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20 mars 2012

Toulouse : ce qu’on peut dire aux enfants Élisabeth Roudinesco

Élisabeth Roudinesco

Élisabeth Roudinesco

Historienne de la psychanalyse

On ne peut pas éviter aux enfants le traumatisme que crée un tel drame. Et il ne faut pas: le traumatisme est normal.

Je considère que les meilleurs mots possibles, c’est de leur dire la vérité et surtout de répondre à leurs questions sans jargon: la folie meurtrière existe, elle a toujours existé, elle est humaine. Oui, elle est humaine car elle n’existe pas chez les animaux, qui ne tuent jamais par plaisir ou par décision.

Nous pouvons dire aux enfants qu’il ne faut pas avoir peur en permanence. En effet, ce profil de criminel pervers, donc calculateur et organisé, n’est pas fréquent, même s’il est abominable. La thématique de ce type de criminel est toujours la même: le désir d’épurer l’humanité de ses prétendues « impuretés ». C’est celle, bien sûr, du racisme et de l’antisémitisme, de l’homophobie, de la xénophobie, de la haine de l’autre et de toutes les théories qui infériorisent des êtres humains en prétendant que d’autres humains leur seraient supérieurs.
Mais le plus terrible, n’est-il pas quand des Etats deviennent pervers au point de prôner ce genre de crime? Cela existe et a existé. Mais pas chez nous aujourd’hui, pas dans les pays démocratiques où seuls des individus fous passent à l’acte et que la justice, c’est-à-dire l’Etat de droit, doit punir par des moyens qui ne sont pas ceux de la vengeance et de la loi du talion, puisque nous avons aboli la peine de mort.

Il faut dire aux enfants que dans ces conditions très douloureuses, il est normal de pleurer, d’exprimer sa souffrance et de ne pas la refouler. Les témoignages de compassion, comme leurs dessins d’enfant, sont très importants pour eux.