste que tu n’aimes pas quoi que ce soit qui puisse sentir l’intolérance, ou la bêtise symétrisante. Je t’accompagne volontiers jusque là.

Si tu en tombes d’accord je publierai ta réaction, et ma réponse ensuite. Voilà qui est fait. Nous verrons bien si quelqu’un sur la Toile s’en mêle.

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Note technique : Syndrome de Tourette : le syndrome Gilles de la Tourette est un désordre neurologique chronique caractérisé par des mouvements moteurs répétitifs et involontaires et par des sons vocaux incontrôlables qui, dans certains cas peuvent même se traduire en fragments de mots ou de phrases répétés (coprolalie) ou en mots carrément orduriers (coprolalie). On l’appelle parfois la maladie des tics et trois fois plus d’hommes que de femmes en sont affectés. Parfois les tics sont tellement complexes que l’entourage a des difficultés à croire qu’il peut s’agir de mouvements et de vocalisations involontaires.

Ces malades qui peuvent sauter sans raison apparente, cracher, jurer ou afficher toutes sortes de mouvements ou de comportements bizarres ont longtemps passé pour des fous, des possédés, des handicapés mentaux, des mal élevés ou des dégénérés. Même s’il a été décrit pour la première fois au milieu du 19e siècle par un neuropsychiatre français dont il a pris le nom, le syndrome est longtemps demeuré un mystère, ignoré même des médecins et parfois des victimes elles-mêmes.

La question à la clé c’est que l’angoissé de base, si l’on peut dire, qui remonte chez lui vérifier que le gaz est bien fermé ne relève pas fatalement du tout de ce syndrôme tel que décrit ici. Ah ! psychopathologie, que de délires peux-on induire à partir de toi !